Présentant sa stratégie “rénovée” de lutte contre la fraude, le 30 septembre, la Cnam a dévoilé des chiffres inédits concernant les abus des médecins généralistes : le préjudice représenterait entre 3.1 et 3.5% des dépenses. Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 permet aux caisses de récupérer les indus en extrapolant les fautes et fraudes à l’ensemble de l’activité, les lecteurs d’Egora.fr ont dénoncé des procédés fallacieux qui dégradent encore l’image de la profession.

 

Entre 185 et 285 millions d’euros par an. C’est le montant des dépenses de médecine générale remboursées par l’Assurance maladie qui correspondraient en réalité à des fraudes ou des fautes. Le préjudice financier représenterait ainsi entre 3.1% à 3.5% du total de l’activité des généralistes, d’après les estimations dévoilées le 30 septembre dernier par la Cnam. Alors que les deux tiers des fraudes concernent les professionnels de santé, l’Assurance maladie a présenté une stratégie “rénovée” de lutte contre ce phénomène, visant à mieux évaluer, détecter et sanctionner les abus. En parallèle, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 comporte un article permettant aux caisses de ne plus seulement réclamer l’indu correspondant aux irrégularités relevées lors du contrôle sur échantillons, mais de réclamer une somme forfaitaire basée sur une extrapolation à l’ensemble de l’activité. Une mesure vivement dénoncée par les SML et l’UFML.

Lecteurs, vous êtes également nombreux à avoir été heurtés par des chiffres jugés “arbitraires” et “fallacieux” qui laissent “croire au public que les coupables sont nombreux” et par cette méthode qui “condamne d’avance” des professionnels, bien souvent victimes de la complexité de la nomenclature.

 

“Un montant dérisoire par rapport aux sommes colossales détournées plus haut…”

Par Jbp

Je suis contre les fraudes et je ne les cautionne pas. Mais ces chiffres montrent une chose: le montant total des fraudes des professionnels de santé de terrain est dérisoire par rapport aux sommes colossales détournées plus haut dans la hiérarchie (prix des médicaments en oncologie délirants, contrats passés par des institutions avec des rétrocommissions, etc. Rien qu’avec le dossier du redemsivir, on a claqué presque un milliard d’euros avec un dossier scientifique frauduleux et de la corruption à tous les étages pour un résultat médical nul. Personne ne prescrit du redemsivir et tout est parti à la poubelle. Aucune sanction en vue. Ce n’est donc pas vers les professionnels de santé de terrain qu’il faut diriger les contrôles en priorité sauf à être vraiment de mauvaise foi.

 

“Avoir la paix… et 25 balles…”

Par Donbonetti

Hier un article nous montrait que les médecins généralistes payent un tribut judiciaire de plus en plus important pour leurs erreurs confinant parfois à l’obligation de résultats au lieu de l’obligation de moyens.

La conclusion qui recoupe un constat permanent pour tous les actes médicaux consiste à savoir se couvrir, notamment en déléguant à l’hôpital ( aux urgences ) au moindre doute ( textuellement préconisé dans cet article s’agissant d’un syndrome fébrile )

D’ores et déjà les producteurs d’actes rapides (les malins ?) en médecine générale se sont transformés en officier de santé orientateurs et adressent beaucoup trop souvent tout pour avis à la kyrielle de spécialistes éventuellement concernés par le symptôme.

Avoir la paix … et 25 balles …

Aux urgences débordées il est très fréquent de demander tous les examens complémentaires et les programmer avant que le patient ne monte sans diagnostic définitif et une liste d’hypothèse dans le service de médecine, lui aussi contraint de suivre la démarche ou de risquer la “faute” , et ce d’autant que les familles veillent.

