Ils ne lâchent rien. Après une grève des médecins libéraux massivement suivie, puis la grève des praticiens de l’hospitalisation privée jusqu’à demain, une grève “administrative” vient de débuter. En parallèle des manifestations sont organisées. A Lyon 450 praticiens de toutes spécialités se sont réunis aujourd’hui pour brûler le cercueil de la médecine libérale.

 

Celle que les médecins ont surnommé la Marquise Marisol Toubaigne à cause de son silence radio pendant la grève semble avoir pris la mesure de la grogne des médecins. Marisol Touraine recevra demain en fin d’après-midi le Dr Claude Leicher, président de MG France, juste après Fréderic Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF). Le Dr Leicher sera également reçu par le directeur de cabinet de la ministre vendredi matin. Marisol Touraine a également prévu de rencontrer le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF mercredi matin, ainsi que le Front généraliste lundi prochain.

 

500 cliniques sur 700 seraient fermées

Malgré cette volonté évidente de négociation, les médecins maintiennent la pression. Selon des sources syndicales, plus de 500 cliniques sur les 700 présentes sur le territoire seraient fermées jusqu’à demain. “Certains directeurs font même grève auprès de leur praticiens” se réjouit-on. Les médecins du syndicat le Bloc et de l’UMESPE sont mobilisés depuis ce matin, de même que les urgentistes de l’hospitalisation privée (SNUHP).

Une grève “administrative” a également débuté. Elle promet d’être acharnée. “Nous entrons dans un mouvement de harcèlement et de guérilla qui va durer, à moins que le gouvernement ne recule”, prévient le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. “On va continuer jusqu’à ce que la Sécurité Sociale étouffe sous le papier !”, avertit de son côté Le Dr Jean-Paul Hamon.

“Nous coupons tout contact électronique avec l’assurance maladie” renchérit le Dr Eric Henry, président du SML. “J’appelle tous les médecins à cette grève administrative et au boycott progressif de la carte vitale” ajoute le Dr Leicher. Seules les cartes vitales des patients en difficultés seront acceptées.

 

“”Le prix du C est inacceptable pour l’ensemble des généralistes”

“Je crois que l’assurance maladie a effectivement des craintes énormes à avoir par rapport à cette grève administrative, car elle n’a plus la capacité, en effectifs, d’assumer le traitement de ces papiers. Il n’a plus que 10 % du personnel embauché par l’assurance maladie il y a quelques années pour faire la saisie, cela montre bien dans quelle situation elle va se trouver” prédit le Dr Luc Duquesnel à la tête de l’UNOF-CSMF.

Les revendications des médecins libéraux n’ont pas évoluées depuis le début de la grève, à savoir refus du tiers payant et ouverture de négociations conventionnelles en vue d’une revalorisation du C, bloqué depuis quatre ans. “Le prix du C est inacceptable pour l’ensemble des généralistes, quant au tiers payant, nous ne sommes pas en mesure de l’appliquer et nous ne l’appliqueront pas” s’emporte le Dr Leicher

Après Rennes où ils étaient plus d’une centaine à battre le pavé devant l’Agence régionale de santé, près de 450 praticiens, toutes spécialités confondues ont manifesté à Lyon aujourd’hui, brûlant un cercueil symbole de la médecine libérale.

“Des actions locales, départementales, et surement une journée nationale, dans les prochaines semaines ou prochains mois” marqueront très probablement la suite du programme annonce le Dr Duquesnel avant d’envisager quelques mouvements locaux de grève de permanence des soins, des actions coup de poing.

 

“Loi toxique pour la médecine générale”

Bref,”une forme de harcèlement du gouvernement, des ARS et de l’assurance maladie jusqu’à ce qu’on obtienne la réécriture de cette loi toxique pour la médecine générale et le C à 25 euros”.

Si les syndicats de médecins semblent unis et sur la même longueur d’ondes, le Dr Charline Boissy, porte-parole du syndicat de jeunes médecins généralistes et remplaçants Réagjir marque son opposition à la grève qui “met en difficulté patients et remplaçants”. “La loi de santé doit être étoffée et plus précise sur certains points mais la grève n’est pas la solution” estime le syndicat qui se positionne en faveur du tiers-payant intégral “sous certaines conditions à savoir un organisme payeur unique et une rémunération dans les cinq jours”.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonnin