Pour compléter les dispositifs existants pour simplifier le transfert de la campagne de rappel des centres de vaccination vers la ville, le ministère de la Santé expérimente plusieurs solutions. Passage en revue.

 

L’une des ambitions actuelles du ministère de la Santé en matière de campagne vaccinale contre le Covid-19 est indéniablement une “bascule vers la ville”, d’“encourager au maximum la vaccination en ville pour effectuer les rappels maintenant qu’elle a tous les outils pour le faire, et notamment la capacité de commander des doses de tous les vaccins sans limite quantitative de volume chaque semaine”, a-t-il rappelé ce mercredi 3 novembre, à l’occasion d’un point presse.

Pour le ministère, cette “bascule” est “cohérente avec l’évolution de la campagne”. Non seulement parce qu’“on a des volumes moins importants que lorsque la campagne de primo-vaccination battait son plein au printemps ou à l’été”, et que les autorités sanitaires ne se sont pas, à ce jour, prononcées en faveur d’un rappel en population générale. Mais aussi parce qu’“on sait que la vaccination en proximité chez son professionnel de santé est un gage de confiance et d’adhésion vaccinale de la population”.

 

Un “rééquilibrage” de la vaccination aux dépens des centres

Pour faciliter ce transfert vers la ville, le ministère de la Santé mise sur plusieurs stratégies. La première consiste, à partir du 8 novembre, à diminuer la rémunération forfaitaire proposée aux professionnels de santé libéraux intervenant dans les centres de vaccination, comme annoncé par un DGS-Urgent daté du 29 octobre. Une disposition critiquée, notamment par le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, qui y voit une “erreur”. “L’image renvoyée à ces professionnels qui ont quitté leur cabinet, qui ont dégagé du temps pour remplir une mission supplémentaire est déplorable. Pour faire le même travail, ils seront moins rémunérés… Si c’est ça le remerciement, le risque est qu’ils arrêtent, que des centres ferment et que des territoires aient des difficultés d’accès à la vaccination”, a-t-il commenté.

 

 

Lors du point de presse, ce mercredi, l’avenue de Ségur s’est justifiée sur cette mesure, rappelant son but de “rééquilibrage”. “Ces rémunérations étaient assez élevées, elles pouvaient inciter assez fortement les professionnels à vacciner en centres plutôt qu’en ville. Et donc on a ajusté ces rémunérations pour aboutir à un modèle qui soit un peu plus neutre et qui n’encourage pas, ni ne décourage, la vaccination en centre par rapport à la vaccination en ville.”

Prenant l’exemple du médecin généraliste, le ministère explique que la rémunération à l’heure passerait de 100 euros actuellement en centre à 80 euros : “On s’aligne sur le niveau pratiqué en droit commun pour les réquisitions de professionnels de santé”, argumente-t-il. Ajoutant : “80 euros, ça correspond, d’après nos calculs, au niveau de rémunération moyen que le professionnel de santé pourrait avoir s’il passait cette heure-là dans son cabinet à faire des consultations ou à vacciner.”

L’avenue de Ségur insiste néanmoins sur un point : “Nous n’avons pas baissé et nous ne baisserons pas les rémunérations proposées aux professionnels retraités ou étudiants, parce que sur ces catégories-là, on n’observe pas d’effet d’éviction par rapport à la ville.”

 

Trouver les bons modèles organisationnels

Autre stratégie avancée par le ministère de la Santé pour faciliter la bascule : “trouver les bons modèles organisationnels”. Car malgré “les facilités” déjà mises en place, avance le ministère, reste un gros problème logistique : le conditionnement en multidoses. Or à ce jour, “on n’a pas de perspectives vers du monodose”, déplore l’avenue de Ségur. “Ça reste compliqué pour un professionnel de santé de terrain, surtout lorsqu’il exerce dans un cabinet isolé, d’organiser des séances de vaccination à 6-10 personnes”, admet-il. D’où “l’objectif d’accompagner les professionnels de santé pour trouver les solutions organisationnelles sur le terrain.”

 

 

“Notre conviction est que ces solutions sont différentes selon les territoires. On a néanmoins quelques modèles qui se dessinent, qui s’expérimentent aujourd’hui sur les territoires”, fait-il savoir. Un premier modèle : “On a dans certains territoires des centres de vaccination qui commencent à se positionner non plus sur la vaccination stricto sensu des publics, mais bien sur l’appui à la vaccination des professionnels de santé de leur territoire.” Le ministère cite ainsi plusieurs possibilités : l’agent administratif qui s’occupe de la prise de rendez-vous pour les professionnels de santé du territoire, pour une vaccination en cabinet ou officine ; la préparation et mise à disposition voire livraison aux professionnels de santé de seringues monodoses lorsqu’aucun pharmacien ne le fait sur le territoire, pour permettre de vacciner au fil de l’eau, etc.

Un autre modèle présenté par le ministère de la Santé : l’appui sur les centres et les maisons de santé, mais aussi sur les cabinets de groupe, “qui sont souvent pluriprofessionnels et qui ont des fonctions support un peu plus étoffées. Généralement il y a un secrétariat, une fonction de coordination…” Pour l’avenue de Ségur, ces structures sont “un peu mieux à même d’organiser des séances de vaccination collectives qui regroupent 10, 20, à 30 patients par journée, et donc de faire, entre guillemets, un petit peu de masse dans la campagne de vaccination”.

Afin de soutenir ces structures, “il est prévu de leur permettre d’être désignées relais ambulatoires de vaccination, ce qui leur permettra de bénéficier d’un certain nombre d’avantages autrefois réservés aux centres de vaccination, explique le ministère. Et notamment la possibilité d’avoir des professionnels du territoire – y compris des retraités ou des étudiants – qui interviennent en appui de leurs séances de vaccination de manière à leur permettre de monter en charge en mobilisant toutes les forces vives du territoire, y compris celles qui ne sont pas habituellement consacrées aux centres”.

 

 

Si le ministère cite ces deux exemples, il avance qu’une “multitude d’organisations se dégagent. On a par exemple aussi des territoires dans lesquels ce sont les CPTS qui reçoivent des financements de la part de l’ARS pour organiser le secrétariat et les appels sortants vers les patients éligibles sur la base des listings des médecins traitants qui leur ont été confiés.”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Pauline Machard

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