En médecine de ville (à nouveau donc ) il est de plus en plus fréquent d’être l’exécutant du médecin précédent qui a conseillé au patient , (ou lui aurait dit que .. etc..) de faire tel ou tel examen, tel ou tel renouvellement d’ordonnance …

Etc…etc…

On connait tous ça , on vit avec et dans les “maisons closes ” tant promues et louangées ( l’avenir du métier. ..) ou les médecins se succèdent ‘ ( “on peut pas facilement voir le même ” ) , surtout s’ils sont ubérisés par une mairie exigeante ou une holding de soins , le regard du docteur est penché sur l’ordinateur ( qu’a écrtit le précédent ?) , tandis que l’oreille est tendue à écouter ” ce qu’on vous a dit la dernière fois ” , “qu’est-ce qui était prévu etc..” , ah! bon vous voulez tel médicament etc..etc..

Je pourrais continuer à décrire ainsi ce que j’avais nommé il y a des années déjà “l’infernale gabegie ” , le taylorisme marchand , la judiciarisation , le consumérisme . Et depuis , j’y tiens , je le répète …

Bien entendu les pratiques aliénées sont fliquées par la Sécu qui ne s’arrête qu’au résultat global ( les fameux délits statistiques en sont la conséquence ) mais ne sauraient investiguer le sens de la pratique médicale quand elle est à la fois libre et éthique .

Mieux encore , les véritables fraudes ainsi dénoncées ( car bien évidemment elles existent et sont alors scandaleuses ) servent évidemment à réifier la nécessité de fliquer les soins …mais surtout sans se préoccuper des racines épistémologiques , ergonomiques , sociologiques de dérives simplement analysées en terme de coût et d’opprobre , lesquels sont les deux mamelles du totalitarisme obtus se substituant à la pratique d’Hippocrate .

Pas convaincu , j’en profiterai trop facilement pour me répéter et pour alimenter le chapitre récurrent du docteur méprisé par la société décadente ?…

Alors pour terminer : juste un appel téléphonique ce matin :…

Un copain , temps partiel hospitalier , me raconte qu’il a voulu structurer une consultation de vascularites dans un gros CH, chef lieu départemental et tête du GHT , au détriment même ( marginal mais réel ) de sa pratique libérale . Il l’expose en CME à une bande de zombifiés collabos , réunioneux du rien qui ne comprennent pas tous les termes ( sic ) . La direction tranche : de toute façon ces consultations durent longtemps et ne rapportent pas assez .

OK , les capillaroscopies feront 50 kilomètres , avec les frais adjacents ( VSL , arrêts de travail etc..)… ou bien l’on aura des complications par absence de traitement pertinent mais c’est pas grave ..

Autre exemple : Ok… Le dernier dermatologue de la Nièvre va partir en retraite : pas grave . Y’aura qu’à aller à Orléans , ou Tours ou Dijon ( capitale de région mais faut traverser le Morvan) . A bobo le bouton qui gratte ou le cancer de l’oreille ou le mélanome qui galope ..

A moins bien sûr qu’il y ait des fraudes en dermatologie , spécialité prisée dans les hit-parades estudiantins …sait-on jamais … ???? …. Esthétique , soins et Cahuzaquerie … ?

Etc..etc… écrivez donc la suite des fois que les bureaux sachent lire autre chose que leurs statistiques

Ciao , ciao et ne soyez pas malades , ça coûte et , en plus , ça fraude à l’insu de votre plein gré …

 

“C’est un coup de com”

Par Jacques_B_8

C’est un coup de com, et vous l’avez très bien compris.

Cela fait plusieurs décennies, que la Sécu lance une campagne de dénigrement contre les médecins, chaque fois qu’elle veut faire passer une mesure contre laquelle toute la profession va se braquer/révolter ou chaque fois qu’elle prévoit de refuser toute augmentation d’honoraires…

Bien sûr, cela se fait toujours de façon très perverse, en choisissant minutieusement les mots pour faire croire au public que l’on ne donne pas de détails, mais que les “coupables” sont nombreux.

Et après, on vient nous demander de ne pas prendre notre retraite ou de travailler encore plus…Eh bien, c’est non !!! Plus que 90 jours et c’est la retraite !!!!

 

“Tribunal révolutionnaire”

Par Marc_J_2

Pour confirmer vos soupçons, les chiffres de fraudes, qu’ils concernent un individu ou l’ensemble d’une profession médicale ou para médicale, sont complètement arbitraires pour ne pas dire complètement fallacieux.

