À deux mois de la signature, tous les syndicats étaient réunis, la semaine dernière, pour travailler avec l’Assurance maladie sur les grands enjeux de la convention médicale. Si une consultation à trois niveaux semble désormais se dessiner, le Dr Luc Duquesnel, président Les Généralistes-CSMF, estime qu’il est urgent de « déterminer la rémunération de chaque niveau et de savoir ce que l’on met dedans ». Il appelle tous les médecins libéraux à fermer leur cabinet le samedi matin, tant que la Cnam refuse de détailler cette nouvelle tarification.

 

Lors de la dernière multilatérale en novembre, tous les syndicats ont décidé de quitter la table pour imposer la question tarifaire. Comment et sur quoi avez-vous travaillé depuis ?

Nous avons eu plusieurs réunions bilatérales avec l’Assurance maladie. Nous avons travaillé sur ce que devraient être les points importants de la future convention. La semaine dernière, nous avons pu aborder la plupart des thèmes, ce qui fait et ne fait pas consensus entre les syndicats. Nous avons aussi déterminé un planning pour les mois de janvier et de février pour travailler sur plusieurs points essentiels : les assistants médicaux, le forfait médecin traitant, la Rosp, la tarification… Tout cela sans perdre de vue que l’enjeu est d’améliorer l’accès aux soins. Cela veut dire qu’il faut donner envie de s’installer à des médecins, retarder le départ à la retraite d’autres, essayer de prendre en charge plus de patients sans pour autant travailler plus. Il faut une convention qui réponde à tous ces objectifs.

 

À deux mois de la signature de la nouvelle convention, qu’est-ce qui fait ou ne fait toujours pas consensus ?

Certains syndicats sont opposés aux forfaits, qu’ils soient médecin traitant ou structure, ou même la Rosp. Il y a évidemment aussi le niveau de la consultation, car plusieurs syndicats veulent l’élever à 50 euros, mais Thomas Fatôme y est opposé, craignant que cela aggrave même l’accès aux soins en incitant certains médecins à moins travailler. Au-delà de cela, plusieurs sujets ont été évoqués et faisaient consensus, comme le seuil de 20 % en téléconsultation pour éviter d’arriver à des médecins qui ne feraient plus que ça. Pour les généralistes, toute l’attention est portée sur le médecin traitant afin de rendre le métier plus attractif et éviter que ces praticiens préfèrent aller soit comme médecins libéraux dans des centres de soins non programmés, soit comme médecins traitants salariés dans des centres de santé. Ce point est le fil rouge de l’Assurance maladie.

 

Avez-vous pu avancer sur la tarification ?

On n’a pas travaillé sur un montant précis mais sur une nouvelle manière d’organiser les consultations, sur la base de trois niveaux. La vraie question est la suivante : on met quoi dans ces trois niveaux, et pour quel montant ? Si 95 % des consultations se font dans le niveau 1, que 4 % se font dans le niveau 2 et 1 % dans le niveau 3, cela n’a aucun sens. Il faut absolument déterminer maintenant ce qu’on met comme type de consultation dans chaque niveau et à combien on les rémunère. Par exemple, on pourrait décider que, plusieurs fois par an, on a le droit à plusieurs consultations revalorisées des patients en ALD. Ces patients, on les voit en moyenne 7,2 fois par an. On peut se dire que si ces patients sont stabilisés, on peut les voir moins souvent, à l’occasion de consultations plus longues et gagner un peu de temps pour en voir d’autres. Prenons le cas d’un niveau 2 à 45 euros, on va demander à ce que l’on puisse avoir un droit de tirage et les voir 4 fois par an. Je ne suis pas sûr que cela dégagerait beaucoup de temps médical. En revanche, si on a trois consultations par an pour les personnes en ALD stabilisées de niveau 3 à 60 euros, je vois mal les médecins dire qu’ils veulent un autre rendez-vous de niveau 1 à 25 euros le mois suivant. Voilà donc pourquoi il est essentiel de déterminer le niveau de rémunération et, en fonction, savoir ce que l’on met dedans. Il faut que l’on incite au maximum les médecins, qui ont beaucoup de travail, à s’organiser différemment. Il faut aussi que ces revalorisations soient effectives dès maintenant.

 

Quand auront lieu ces discussions ?

Nous l’avons demandé dès la première séance et nous n’avons toujours rien. Cela n’a pas encore été statué, et ces discussions majeures détermineront la suite de notre mouvement de fermeture des cabinets, de grève de PDSA ou d’autres actions.

 

Une nouvelle grève pourrait-elle être envisagée ?

Tant que nous n’avons pas le montant des niveaux, nous appelons à la fermeture des cabinets de médecins libéraux le samedi matin. Ce n’est pas un mouvement de grève mais bel et bien une fermeture des cabinets le samedi matin, ce qui de plus va dans le sens de notre demande depuis quinze ans de mettre le samedi matin dans la PDSA.

 

Votre réunion de la semaine dernière s’est tenue dans un contexte tendu de grève des cabinets. Avez-vous le sentiment d’avoir été entendu par la Cnam ?

Au travers de tout ce qui s’est dit, je pense que la Caisse a compris le mal-être, la souffrance des médecins et tout particulièrement des médecins généralistes. Les efforts doivent donc être mis sur les médecins traitants et quelques spécialités cliniques comme les psychiatres, les pédiatres ou les endocrinologues.