Le Journal d’Empatix : Soirée CPTS et Assistants médicaux :

Nous sommes en 2019. Toute la Gaule se vide irrémédiablement de ses médecins. Toute ? Non ! Quelques villages peuplés d’irréductibles praticiens gaulois résistent encore et toujours à la morosité. Et la vie n’est pas toujours facile pour ces valeureux guerriers.

Notre section syndicale s’est réunie pour voter pour ou contre l’avenant 7. Negociatix, notre représentant départemental, montera sur Lutèce samedi pour faire remonter le vote de notre assemblée. C’est de la démocratie indirecte, qui a le mérite de provoquer des débats locaux plutôt que les diluer à la soupe populiste. Le fonctionnement de la plupart des démocraties parlementaires, soit dit en passant. Pour ou contre les assistants médicaux ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C’est l’impression générale qui ressort de nos débats. « En gros, la CNAM ne veut plus donner sans recevoir. » nous dit Negociatix. « Mais c’est un peu ce qu’on fait depuis 30 ans », dit Ankylosix, notre doyen généraliste. « Outre la complexité du machin, ça va exclure bon nombre d’entre nous, dont les jeunes. » renchérit Aspirine, ma collaboratrice. « La priorité, c’est que chaque français ait un médecin traitant, notamment ceux en ALD. Il est clair que vu notre rythme de travail, on ne peut pas augmenter la cadence, on doit au contraire se décharger du non médical et améliorer la qualité. Mais on doit s’organiser ! Qui a dit qu’avoir plus de 1700 patients médecin traitant impliquait de voir plus de patients par jour ? Si on arrive à organiser entre nous l’accès aux soins, et éventuellement avec l’hôpital (rire de l’assistance), éduquer sur le recours aux soins (fou rire général), c’est possible de travailler mieux, pas plus ». « Negociatix, dis-je, tu nous amuses par ton côté utopiste. Nous sommes gaulois et la Gaule est irréformable ! Cependant, si on continue de dire ça, autant tout arrêter tout de suite ! Alors, ce n’est vraiment pas terrible, j’aurai préféré exercer en secteur 2 comme nombre de nos amis spécialistes qui ainsi peuvent se payer les assistantes qu’ils veulent, mais c’est un début, donc je vote pour ! ». Sur les assistants, 70% de la section vote pour, avec un enthousiasme mesuré. « Bon les CPTS… » Soupir général… « Vous avez compris ce que c’est, je ne reviens pas dessus ? » « Le Bras armé de l’Etat pour nous assujettir ? » ose Expertix. « On lit plein de choses sur les réseaux sociaux. » « Ce sera aussi facultatif qu’avoir un compte en banque. » « Un machin de plus ? »…

Negociatix tente un argument : « Si on refuse ces moyens pour nous organiser, en toute autonomie (grondement de la salle), si, si, en toute autonomie, il ne faudra pas s’étonner que l’Etat supprime liberté d’installation et toutes nos autres libertés ! ».
Mauvaise pioche. « Tu ne peux pas nous refaire le coup à chaque fois ! Le CAS, c’était déjà pour qu’on ne supprime pas le secteur 2. Ils l’auraient vraiment fermé si on n’avait pas signé ? »
« Vous n’en savez rien ! Et ceux qui l’ont décrié ont signé l’OPTAM, à l’avantage de trois spécialités chirurgicales, alors franchement… »
« Mais on n’a pas dit que les autres étaient plus intelligents… »
« Vous croyez que c’est facile de négocier ? Vous ne savez pas comment ça marche dans ce pays ? Si vous ne mettez pas le feu aux Champs Élysées ou ne bloquez pas les autoroutes, vous n’obtenez rien ! Vous croyez vraiment que les collègues sont prêts à se révolter ? »
« Plus maintenant en tout cas… »
« Regarde les urgentistes. Ils ont bien obtenu quelques trucs ! » « Parlons-en des urgentistes ! C’est parce qu’en aval il n’y a pas de lits que c’est la crise ! Parce qu’on ne sait pas gérer l’urgence gériatrique ! Parce qu’on confond urgence sociale et médicale ! Et parce qu’on ne refuse pas les gens qui n’ont rien à faire aux urgences parce que ça leur rapporte. Et dans le débat, on veut un coupable, et c’est le médecin de ville, qui bosse bien plus que son collègue hospitalier ! »
« Les amis, les amis, nous nous égarons. L’idée n’est pas de nous monter les uns contre les autres. Tout le monde souffre, hospitaliers et libéraux, et aussi familles et patients.
Personne n’a confiance dans les politiques, qui font du court terme, qui commencent à prendre conscience d’une situation qu’ils ont eux-mêmes créée. Alors bien sûr, ces CPTS, elles font peur car les politiques sont à la manœuvre. Leur arrière-pensée n’est pas claire. Pour autant, jamais personne n’avait proposé de nous donner les moyens pour nous organiser, en ville. C’est une révolution. Il faudra être vigilant et se battre pour que ce soit un outil, pas une prison.
Mais refuser ce futur, c’est clairement signer la mort de la médecine libérale. Le médecin isolé est un leurre ! On a toujours travaillé ensemble !
Qu’on appelle ça CPTS ou pas, peu importe, mais ce travail collectif a toujours existé dans les territoires dynamiques comme le nôtre ! Maintenant, on veut reconnaître ce travail et nous donner les moyens ? Pourquoi dire non ? Au contraire, il faut s’y impliquer, montrer tout ce qu’on faisait gratuitement et ce qu’on est capable de faire, pour réclamer toujours plus de moyens. Faire comprendre et participer les patients ! Et on aura réalisé quelque chose ».
Vote final, 60% pour et 40% contre. Le futur est en marche… dans la crainte et la circonspection…

Dr Mickaël Riahi

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AGENDA :

Il y a quelques semaines, nous avions décidé de mettre en lumière un aspect moins commenté de « Ma Santé 2022 », celui consacré aux citoyens dans leurs territoires. L’exploitation toute récente des préoccupations des Français au cours du « grand débat » a mis particulièrement en évidence l’intérêt du sujet.
Nous vous présentons ci-après les interventions qui constitueront le colloque du mardi 18 juin 2019 à partir de 16h30 au Campus des Cordeliers.
Ne résistez pas à l’appel !
Le Dr Luc DUQUESNEL, Président « Les Généralistes CSMF » interviendra à la table ronde intitulée « les Territoires ».
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