Le Dr Philippe Siou pourrait se définir comme le médecin des puissants. Célébrités, personnalités politiques, grands patrons sont déjà passés dans son cabinet de l’Hôpital americain. Dans son livre Propofol, publié aux éditions Léo Scheer, il décrit les coulisses de cet univers en se glissant dans la peau du Dr Vlaminck et mêlant réalité et fiction. Une manière de passer outre la délicate question du secret professionnel.

Lire un extrait du livre Propofol : « Médecin de stars : quand j’ai fait “la nounou” pour Michael Jackson ».

 

Egora.fr : Pourquoi avez-vous décider de publier ce livre aujourd’hui ?

Philippe Siou : J’ai attendu pour prendre un peu de recul sur les choses. Je n’en suis pas à mon premier ouvrage. C’est en revanche le premier roman que je publie. J’en avais déjà écrit huit mais je ne les avais jamais proposés à la publication. Cette fois-ci, c’est l’éditeur, que je connaissais, qui est venu me trouver parce qu’il aimait bien ce que je faisais.

Vous avez donc décidé de raconter vos aventures médicales avec des patients célèbres ?

Ce ne sont pas mes aventures de médecin avec des patients célèbres. Il se trouve que j’ai beaucoup navigué dans ces milieux et j’ai voulu en raconter l’esprit. Pour le faire, il fallait que je donne des exemples. Les exemples que j’ai donné sont absolument non nominatifs.

Vous nommez pourtant Sharon Stone et Michael Jackson…

Tout à fait, parce que Sharon Stone, je l’ai rencontrée à titre privé. Je ne raconte pas que je l’examine. Il y a quand même des problèmes de secret médical. Je me suis donc servi d’éléments purement biographiques et de connaissance du milieu pour raconter comment cela fonctionne.

Pour ceux que je ne nomme pas, il s’agit d’aventures romancées. Si je racontais les événements, tels qu’ils se sont exactement passés, il ne s’agirait plus d’un roman mais d’un reportage.

Sur Michael Jackson, qui est l’autre cas nominatif, je ne suis pas intervenu auprès de lui en tant que médecin mais comme nounou. Lorsqu’il a eu un problème de santé, je ne m’en suis pas occupé. Je l’ai emmené à l’Hôpital américain, où je travaille et il a été hospitalisé, totalement en dehors de moi. Il n’y a donc pas de secret médical. Pour ce qui est de l’atteinte à la vie privée, elle tombe lors du décès. Et ce qui est dit en matière de Propofol a déjà été jugé et mis sur la place publique.

Votre manière de contourner le secret professionnel a donc été de mêler réalité et fiction…

Tout à fait. J’ai fait un arrangement, de manière à ce que le lecteur, qui ne connait pas ces milieux très confidentiels puisse néanmoins entrer dedans. Au sujet du secret médical, j’ai fait relire mon livre au Conseil de l’Ordre qui n’a rien eu à redire sur le texte.

On se demande en lisant le livre, comment vous en êtes arrivé à avoir ce réseau de patients célèbres ?

Je ne soigne pas que des personnalités. J’ai soigné aussi d’innombrables personnes qui n’étaient pas célèbres !

Y-a-t-il une manière différente de soigner personne lambda et VIP ?

Oui c’est certain. C’est toute la difficulté. Je pense que d’abord il faut avoir une très bonne connaissance médicale. Je suis médecin interniste et praticien hospitalier. Tous les PH ne sont pas capables de soigner les célébrités car les patients VIP sont très souvent directifs et autoritaires. Ils ordonnent souvent ce qu’ils veulent, bien que cela ne corresponde pas du tout à la réalité. Il faut savoir les gérer en ayant une capacité pédagogique. Il faut savoir ne pas leur dire non, tout en ne faisant pas n’importe quoi. Il faut avoir les arguments pour les convaincre de ce qu’il faut faire lorsque l’on n’est pas d’accord avec ce qu’ils veulent. Ces patients se donnent très peu de temps pour nous juger. S’ils estiment que le médecin est déficient, non pertinent voire pire, impertinent, il est viré. Tenir est un exercice…

Vous ne semblez pas décrire une partie de plaisir. Pourquoi soigner ces gens qui veulent vous dominer ?

Par goût du risque et du défi… Il y a effectivement une démarche de domination. Pour lutter contre cela, le médecin doit démontrer au patient qu’il est plus fort et qu’il va y arriver. Ainsi, le praticien en usant de pédagogie et de dialectique, se crédibilise aux yeux de ce type de patients. D’autre part, il faut parler de multiples langues. J’en parle cinq. Dernier point important : pour soigner les puissants qui viennent des quatre coins du monde, il faut connaître leur culture ce qui permet de mieux les comprendre et de mieux s’entendre avec eux. Il y une dimension ethnologique dans la démarche de soins. On ne soigne pas de la même manière un puissant japonais, arabe ou américain. Ce sont des mondes totalement différents. Je me suis pris au jeu de ce défi dans ma carrière. Ensuite le bouche à oreille fait que l’on soigne de plus en plus de VIP. Ils se donnent mon adresse les uns les autres, exactement comme un médecin classique. Sans prétention, j’ai souvent j’ai entendu des gens dire : “On va à Paris parce qu’on se sent safe là-bas, il y a Siou qui gèrera !”

Quelle est le souvenir qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?

Ce sont des aventures humaines, pas forcément avec des célébrités.

Préparez-vous une suite à ce roman ?

Oui il y aura effectivement une suite, parce qu’elle m’est demandée de toutes parts !

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin