Selon un rapport de l’Ansm, cette pratique sexuelle tend à augmenter en France avec des conséquences préoccupantes.

 

Si la consommation des drogues classiques (cocaïne, héroïne, cannabis) et de celles ayant émergé dans les années 1990 a suivi des mouvements culturels et musicaux dans un but festif, celle des nouveaux produits de synthèse s’en écarte souvent pour accompagner par exemple la pratique sexuelle et être à l’origine des appellations “chemsex” et “slam”. Le “chemsex” se définit par l’usage de substances psychoactives avant ou pendant la pratique sexuelle afin d’améliorer la performance, la durée et le plaisir. Il peut être pratiqué par des hétérosexuels ou des homosexuels.

Le “slam” est la partie “hard” du “chemsex”. Il correspond à l’usage d’un psychostimulant par voie intraveineuse, dans un contexte de pratique sexuelle. L’utilisation du terme slam (“claquer” en anglais), progresse au sein de la communauté des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.

 

Maintien de la dynamique de l’épidémie de VIH

La Commission des stupéfiants et psychotropes de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm), lors de sa séance du 1er février 2018 a présenté des données sur les risques liés à ces nouvelles pratiques sexuelles qui se développent depuis quelques années en France comme dans d’autres pays européens (OFDT, juillet 2017).

Le “chemsex” peut avoir des conséquences sanitaires individuelles (addictions, complications somatiques) et populationnelles (transmission d’infections) majeures. Le “chemsex” participe au maintien de la dynamique de l’épidémie de VIH et à l’augmentation des infections au VHC, notamment dans la population homosexuelle. Ces effets sont d’autant plus préoccupants qu’ils peuvent concerner des personnes sans connaissance ni expérience de la réduction des risques et que les substances sont fréquemment des nouveaux produits de synthèse aux effets mal cernés.

Un premier rapport sur les complications liées à la pratique du “slam” avait été coréalisé, sur la période de janvier 2008 à décembre 2013, par les Centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance – addictovigilance (CEIP-A) de Paris et de Montpellier, suite à une remontée de cas graves par le réseau d’addictovigilance. En 2016, un signal d’addictovigilance avec des décès en lien avec la pratique du “chemsex” a alerté l’Ansm qui a réalisé une mise à jour de ce premier rapport.

 

Une population plus jeune

Ce sont les données de cette mise à jour sur la période de janvier 2014 à août 2017, qui ont été présentées à la Commission des stupéfiants et psychotropes.

Cette actualisation met en évidence des chiffres inquiétants avec une augmentation du nombre de cas notifiés et une population plus jeune. Les risques cardiovasculaires, neuropsychiques, et les suicides sont en augmentation. Les addictions également. Et les données recueillies révèlent une hausse du nombre de comas et de décès.  La répartition géographique nationale des cas est plus homogène. Les experts notent enfin une évolution des substances psychoactives utilisées.

En France, 261 nouveaux produits de synthèse ont été répertoriés depuis 2008, dont 47 en 2016 alors que 620 font l’objet d’une surveillance par The European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction (EMCDDA). Ces produits forment un groupe de substances hétérogène en termes de structure chimique et d’effets pharmacotoxicologique. Les complications liées à leur usage peuvent être redoutables. Les contextes d’utilisation des nouveaux produits de synthèse sont multiformes du fait de leur facilité d’accès (achat sur Internet par un moteur de recherche quelconque) et de leur faible coût.

Face au phénomène émergent de ces nouvelles drogues, “la question de leur usage doit être soulevée par le clinicien en routine qui pourra demander conseil et déclarer ses cas cliniques auprès du CEIP-Addictovigilance de sa région” comme l’écrivent Samira Djezzar et Anne Batisse du Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance et d’addictovigilance Île-de-France-centre Val de Loire, à l’hôpital Fernand-Widal à Paris (“Complications cliniques des nouvelles drogues de synthèse”, Revue du Praticien, 2018, 68, janvier : 79-82).

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Dr Philippe Massol

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