Le classement des ECN 2016 est tombé ce mercredi en fin de journée. Maxime Teisseyre, 23 ans se classe premier. Une fierté pour ce montpelliérain qui s’est confié à Egora. Il pense choisir la néphrologie.

 

“Dans les conditions où les ECN se sont déroulées, avec les problèmes qu’il y a eu, je ne m’attendais pas à être major. Je ne réalise pas vraiment. Je suis très fier de moi mais surtout très fier de rendre heureux ma famille.

Pour parvenir à ce résultat, j’ai surtout travaillé sur le long cours. Cette année j’ai trouvé le bon rythme tout en prenant du repos. Je n’ai pas travaillé plus que les années précédentes. Je prenais un week-end sur deux pour me détendre, ce qui peut sembler faible mais qui est beaucoup en médecine.

Lors de mes journées de révisions, je travaillais de 8 heures ou 9 heures, en fonction de mon état, jusqu’à 19 ou 20 heures maximum. Et je m’accordais une heure de pause au déjeuner. Je préférais travailler d’un coup qu’en parcellé. Du coup j’avais aussi les soirs de repos, à part lorsque j’allais aux conférences universitaires.

L’année prochaine, je compte rester à Montpellier et je pense choisir la néphrologie. Si je devais donner des conseils aux prochains candidats aux ECN, ça serait surtout de rester eux-mêmes. Il y a beaucoup de gens que je ne reconnaissais plus pendant cette période. Et je dirais surtout qu’il faut prendre du repos. Lorsque l’on n’a plus de force pour réviser, il faut s’arrêter. Ça ne sert à rien de faire des heures inconsidérées.”


Voir le classement en intégralité des ECN 2016

 

Épreuves bâclées des ECN : “On nous a pris pour des crétins”

Les résultats des ECN sont enfin tombés. Une semaine après la fin des épreuves, c’est l’heure de vérité. Mais quel que soit leur classement, les étudiants n’oublieront pas les anomalies qui ont encore marqué les épreuves. Passées les difficultés techniques, ils ont relevé des sujets déjà donnés, des questions hors programme, et même une IRM non anonymisée. “C’était du foutage de gueule”, lâchent, amers, certains carabins.

Une semaine seulement après la fin des ECN, pour la première année sur tablettes, les quelque 8 200 étudiants ont découvert leurs résultats. Ils ont été dévoilés ce mercredi, en fin de journée, sur le site du Centre national de gestion (CNG). Dans les heures qui ont précédé leur diffusion, certains étudiants se montraient fébriles, quand d’autres faisaient part de leur colère.

“Sur le plan technique, les ECNi se sont passés correctement. C’est une réelle réussite par rapport aux craintes des étudiants, confie Rémi Patrice, vice-président de l’Association des étudiants en médecine de France (Anemf).Par contre sur le plan pédagogique, ça n’a pas été très fructueux.” Et c’est une manière polie de qualifier ce que d’autres appellent “du foutage de gueule”.

Unanimement, les étudiants ont reconnu que les bugs techniques tant redoutés ne se sont pas produits. En décembre, puis en mars, des déconnexions, ralentissements et autres problèmes d’affichage avaient conduit à annuler plusieurs épreuves de ces sessions “test”. “On a tous été soulagés que ça marche correctement. Surtout pour l’épreuve de Lecture critique d’article (LCA), qui n’avait pas marché en mars. On a obtenu que les sujets soient distribués sur papier, ça s’est finalement bien passé”, assure Benjamin, étudiant à Paris VI, qui espère choisir ORL ou bien médecine générale. Dans les faits, certains ralentissements ont quand même été observés dans certaines facs, sans causer de soucis majeurs.

 

“Ils se sont focalisés sur la technique”

Mais le bilan est loin d’être rose pour autant. “On a l’impression qu’ils se sont focalisés sur la technique, au détriment du fond des examens…”, commente Lucas, étudiant à Nancy. Car c’est sur le fond que de nombreuses anomalies ont été relevées. A commencer par une IRM non anonymisée, où figurait le nom du patient et l’hôpital dans lequel elle a été faite,”alors même qu’on vous enseigne le respect de l’anonymat des patients pendant vos études”.

Autre motif de crispation, un dossier déjà proposé à Lyon cette année s’est retrouvé au programme des épreuves, mot pour mot, question pour question. “Nous avons demandé à ce que ce dossier soit annulé dans la notation”, indique Rémi Patrice, de l’Anemf ajoutant qu’aucune garantie ne leur a été donnée sur ce point. Un autre sujet a eu un goût de déjà-vu pour certains étudiants : un sujet des ECN de 2005 sur l’anorexie a été reproposé tel quel. “Ils ne se sont pas foulés. Sans parler des fautes de frappe ou des fautes d’orthographe dans les sujets officiels…”, glisse Lucas.

Les dossiers cliniques progressifs (DCP) aussi ont fait l’objet de nombreuses critiques. “Les dossiers sont censés être pro-gre-ssifs. Il y a 15 questions. Normalement, on a les réponses au fur et à mesure. Cela permet de ne pas être dans le faux du début à la fin. Et bien là, on n’avait la réponse à la question 1 qu’après la 15ème question…”, s’agace Benjamin.

“Il y avait une bonne volonté de réforme pédagogique, poursuit Léo. Mais les pontes, ça les a gonflé. Ils ne se sont pas investis. Ils ont balancé les sujets dans la banque. On a été très déçus de la qualité de sujets. Ils n’ont même pas été relus. Comment expliquer les fautes et cette IRM non anonymisée ? Les questions étaient mal posées, pas claires, parfois hors programme…Beaucoup d’entre nous ont répondu au hasard à la moitié des questions. C’est un échec sur le plan pédagogique”, tacle celui qui ambitionne de se spécialiser en chirurgie. “Je suis très amer. Nous sommes une promotion sacrifiée. On joue 6 années de médecine, on se défonce pour une spécialité et les épreuves sont bâclées. On nous a pris pour des crétins.”

“Certains ont été surpris, notamment par la précision de certains sujets, nuance Robin Jouan, étudiant de 5ème année élu à l’UFR de Nice. Mais il faut dire que c’est le cas chaque année. Il y a toujours des questions déconcertantes. Ils bossent tout à fond, et ça tombe sur des détails… Ça peut être très frustrant.”

 

“Les profs nous faisaient rire”

Malgré ces anomalies déconcertantes, certains ont su gérer la pression. “Pour la première fois, on a composé dans nos facs. C’était plutôt appréciable. On connaissait les salles, on connaissait les profs. Ce sont eux qui nous surveillaient, ils nous soutenaient, nous faisaient rire…”,se souvient Lucas, qui précise qu’il compte choisir médecine générale. Malgré son détachement, la pression monte un peu à l’approche des résultats. “C’est normal, on a quand même des attentes et un peu de fierté personnelle”, reconnaît-t-il.

Pragmatique, Benjamin admet que certaines critiques ne sont pas du fait de la réforme mais des ECN mêmes. “On se rend compte à quel point c’est injuste et que ça peut être frustrant. Les ECN ne reflètent pas les qualités des étudiants, même si on a été bon en stage ou qu’on a bien bossé en cours. On pense que grâce à ça, ça va aller alors que non.” Pour des épreuves plus justes, il apprécierait que la forme change.”On pourrait avoir un peu d’oral, la médecine est une discipline humaine… Mais le risque, c’est moins d’impartialité des correcteurs. Bref, on n’a pas encore trouvé la bonne solution.”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin