Depuis le 6 août dernier, les urgences de l’hôpital de Valognes sont fermées, faute de médecins pour assurer le service. Si le SMUR a repris son activité, la permanence des soins des médecins libéraux le soir est envisagée. Une option fermement rejetée par l’Union régionale des médecins libéraux (URML) de Basse-Normandie qui refuse de servir de “rustine”.

 

“La situation à Valognes n’est pas nouvelle. Cela faisait des années que nous alertions sur les difficultés des urgences. Leur fermeture n’a été une surprise pour personne”, s’agace le Dr Antoine Leveneur, président de l’URML Basse-Normandie. En effet, faute de médecins pour faire tourner le service, les urgences ont dû se résoudre à fermer le 6 aout dernier. Depuis le 15 aout, le SMUR a pris le relais 24 heures sur 24 pour les urgences vitales. Mais pour les urgences classiques, les patients sont redirigés vers le centre hospitalier de Cherbourg, à 25 kilomètres de Valognes.

Une situation qui ne convient ni aux patients, ni aux élus locaux. “Le cas de la fermeture des urgences de Valognes est devenu une question de politique de santé publique. La mayonnaise a pris dans la population. Des pétitions ont été lancées, puis c’est arrivé aux oreilles des parlementaires et des conseillers généraux qui ont garanti qu’ils trouveraient une solution”, retrace le Dr Leveneur.

 

“C’est scandaleux de nous faire passer pour responsables”

Et c’est ainsi que début septembre, le généraliste découvre dans la presse locale un article titré “Valognes : des médecins libéraux à la rescousse”. “Cette façon de faire n’est ni respectueuse, ni réaliste. Nous disons non sur le fond et sur la forme”, s’emporte le Dr Leveneur qui apprend alors dans l’article que “Des réflexions sont menées entre l’hôpital et des praticiens libéraux, notamment ceux de SOS médecins, qui assurent une permanence des soins dans la région cherbourgeoise. Valognes pourrait devenir un centre des soins non programmés en journée, complété en début de nuit par des gardes des libéraux.” “A la lecture de l’article, le maire m’a appelé pour me remercier. Ce n’est pas bien de faire croire cela aux gens. J’étais furieux contre les élus. C’est scandaleux de nous faire passer pour responsables. Nous ne servirons pas de rustines “, s’indigne le généraliste.

Après la publication de l’article, une réunion a été organisée avec les 20 médecins libéraux susceptibles d’être concernés par ces gardes et la réponse a été unanime : non. “La région du Nord-Cotentin est sinistré. La moyenne d’âge des généralistes est de 57 ans. La plupart terminent déjà leurs journées autour de 21h. Il est hors de question de travailler la nuit pour faire un demi acte en quatre heures”, prévient le président de l’URML qui rappelle que les généralistes de Basse-Normandie ne font plus de garde de nuit depuis 10 ans.

Du côté de SOS Médecins, les réactions sont beaucoup moins tranchées. Le Dr Vincent Goulet de Rugy, président de SOS Cherbourg qui a assisté à deux réunions de travail sur la permanence des soins à Valognes annonce que des “réflexions sont engagées”, mais qu’aucune décision n’a été prise.

 

“Les urgences 24 heures sur 24, c’est fini. Nous n’avons pas les moyens”

“Pour le moment, on brasse des idées”, ajoute le Dr Henry Gerves, président de la commission médicale d’établissement (CME) de Valognes. “L’ARS nous demande de faire des propositions. Cela sera soit rien, soit une permanence des soins des médecins libéraux et de SOS Médecins”, annonce-t-il. “L’idée n’est pas de dire que les médecins libéraux feront le boulot à notre place mais les urgences 24 heures sur 24, c’est fini. Nous n’avons pas les moyens humains de les faire fonctionner”, explique le président de la CME. Quant à l’ouverture d’un centre de soins non programmés, elle nécessiterait de faire travailler trois médecins à temps plein.

“Tout cela n’est pas sérieux. Il n’y a ni statut, ni financement pour ces médecins. S’ils mettent en place ce centre de soins non programmé, il ne sera ouvert qu’aux horaires classiques d’ouverture des cabinets, or les besoins sont après 20h”, s’exaspère le Dr Leveneur.

Quoi qu’il en soit, le président de l’URML ne changera pas d’avis. “Nous ne lâcherons pas, car si nous lâchons sur Valognes, alors il faudra lâcher partout où les urgences ferment. L’exemple de Valognes risque de se reproduire partout en France. Nous sommes emblématiques de la situation actuelle”, constate le Dr Leveneur.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin