A 66 ans et après un léger AVC, le Dr Patrick Laine, généraliste à Saulnot en Haute-Saône aimerait prendre sa retraite. Après avoir tout essayé pour trouver un ou deux successeurs, il a posté une annonce sur Leboncoin.fr dans laquelle il propose de céder gratuitement sa patientèle et son matériel médical. Attention, les candidats uniquement motivés par l’appât du gain ne seront pas sélectionnés.

 

“J’ai 66 ans, je suis installé en milieu semi-rural depuis 1982 et je travaille aujourd’hui 12 à 15 heures par jour, six jours sur sept. Je suis fier d’exercer cette profession de médecin de proximité qui est une mission de service public. C’était pour moi une vocation, elle est devenue un sacerdoce.

Le problème, c’est que je viens d’avoir un petit AVC sans trop de séquelles et cela m’a fait réfléchir. J’aimerai envisager une retraite sur mes deux jambes, avec ma petite femme qui est bien méritante. Depuis un an, je cherche un ou deux successeurs. J’ai fait appel à la mairie de ma commune, au conseil de l’Ordre, à l’ARS… En vain. J’ai aussi payé un organisme pour me trouver un successeur, même hors frontières mais je n’ai eu aucune touche.

 

“Je suis désespéré à l’idée de devoir abandonner ma patientèle”

Aujourd’hui, j’approche de la fin de ma carrière et je suis désespéré à l’idée de devoir abandonner ma patientèle sans trouver de successeur. Un patient m’a donné l’idée de poster une annonce sur le site Leboncoin.fr qui a un rayonnement national. Je propose dans l’annonce de céder gracieusement la confiance de ma patientèle, avec tout le matériel médical et informatique. Je dispose d’un immeuble de 300 mètres carré, avec à l’étage deux appartements. Mon histoire a été reprise dans la presse en indiquant que je cédais également les murs, ce n’est pas le cas. Je ne cède que ma patientèle de 5 000 patients et tout mon matériel, y compris tout ce qui se trouve dans la salle d’attente. Je reste propriétaire des murs. Je ne peux pas donner le beurre et l’argent du beurre! Ceux qui me succéderont pourront au choix acheter les murs ou me verser un loyer.

Je reste toutefois exigeant sur trois points. Le candidat qui viendrait par simple opportunisme financier ne m’intéresse pas. Le maintien en poste de mes deux secrétaires qui travaillent à mi-temps est également indispensable. Enfin mon ou mes successeurs doivent être motivés par l’empathie et la bienveillance de ce métier de service.

 

“Je reste et j’accompagnerai mes successeurs”

En attendant, je ne veux pas abandonner ma patientèle, donc je reste en poste. J’ai bien trop d’empathie pour eux, je ne veux pas les laisser tomber. Je reste et j’accompagnerai mes successeurs. Je leur présenterai les patients.

Je suis conscient que mon mode d’exercice n’intéresse plus les jeunes. Ils ne veulent plus travailler 15 heures par jour et six jours sur sept. Je pense que c’est une histoire de génération. Ma génération pouvait le faire mais la génération actuelle ne le fait plus. Et je le comprends. C’est pour cela que je pense que l’idéal serait de trouver deux successeurs pour faire mon travail. Cela permettrait d’avoir des horaires beaucoup plus souples.

Je fais de temps en temps appel à des remplaçants que je trouve via un organisme mais ils viennent de loin et ne sont pas intéressés par la reprise car ce n’est pas leur région. Et puis me succéder leur fait peur car quand ils sortent d’un remplacement de 15 jours, ils sont épuisés.

Pour l’instant j’ai eu deux contacts dont une personne qui vient d’Afrique. Je vais les rappeler. On verra bien…”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin