Elle a 28 ans et vient de s’installer seule en libéral, sans même passer par la case remplacement. Le Dr Morgane Hennart, jeune généraliste fraichement diplômée, nous raconte son bonheur d’exercer la médecine générale en zone rurale.

 

“La médecine n’était pas du tout une vocation pour moi. Je suis d’ailleurs la première de ma famille à avoir choisi ce métier. Ayant fait une terminale S, les conseillers d’orientation nous orientaient vers le métier d’ingénieur ou celui de médecin. Ingénieur, je ne savais pas ce que c’était ; médecin, c’était clair… Cela peut paraître bête, mais c’était ça l’idée au départ. Après coup, je me suis dit que c’était un bon choix.

 

1 105 euros net par mois, pendant 6 ans

Si la médecine n’était pas vraiment une vocation, une fois la première année décrochée j’ai tout de suite su que je voulais devenir généraliste. Il n’y avait aucune autre spécialité qui m’attirait. J’aimais bien tout, mais un petit peu. Je ne voulais pas rester bloquée dans une spécialité. En plus, je ne voulais pas travailler à l’hôpital donc la médecine générale était d’autant plus parfaite pour cela. J’aime avoir une certaine liberté qu’il n’y a pas à l’hôpital.

En juin 2010, est paru le décret sur le contrat d’engagement de service public (CESP). J’étais en troisième année. Immédiatement, j’ai voulu signer ce contrat qui correspondait parfaitement à ce que je voulais. Le dossier n’existait pas encore. Je voulais tellement le signer que j’ai tout fait sur papier libre ! Si certains ont peur de l’engagement qu’implique le CESP, moi je ne l’ai pas du tout vu comme ça. Je me suis dit qu’on allait me payer pendant mes études pour faire exactement ce que je voulais faire. En plus, dans le Pas-de-Calais, il y avait énormément de zones qui étaient proposées, c’était parfait pour moi. D’octobre 2010 jusqu’à mon dernier mois d’internat, j’ai donc touché 1 105 euros net par mois (1 200 euros brut). Ensuite, je me suis engagée pour la même durée, à savoir 6 ans et 1 mois, à être installée dans une zone médicalement dépeuplée.

Avec mon conjoint, nous nous sommes installés à Arras. J’ai donc contacté toutes les communes du secteur de Beaumetz-lès-Loges et de Croisilles, qui étaient les deux zones sur la carte de l’ARS qui m’intéressaient par rapport à mon lieu d’habitation. La commune de Rivière est la première à m’avoir répondu, le lendemain de l’envoi de mon mail. Ils ont sauté sur l’occasion. Ils étaient sur le point d’engager un chasseur de tête pour trouver un médecin. Je les ai rapidement rencontrés et ma décision a été très vite prise.

Ils m’ont proposé de faire des travaux dans le cabinet existant de 30 mètres carré pour le réaménager. Bien que le cabinet ne soit vieux que d’une dizaine d’année, ils m’ont proposé de changer les fenêtres, les peintures, les radiateurs. Ils me proposent aussi de ne pas payer ni le loyer ni l’électricité pendant un an, ce qui n’est pas négligeable. Cela me permet de faire mon chiffre d’affaire tout doucement et de ne payer que l’année prochaine.

 

Au minimum 165 actes par mois

En parallèle, j’ai signé le contrat de praticien territorial de médecine générale (PTMG). C’est ma référente installation à l’ARS qui me l’a proposé. Le PTMG ne m’offrait que des avantages et aucun inconvénient, puisque j’étais déjà engagée avec le contrat d’engagement de service public. Le PTMG m’offre un complément de chiffre d’affaire. Je dois faire au minimum 165 actes par mois. Si je fais moins de 300 actes, je suis payée de la différence. Je suis installée depuis le 5 janvier et le mois dernier, j’ai fait 221 actes. Je n’aurais peut-être pas besoin de cette aide les prochains mois, mais savoir qu’elle est là me rassure.

Cette installation me comble, j’ai été très bien accueillie dans le village. Les gens sont ravis d’avoir un médecin. D’autant que deux généralistes du secteur sont décédés récemment. Cette installation, seule en libérale, ne m’a vraiment pas fait peur. J’ai aussi été très bien accueillie par mes confrères des villages alentours. Dès le début, avant même d’être installée, je les ai rencontrés à notre tour de garde. Depuis, ils m’envoient des patients. C’est aussi grâce à eux que j’ai rempli mon premier mois. Avec l’une des praticiennes qui est tout près, nous nous sommes déjà arrangées pour faire nos samedi matin en alternance. Nous ne sommes pas dans le même cabinet, mais nous travaillons quand même ensemble. Je ne me sens pas seule. Je sais que s’il y a le moindre souci, je peux les appeler, leur poser des questions. Je n’ai vraiment pas le sentiment d’être isolée. Cette installation pour le moment ressemble exactement à ce que je souhaitais. J’en suis très contente. Il faut que cela continue.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi Bonin