Le pape a nommé en avril dernier Monseigneur Michel Aupetit évêque de Nanterre. Avant de rentrer dans les Ordres, ce dernier était médecin généraliste. Il a exercé en cabinet de groupe pendant 12 ans à Colombes dans les Hauts-de-Seine. Portrait.

 

“Enfant, je ne supportais pas voir les gens que j’aimais souffrir. C’est de là qu’est née mon envie de devenir médecin. Mais je ne pensais pas pouvoir y arriver” confie Mgr Aupetit. Agé de 63 ans, le nouvel évêque de Nanterre a eu une vie bien remplie. Une vie qui ne le destinait pas à entrer dans les Ordres.

Né en 1951 à Versailles, Michel Aupetit est élevé dans une famille peu croyante. “Seule ma mère pratiquait et allait à la messe, mon père et mes frères et sœurs ne mettaient pas les pieds à l’église” s’amuse-t-il. Avec sa mère, il apprend à faire sa prière tous les jours et l’accompagne à l’office. “Pour moi, aller à la messe était important. J’avais besoin de cette relation spirituelle. Parfois j’allais même seul à l’église” se souvient-il. La religion prend une place importante dans la vie du futur évêque sans que ce dernier ne noue de lien particulier avec la vie paroissiale.

 

“Grâce à Dieu, j’ai réussi le concours de première année !”

Une fois sa scolarité terminée, il décide de s’inscrire en fac de médecine. “Depuis l’enfance j’avais dans l’idée de devenir médecin de campagne. Les romans que je lisais me donnaient envie de faire ce métier. D’être utile aux autres” commente-t-il avant d’ajouter “Grâce à Dieu et avec beaucoup de chance j’ai réussi le concours de première année !”. Fidèle à sa foi, le nouvel étudiant en médecine pratique discrètement la religion, priant quotidiennement et allant à la messe régulièrement. A 20 ans, conscient d’attirer la curiosité de ses camarades par sa religiosité, Michel Aupetit décide de s’offrir sa première Bible ainsi que d’autres livres de foi. “Je voulais avoir un argumentaire construit pour pouvoir leur répondre” justifie-t-il.

Pendant ses études de médecine, Michel Aupetit se passionne pour les “choses pratiques”. “J’adorais la gynécologie obstétrique, la petite chirurgie, la pédiatrie. Tout cela me semblait utile dans ma prochaine vie de généraliste” explique le futur médecin. Il s’épanouit en stage à la Maison de Nanterre, “sorte de cour des miracles”, où il enchaîne toutes sortes d’actes et accueille les plus démunis puis il enchaîne avec un stage chez des médecins généralistes à Colombes.

“A la fin de mes études, mes anciens maîtres de stage de Colombes ont insisté pour que je m’installe avec eux. J’ai refusé, car je voulais exercer à la campagne. Quelque temps après, alors qu’ils n’avaient toujours pas trouvé de nouvel associé j’ai accepté de m’installer avec eux à une condition : refaire le point dans 10 ans et peut être m’installer à la campagne à ce moment-là” raconte Michel Aupetit.

 

“Je pensais me marier et fonder une famille, bien que je n’en avais pas vraiment le temps”

Finalement, le Dr Aupetit ne regrette pas son installation en ville. “L’exercice était très riche. Je travaillais avec l’hôpital d’à côté, ce qui était très pratique pour la formation continue et nous pouvions mutualiser nos moyens” se souvient-il. Le praticien se réjouit également d’une patientèle très variée liée à la grande mixité sociale de Colombes.

Pendant ses années d’installation, le Dr Aupetit parvient à concilier religion et exercice médical. “Je pensais me marier et fonder une famille, bien que je n’en avais pas vraiment le temps, sourit-il, je voulais vivre en bon chrétien”. Mais la foi prend une place de plus en plus importante dans son esprit. “J’ai commencé par faire un acte de consécration. Sans prendre conscience de mon envie de rentrer dans les Ordres, je voulais consacrer ma vie au seigneur et suivre l’Evangile de façon plus poussée” analyse-t-il avant d’ajouter : “Cette consécration m’a conduit beaucoup plus loin que je ne le pensais…”

“Quelques années après mon installation, quand j’ai ressenti l’appel du Christ, je n’avais pas envie d’y répondre. J’étais sur le point de me fiancer, je n’avais pas envie d’abandonner la médecine. C’était comme un combat intérieur. Finalement la volonté de Dieu a été la plus forte” confie celui qui ne connaissait alors pas grand-chose au fonctionnement de l’Eglise. “Nous étions au mois de mars, je suis allé me renseigner auprès du responsable des vocations à l’Eglise. Il m’a dit que la prochaine rentrée était en septembre !” raconte l’évêque.

12 ans après son installation, le Dr Aupetit décide donc de faire part à ses associés de son nouveau choix de vie. “Je leur ai dit, “vous vous rappelez que nous devions faire le point au bout de 10 ans ?”, ils pensaient que j’allais leur annoncer ma volonté de m’installer à la campagne. Ils ne s’attendaient pas à ce que je leur fasse part de mon entrée au séminaire !” s’amuse Michel Aupetit.

Entre mars et septembre, le Dr Aupetit appose un écriteau devant sa porte prévenant ses patients de son entrée au séminaire. “Cela m’a valu des confidences inattendues, alors que je pensais connaître mes patients” raconte-t-il. Les réactions autour de lui sont tout aussi positives. “Mon père qui n’était absolument pas pratiquant était très heureux pour moi et peu surpris. Ma mère en revanche était plus inquiète que je quitte mon statut de médecin pour celui de prêtre”.

 

“Etre curé ou médecin, c’est être au service des personnes”

A 39 ans, le Dr Aupetit entre donc dans les Ordres. Il est ordonné prêtre à 44 ans. Pendant ses études de théologie, il passe un diplôme universitaire d’éthique médicale. Son diplôme en poche, il devient professeur d’éthique et de religion à la faculté de Créteil conjointement avec le Dr Boubakeur (recteur de la Mosquée de Paris) et le Pr Kanovitch (membre du Consistoire israélite). Il enseigne en outre la bioéthique à l’Ecole Cathédrale de Paris pendant plusieurs années. “Etre médecin permet de parler de son expérience mais cela ne permet pas toujours de prendre de la hauteur, contrairement au philosophe. Il est très intéressant de croiser les regards” analyse-t-il.

Les années passent, Michel Aupetit devient vicaire, puis curé, puis vicaire général avant d’être nommé évêque auxiliaire. Le 4 avril dernier, le pape le nomme évêque du diocèse de Nanterre à l’âge de 63 ans. “Je n’ai jamais eu de plan de carrière. Il n’y en a pas d’ailleurs dans l’église hormis d’être saint, ce dont je ne désespère pas ! Je n’ai choisi aucune de mes missions, ce qui me donne une extraordinaire liberté. Je fais ce qu’on me demande avec confiance et sans angoisse” confie-t-il, ajoutant “ne pas souhaiter d’étape supérieure”, à savoir devenir cardinal.

“Peu importe le statut, l’important est de servir Dieu et les hommes, je pourrais très bien redevenir aumônier de campagne. L’important est de prendre soin des gens, exactement comme en médecine. Etre curé ou médecin, c’est être au service des personnes” résume Monseigneur Aupetit qui est toujours inscrit au Conseil de l’Ordre mais ne pratique plus que des actes gratuits.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin