Recertification des médecins, réforme de la PACES, régionalisation du numerus clausus… Manuel Valls a présenté ce jeudi à l’occasion de la Grande Conférence sur la Santé une série de réformes sur la formation et les conditions d’exercice des professionnels de santé.
“Avec cette conférence nous complétons la loi de santé, en ouvrant une nouvelle page de réforme de la santé. C’est en se parlant, là où la politique de la chaise vide empêche tout progrès, que nous faisons avancer les choses”, a commenté Manuel Valls en préambule de son intervention, à l’adresse des médecins libéraux qui avaient, pour la plupart, choisi de boycotter le rendez-vous.
Recertification des médecins
Manuel Valls a annoncé une recertification périodique des médecins. C’était l’une des propositions fortes du Livre blanc du Conseil de l’Ordre. La recertification doit permettre de “valider les acquis de l’expérience, d’assurer le maintien des connaissances et la sécurité des usagers”. “Nous souscrivons à cette proposition, dont les modalités restent à déterminer”, a souligné Manuel Valls sans plus de précisions. “Il faut des dispositifs gagnant-gagnant, pour les usagers, mais aussi pour les professionnels de santé. Il faut leur permettre d’évoluer dans leurs carrières, et c’est un facteur d’attractivité pour les jeunes professionnels”, a fait valoir Etienne Pot qui animait une table ronde sur le développement des compétences. Dans un premier temps, la recertification ne concernerait que les nouveaux inscrits à l’Ordre et les médecins volontaires.
Régionalisation du numerus clausus
Marisol Touraine l’avait annoncé, Manuel Valls l’a confirmé : c’est la fin du numerus clausus dans sa forme actuelle. Suivant encore les recommandations de l’Ordre des médecins, le Premier ministre a promis un numerus clausus régionalisé. “Le numerus clausus national n’a plus beaucoup de sens. Nous devons tenir compte de la réalité locale”, avait assuré Marisol Touraine dans la matinée. Concrètement, il s’agit de la poursuite d’une expérimentation déjà mise en place dans le cadre de son Pacte territoire santé. En décembre, Marisol Touraine avait annoncé l’ouverture de 131 places supplémentaires dans dix universités. Cette fois, la mesure sera appliquée sur l’ensemble du territoire. “Dans les régions où on a moins de médecins, il faut qu’on en forme davantage, tout en les incitant à rester sur place”, a indiqué Marisol Touraine.
Plus de liens entre médicaux et paramédicaux dès la PACES
“Nous observons un consensus sur le caractère obsolète de l’actuelle PACES. C’est une mauvaise réponse à de bonnes questions”, a souligné Isabelle Richard, doyenne de l’URF santé de l’Université d’Angers, responsable de la table ronde consacrée à l’organisation des formations médicales et pharmaceutiques. “Dès la formation initiale, les professionnels de santé doivent développer une culture du travail en commun. Il faut organiser des interactions entre futurs professionnels tout au long de la formation”, a confirmé Manuel Valls. Les formations paramédicales devraient être progressivement rapprochées de l’université, notamment pour développer la recherche. Des enseignements et des stages communs, entre paramédicaux et médicaux, pourraient se mettre en place.
Dès 2017 des diplômés paramédicaux pourraient même avoir un accès direct aux deuxième ou troisième année de médecine afin de leur permettre une évolution de carrière et un accès aux formations médicales sans repartir de zéro.
Rapprocher ville et hôpital
Par ailleurs, Manuel Valls a affiché sa volonté de rapprocher l’hôpital du libéral. “Il faut encourager l’exercice mixte salariat/libéral. Un professionnel de santé doit pouvoir garder un pied à l’hôpital, être en contact avec ses pairs, échanger sur les pratiques”, a indiqué le Premier ministre. Il s’agit aussi d’offrir une possibilité aux professionnels de santé pour diversifier leurs carrières. “Un médecin qui passe le concours de praticien hospitalier doit pouvoir bénéficier de son ancienneté ilbérale”, a-t-il ajouté. “Il faut aussi prendre le temps avec les professionnels de santé, à différents moments de leur carrière, pour les accompagner dans leurs projets”, a commenté Olivier Véran, qui animait une table ronde sur le thème des carrières et des conditions d’exercice.
Congé maternité pour les femmes médecins libérales
“Nous avons besoin de plus de médecins généralistes et il faut faire en sorte que les médecins aient envie de s’installer en libéral”, a souligné Marisol Touraine pour expliquer son intention d’offrir un congé maternité aux femmes médecins installées en libéral. Une mesure confirmée par Manuel Valls en fin de journée. “Aujourd’hui, la protection sociale n’est pas assez rassurante”, et peut dissuader les jeunes femmes de s’installer. Marisol Touraine a donc annoncé la prise en charge d’un congé maternité, “jusqu’à 3 100 euros pendant trois mois.” Dans les faits, la mesure ne concernera que les médecins en secteur 1 et celles qui ont signé un contrat d’accès aux soins.
Mais ce congé maternité, réservé aux médecins, a déjà fait réagir les autres professions libérales qui ne comprennent pas ce traitement de faveur. Des revendications portées par Olivier Véran devant Marisol Touraine et Manuel Valls. “Bénéficier de l’excellence de la couverture sociale, être libérale et mener une vie de famille est une attente de l’ensemble des professionnelles de santé libérales, a assuré le Dr Véran. Il n’y aura pas de soins de qualité sans professionnels de santé heureux. “
Manuel Valls a indiqué que le Comité de pilotage de cette Grande conférence de santé se réunirait d’ici la fin de l’année pour vérifier l’avancée de ces mesures.
Source :
www.egora.fr
Auteur : Fanny Napolier