A la fin des années 60, des centaines de personnes attendent jour et nuit devant une maison de brique de Compiègne. Cette demeure, aux volets toujours clos, est celle de René Hénaux, un ancien plombier-zingueur qui assurait pouvoir guérir toutes sortes de maux rien qu’en soufflant. Son histoire a fait la Une des journaux, et à sa mort, plus d’un millier de fidèles se sont recueillis sur sa tombe.
 

 

Un jour de printemps 1933, la vie de René Hénaux, plombier-zingueur à Compiègne se voit bouleversée. Il est, dit-il, l’objet d’un fait surnaturel qu’il raconte, des années plus tard, au micro de RTL : “Un jour que je rentrais du travail couvert de sueur, je suis monté dans ma chambre pour me changer. J’ai alors eu une apparition : c’était une flamme transparente d’un mètre cinquante environ qui traversait la pièce. Elle n’était pas chaude, mais extrêmement lumineuse et faisait le bruit d’une lampe à essence. Son intensité augmentait tellement que j’ai dû fermer les yeux. Pourtant je voyais aussi bien que si je les avais gardés ouverts… Et là, le bon dieu m’a annoncé que je pouvais demander son assistance pour guérir les malades, et rétablir l’harmonie.”

 

Il fait une chute de 10 mètres de haut

Après cet événement, le plombier reprend le cours de sa vie, sans alerter personne de cette apparition, raconte l’hebdomadaire Le Nouveau Détective qui a enquêté sur cet incroyable personnage à la fin des années 90. Un an plus tard, René Hénaux fait une chute de dix mètres de haut. Après l’intervention d’un guérisseur, il s’en sort indemne, sans aucune séquelle. Le doute s’installe dans sa tête : sa guérison est-elle l’œuvre de Dieu ? Peut-il vraiment en faire bénéficier les autres malades ?

Pourtant, il faudra attendre une dizaine d’années pour que le plombier devienne définitivement le “mage de Compiègne”. Tout change le 31 août 1944, quand il rencontre une jeune femme au pied cassé. Cela faisait huit mois qu’elle souffrait atrocement et ne semblait pas pouvoir échapper à l’amputation. Ayant entendu parler, on ne sait comment, des prétendus pouvoirs de son plombier, la jeune femme le prie de l’aider. Il refuse.

De retour chez lui, il aperçoit, juste devant lui, un homme au visage pâle, barbu, dont les pieds ne touchent pas le sol. C’est le Christ. Ce dernier aurait conseillé à son disciple d’utiliser le souffle pour mener à bien son destin : guérir le plus de monde.

Le plombier s’exécute et court souffler sur le pied cassé de la jeune femme. Quelques jours plus tard, la malade, qui marche parfaitement crie dans toute la ville qu’elle est guérie. Et que René Hénaux, le “mage”, a le pouvoir de soigner les plaies, rien qu’avec son souffle.

 

Il récite des prières inconnues, à genoux, dans une pièce vide

Très vite, la nouvelle se répand dans la région, et les malades se pressent devant la petite maison en briques, dont les volets restent invariablement clos. Mais c’est quand il sauve le fils d’un roi gitan que sa popularité atteint des sommets. Les gens viennent de toute l’Europe pour se faire soigner à Compiègne. Ils auraient été entre 200 et 300 fidèles, chaque jour à attendre devant chez lui. René Hénaux reçoit ses malades, qu’il appelle “ses fidèles”, presque toute la nuit. Il ne dort plus que quelques heures par semaine. Quand il ne consulte pas, il se livre à des rituels plutôt étranges, médite et récite des prières inconnues pendant des heures, à genoux, dans une pièce vide.

Les fidèles qu’il rencontre ne voient plus de médecin et refusent de se soigner. Certains auraient été miraculeusement guéris. D’autres non. Et, au fil des années, les détracteurs du mage de Compiègne se font entendre.

Au milieu des années 60, la mort du petit Luc Legrand est un coup dur pour le mage. Alors qu’il est blessé très grièvement dans un accident à 2 ans et demi, ses parents refusent de l’emmener voir un médecin et font 95 km pour se rendre à la maison sainte de Compiègne. Arrivés sur place, tout le monde prie. Mais il est trop tard. Cette affaire vaudra à René Hénaux trois mois de prison avec sursis et 200 francs d’amende…

 

Ils n’avaient pas voulu consulter de médecin

D’autres décès se font connaître. Une femme atteinte d’un cancer de la gorge, un garde champêtre qui s’est crevé l’œil, une femme enceinte qui a tout quitté pour accoucher près de son “maître”… Tous n’avaient pas voulu consulter de médecin, comme leur avait conseillé René Hénaux. Les autorités commencent à enquêter. Pourtant, ils ne peuvent presque rien. L’homme est malin, il assure qu’il n’a jamais ordonné à ses fidèles de ne pas consulter. Il ne demande jamais d’argent pour ses services (mais accepte les dons), et il assure seulement prononcer des prières, ce qui est parfaitement légal. Enfin, il utilise des formules ambigües : “Ce n’est pas moi qui vous interdirai de prendre des médicaments ! Je vous laisse libre de vous empoisonner si vous en avez envie !”

Jamais le mage de Compiègne n’a été inculpé pour exercice illégal de la médecine. Et, les doutes soulevés sur ses prétendus dons n’ont pas fait diminuer le nombre de ses fidèles.

René Hénaux décède le 20 avril 1990. Des centaines de voitures s’entassent devant le cimetière, rigoureusement gardé par des gitans. Seuls quelques proches assistent à la cérémonie. Pendant plusieurs mois, les fidèles viendront nombreux se recueillir sur la tombe de son mage, qui ne porte aucune photo, comme il l’avait demandé. “L’Eglise essaiera de me “récupérer” après ma mort pour faire de moi un saint”, avait-il déclaré à l’un de ses disciples. “C’est pourquoi je ne veux pas de photos de moi : on les distribuerai comme des images pieuses.”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[Avec Le Nouveau Détective et Rtl.fr]