Isabelle Dinoire est décédée cet été à l’âge de 49 ans. Privée de visage après avoir été attaquée par son chien, elle avait reçu une greffe partielle en 2005, ce qui était une première mondiale. Mais l’hiver dernier, relate Le Figaro, elle avait subi un nouveau rejet du greffon et avait perdu une partie de l’usage de ses lèvres. De plus, les lourds traitements anti-rejet qu’elle devait prendre à vie avaient favorisé la survenue de deux cancers.
 

 

Le dimanche 27 novembre 2005 au CHU d’Amiens, une femme qui a perdu une partie de son visage arraché par son chien, subit une intervention de quinze heures, autour de laquelle plusieurs dizaines de chirurgiens, infirmières et médecins s’affairent. Ils greffent une jeune femme de 38 ans, Isabelle Dinoire, qui a perdu le bas de son visage. C’est là une première mondiale. S’il y avait bien eu en 1998, la première main greffée à Lyon par le Pr Dubernard, jamais un patient n’avait bénéficié d’une greffe de visage. Les chirurgiens préfèrent, eux, parler de “face”, le terme visage étant trop connoté, trop affectif. L’exploit technique a été réalisé par les équipes du Pr Bernard Devauchelle, chef du service de chirurgie maxillo-faciale du CHU d’Amiens et du Pr Jean-Michel Dubernard, chef du service urologie et transplantations à l’hôpital Edouard Herriot de Lyon.

Quelques mois plus tôt, en mai 2005, Isabelle Dinoire avait été défigurée par sa chienne Tania, un labrador croisé qui ne l’avait pourtant jamais mordue. Le soir, elle s’était endormie, “assommée par un grand nombre de somnifères”, selon sa propre expression. Tentative de suicide ? La question a agité le milieu médical à l’époque car un état psychologiquement fragile est une contre-indication importante pour une greffe, a fortiori pour une greffe de visage.

Le 6 février 2006 au CHU Nord d’Amiens, la patiente fait sa première apparition publique devant la presse du monde entier. “Depuis le jour de l’opération, j’ai un visage comme tout le monde. Je peux ouvrir la bouche et manger. Depuis peu, je sens mes lèvres, mon nez et ma bouche”. L’intervention est un succès.

Elle revenait de loin, Isabelle Dinoire. Quand elle se réveille après l’attaque de son chien, elle a voulu allumer une cigarette. “Je ne comprenais pas pourquoi elle ne tenait pas entre mes lèvres. C’est là que j’ai vu la mare de sang et la chienne à côté de moi. Je suis allée me voir dans la glace, et là, horrifiée, je ne pouvais pas croire ce que je voyais, surtout que je n’avais pas mal”, raconte-t-elle devant la presse après son intervention.

Ses médecins lui placent alors une sonde pour l’alimenter. Mais faute de peau et de lèvres, la salive s’écoule. Elle ne peut plus respirer par le nez.

Vient alors la proposition de la greffe. Puis l’opération. Et au réveil, “le trou était bouché”. Elle peut boire et manger au bout de quelques jours. Elle réapprend à bouger les lèvres, parler et à sentir son nouveau visage, à se l’approprier.

Mais transplanter un greffon ne relève pas du miracle. Les rejets sont fréquents, surtout pour le visage. Pour les dix ans de l’intervention, le landerneau médical veut organiser une communication, mais l’état de santé d’Isabelle Dinoire les en dissuade.

Depuis 2005, plus de 30 transplantations de visage ont été réalisées dans le monde.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : C. L B

 

[Avec Sante.lefigaro.fr]