Et si la téléconsultation était la solution au problème de la désertification médicale ? La commune d’Oberbruck, en Alsace, et ses 400 habitants veulent y croire. Depuis ce lundi a été lancé le premier centre de téléconsultation en France. Et les premiers retours sont déjà positifs.

 

“J’avais une appréhension avant de commencer mais on s’y fait très vite. C’est très efficace”, raconte le Dr Thierry Castera, médecin généraliste. Ce praticien salarié de l’association à but lucratif Asame pratique depuis lundi la téléconsultation.

 

Un équipement d’une valeur de 30 000 euros

Tout a commencé il y a trois ans lorsque le médecin généraliste de la commune d’Oberbruck dans la vallée de Masevaux décide de partir à la retraite. Jacques Behra, maire du village essaye de trouver un successeur. En vain. “Nous avons alors noué un partenariat avec l’association Asame. Elle devait nous trouver un médecin et on mettait un local à disposition”, explique le maire avant de poursuivre, “en attendant de trouver un généraliste, l’association nous a proposé la télémédecine”.

“L’association emploie 5 médecins salariés. La téléconsultation est pour nous une manière d’avancer dans la résolution du problème de désertification médicale”, justifie Jean-Luc Duval, directeur général de l’Asame.

Après quelques tests et grâce à un équipement d’une valeur de 30 000 euros financé après un appel à projet par la fondation Wallach, le système est lancé. “C’est la première fois que l’on met un équipement de téléconsultation en fonctionnement. Il n’existe pas de solution identique ailleurs en France”, se félicite-t-il.

 

“On voit très bien, même mieux qu’à l’œil nu”

En pratique, une infirmière est présente lors de la consultation pour accueillir le patient. Elle prend alors les constantes, notamment la tension et le poids puis le patient exprime son besoin. La professionnelle de santé appelle alors le médecin généraliste. “Le patient peut dialoguer avec le médecin. L’équipement permet aussi de pratiquer un électrocardiogramme, un écho doppler ou encore une échographie. Grace à un système de caméra, le généraliste voit l’image sur son écran”, indique Jean-Luc Duval.

S’il craignait que la technologie soit un frein au bout déroulement de la consultation, le Dr Castera est bluffé. “Visuellement on voit très bien, même mieux qu’à l’œil nu”, commente-t-il. “Le dermatoscope par exemple permet de voir la tâche et de prendre des photos à distance”, idem pour l’otoscope. L’ordonnance est ensuite rédigée par le médecin via un stylo électronique, puis imprimée par l’infirmière. La consultation coûte 23 euros.

 

“On aimerait bien trouver un vrai médecin”

Et le bilan est déjà positif pour les patients comme pour le médecin. “La machine n’est pas un frein à la parole. Les patients ne sont pas pétrifiés. L’infirmière les met en confiance. En cela, c’est presque mieux qu’une consultation normale”, estime le généraliste. C’est d’ailleurs l’infirmière qui se chargera de faire les vaccins. En revanche les suivis de nouveau-nés ne pourront pas être assurés. “Pour les nourrissons ça n’est pas une bonne méthode mais il n’y a aucun obstacle à ce que l’on soigne les enfants de plus de deux ans”, indique le Dr Castera.

Les téléconsultations seront disponibles en horaires réduits à savoir 1h30 par jour les lundis, mardis, mercredis et vendredis. “Il va falloir recréer une patientèle, car depuis le départ du médecin il y a trois ans, les patients sont partis”, explique le maire d’Oberbruck. “On aimerait bien aussi trouver un vrai médecin mais les deux systèmes peuvent fonctionner ensemble”, conclut-il.

Deux autres équipements de téléconsultations devraient être installés prochainement en Alsace.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin