La loi de santé votée, Marisol Touraine serait déjà en train de rêver d’un autre ministère. Mais qui pourrait la remplacer avenue de Ségur ? La rédaction d’Egora s’est prêtée au jeu des pronostics, avec plus ou moins de sérieux, et a dressé les portraits de quelques potentiels futurs ministrables.

Après Gérard Bapt, Patrick Pelloux, Brigitte Dormont ou encore Bruno Leroux, la rédaction d’Egora a pensé à d’autres potentiels ministrables. Ex-pharmacien, haut-fonctionnaire, médecin, ministre en poste ou de précédent gouvernement, les profils sont variés…

 

Martin Hirsch : Probabilité : 7/10

Directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris depuis deux ans, Martin Hirsch fait face depuis sa nomination a des difficultés pour réorganiser le temps de travail des personnels soignants de l’AP-HP. Grèves à répétition, échec des négociations, le dialogue a du mal à passer entre le diplômé de l’ENA et les syndicats.

D’autant qu’après le suicide d’un cardiologue de l’hôpital Pompidou il y a deux semaines, il est reproché au directeur l’AP-HP de ne pas “protéger ses personnels”. “Sauf à vous rendre complice de cette maltraitance, il vous appartient de prendre les décisions qui s’imposent pour préserver ceux qui se plaignent d’en être les victimes”, a écrit le professeur Bernard Granger, psychiatre et membre de la Commission médicale d’établissement dans une lettre ouverte à Martin Hirsch.

Celui qui semblait être l’homme de la situation pour succéder à Mireille Faugère pourrait avoir envie de quitter plus rapidement que prévu le bourbier de l’AP-HP. Plus à l’aise dans des fonctions politiques, Martin Hirsch a été directeur du cabinet de Bernard Kouchner au secrétariat d’État à la Santé et à l’action sociale, et conseiller chargé de la santé au cabinet de Martine Aubry au ministère de l’Emploi et de la solidarité.

Nommé Haut-Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté dans le gouvernement de François Fillon, il est à l’origine du Revenu de solidarité active (RSA). Une mesure de gauche, pour un homme de gauche mais dans un gouvernement de droite. Sa présence dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy pourrait-elle lui porter préjudice ? C’est un risque, bien que Martin Hirsch ait annoncé avoir voté pour François Hollande lors de l’élection présidentielle de 2012.

 

Catherine Lemorton : Probabilité : 4/10

Députée de la première circonscription de Haute-Garonne depuis 2007, Catherine Lemorton vient d’être réélue à la tête de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Si cette pharmacienne de profession semble avoir un profil idéal pour succéder à Marisol Touraine, elle part tout de même avec un sérieux handicap. En effet, juste après Brigitte Dormont, Catherine Lemorton peut se targuer d’être la bête noire des médecins libéraux.

Elle expliquait en juin 2014 ne pas comprendre les réticences des médecins libéraux à la mise en place du tiers payant généralisé, parlait de “rapport de subordination” pour décrire la relation médecin / patient ou encore laissait entendre que si l’hôpital public ne laissait pas mourir les patients, ce n’était pas le cas des médecins libéraux.

Depuis, une guerre fait rage entre la députée et les médecins. Une guerre qui s’est terminée devant les tribunaux. Après la diffusion d’une vidéo postée sur la Toile par l’Union syndicale des chirurgiens français et intitulée “Ces médecins qui laissent mourir leurs patients”, la député a porté plainte pour diffamation. L’UFML a également été attaqué. Dans la foulée, plusieurs médecins de l’UFML ont porté plainte auprès de l’Ordre régional des pharmaciens contre Catherine Lemorton “en raison du caractère anti déontologique et diffamatoire de ces multiples déclarations vis-à-vis des médecins libéraux”.

Si Catherine Lemorton est nommée ministre de la Santé, la pilule risque d’être dure à avaler pour les médecins.

 

Olivier Véran : Probabilité : 4/10

Neurologue au CHU de Grenoble-La Tronche, Olivier Véran est également diplômé de Sciences Po Paris en économie et politique de santé. Le praticien hospitalier de 35 ans a été député de la 1re circonscription de l’Isère entre le 22 juillet 2012 et le 5 avril 2015 en tant que suppléant de Geneviève Fioraso qui exerçait elle-même ses fonction de ministre puis de secrétaire d’Etat chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. En Avril 2015, il doit abandonner son siège de député à la suite de la démission de la ministre pour raisons de santé.

Pendant ses trois années à l’Assemblée nationale, Olivier Véran s’est illustré par son travail parlementaire. D’abord chargé par le Premier ministre d’une mission sur la filière sang en France, Il a milité pour la fin de la discrimination des homosexuels pour le don du sang, ce qui a abouti à l’adoption d’un amendement à loi de santé allant dans ce sens. Il a également été rapporteur du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015, volet assurance maladie, dans lequel il a défendu la création des hôtels hospitaliers, ainsi que la suppression des franchises médicales pour les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé.

Enfin, il a été rapporteur du volet prévention et promotion de la loi de modernisation de la santé. Il s’est alors fortement mobilisé en faveur du plan anti-tabac, de la lutte contre le binge-drinking, et contre l’emploi de mannequins en état de dénutrition.

Bref, Olivier Véran est jeune, médecin et engagé politiquement. Très actif sur les réseaux sociaux, il a le profil idéal pour succéder à Marisol Touraine.

 

Jean-Marie Le Guen : probabilité : 8/10

Grand favori à la succession de Marisol Touraine, Jean-Marie Le Guen attend son heure pour s’installer avenue de Ségur. Médecin spécialiste en santé publique, actuel secrétaire d’Etat chargé des relations avec le parlement, Jean-Marie Le Guen fait partie des éléphants du parti socialiste. Soutien de Dominique Strauss-Kahn puis de François Hollande lors des dernières présidentielles, il est nommé par ce dernier responsable des questions de santé pour la campagne électorale de 2012. A l’élection de François Hollande, la nomination de Marisol Touraine au poste de ministre de la Santé est d’ailleurs une surprise, Jean-Marie Le Guen étant alors grand favori.

Ancien président du conseil d’administration, puis de surveillance de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Jean-Marie le Guen a également occupé la fonction de président du conseil de surveillance de la CNAMTS.

 

Bernard Kouchner : probabilité : 3/10

Et pourquoi pas un retour du French doctor au ministère de la Santé. Bernard Kouchner est un habitué de la fonction. Ministre de la Santé et de l’Action humanitaire sous Mitterrand entre 1992 et 1993, puis Secrétaire d’État chargé de la Santé et Ministre délégué à la Santé sous Chirac (gouvernement Jospin), il semble être le candidat le plus expérimenté à ce poste. Mais sa participation au gouvernement Sarkozy en tant que Ministre des Affaires étrangères et européennes pourrait lui porter préjudice. Accusé d’avoir retourné sa veste, serait-il encore crédible dans un gouvernement de gauche ?

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Bonin-Berrebi