En effet, les CPAM et la CNAM agissent par “sondages” et utilisent des coefficients “multiplicateurs” variables, totalement subjectifs, et elles ont le culot de présenter ce résultat “bidonné” aux journalistes et même à la justice, quand elle ne se font pas justice elles-mêmes !

N’ayant aucun moyen d’accéder aux chiffres, l’individu ou la profession sont condamnés d’avance par ce qui ressemble fort à un tribunal révolutionnaire !

A quand la fin de cet état dans l’état qui exige de ceux qu”il oppresse la rigueur qu’il est à des années-lumières d’avoir?

 

“Cela ne justifie pas les abus”

Par MZ678

On n’est jamais surpris par les commentaires sur Egora. Le corporatisme chevillé au corps ! Encore heureux que l’analyse n’ait pas porté sur les arrêts de travail de complaisance, on aurait eu droit à la pression du patient-client sur le pauvre MG (bizarre puisque ces mêmes MG refusent de prendre de nouveaux patients-clients sur la majorité du territoire…).

Et oui, la majorité des MG ne fraude pas (évident mais c’est quand même confirmé par l’étude), oui il y a des gaspillages d’un montant supérieur aux fraudes estimées. Et non, la Sécu ne récupère pas le montant de la majorité des fraudes (il faut lire l’article, n’est-ce-pas ?) . Mais cela ne justifie pas les abus. Le balai et sa propre porte…

 

“Nous passons nos journées à réaliser des actes gratuits”

Par Romain_L_6

Il est assez insupportable de lire ce genre d’article, lorsque qu’on met en balance certains faits :

  • Nous sommes totalement sous-payés.
  • Nous passons nos journées à réaliser des actes gratuits : conseils téléphoniques, interprétations de résultats, demandes d’avis divers…
  • Le système de cotations est d’une telle complexité qu’il est littéralement impossible de coter fidèlement notre travail : d’une certaine manière c’est nous qui nous faisons voler chaque jour par l’Assurance Maladie.
  • Nous sommes harcelés par l’Assurance Maladie de demandes de justificatifs divers en permanence, papiers que nous devons auto-signer pour auto-attester ce que nous avons déjà validé numériquement : ce n’est qu’une manière de nous décourager à facturer.

Mais allez-y, continuez à nous traiter comme des moins que rien et vous obtiendrez ce que vous cherchez : après l’effondrement de l’hôpital, l’effondrement de la médecine de ville.

 

“N’est-il pas incroyable que la Sécu en soit réduite à extrapoler à partir d’un simple échantillon ?”

Par Bozboz

Ne dit-on pas que la fraude est un des cancers de notre société ?

Se donner les moyens de prévenir, de lutter contre la fraude, n’est-ce pas d’abord se donner réellement les moyens humains de le faire ? N’est-il pas incroyable, qu’avec l’informatique, qu’avec l’appui de l’intelligence artificielle, en 2022, la Sécu en soit réduit, pour traiter cette fraude, faute d’avoir les moyens humains de faire un réel bilan d’extension du préjudice, d’extrapoler à partir d’un simple échantillon ?

En cancérologie humaine,
Qui peut à partir d’une simple biopsie évaluer la taille, le bilan d’extension d’une tumeur ? Personne ! Il nous faut des preuves ! Ces preuves s’accumulent avec l’examen clinique, les nombreux examens complémentaires, en équipe, avec la coopération, la compétence, la coordination de multiples spécialités ! Même si l’anatomopathologie prouve le cancer, a fait d’énormes progrès pour le diagnostic, pour évaluer son agressivité, pour la recherche de récepteurs, bref pour l’aide au traitement, personne n’extrapole et ne propose une stratégie basée uniquement sur les résultats d’une simple biopsie !

Mais nos politiques ne sont pas des médecins, eux peuvent, envisagent sérieusement de pouvoir, à partir d’une simple biopsie comptable, d’un bon algorithme, sans réelles investigations, d’extrapoler, de juger, de condamner !

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Aveline Marques

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