Antoine-Augustin Parmentier est mort il y a exactement 200 ans. Cet apothicaire, féru d’agronomie est connu pour avoir sauvé les Français de la famine avec la fameuse pomme de terre. Il était aussi un grand ami de Louis XVI, avec qui il partageait une grande passion pour les sciences.

 

Nous sommes le 24 août 1786. Ce matin, l’agronome Antoine Augustin Parmentier se fait conduire de toute hâte à Versailles. Il a quelque chose à montrer à Louis XVI et à Marie-Antoinette. Justement, le couple royal est en train d’effectuer une promenade dans les jardins. Parmentier n’est pas un homme de la Cour, mais il se rend de plus en plus souvent à Versailles pour faire état de ses travaux aux Ministres. Le roi reconnait très vite sa grande silhouette mince et son air un peu gauche.

 

Il est sûr que ses recherches pourraient sauver la France

Parmentier montre alors au souverain sa découverte : un bouquet de petites fleurs campagnardes. Des fleurs de pommes de terre. Le roi, interloqué, attrape une des fleurs et la fixe sur la boutonnière de Marie-Antoinette. Ce soir-là, à la Cour de Versailles, on a eu le privilège de goûter, pour la première fois à la “parmentière”.

Louis XVI est ravi. Depuis quelques temps déjà, ce passionné de science suit avec beaucoup d’attention le travail de cet agronome un peu bizarre. Il est sûr que ses recherches pourraient sauver la France de la famine. Il a notamment lu un mémoire réalisé par Parmentier en 1772 dans lequel il répondait à la question : “Quels sont les végétaux qui pourraient suppléer, en cas de disette, à ceux que l’on emploie communément à la nourriture des hommes, et quelle en devrait être la préparation ?” L’étude de Parmentier se résumait ainsi : sachant que la farine de froment se compose de deux substances bien distinctes, l’une glutineuse (gluten) et la seconde amylacée (contenant de l’amidon), il faut rechercher leurs qualités nutritives. Parmentier en concluait que la substance glutineuse du froment étant moins nutritive que l’amidon, c’est parmi les plantes contenant de l’amidon qu’il fallait chercher des ressources pour suppléer à la disette des grains.

Convaincu, Louis XVI n’a cessé d’aider Parmentier à mener ses recherches, et il a tout fait pour l’aider à promouvoir ce nouvel aliment. La légende raconte qu’il aurait même, un jour, soufflé à son ami ce joli compliment : “La France vous remerciera un jour, Monsieur Parmentier, d’avoir trouvé le pain des pauvres.”

 

Cette plante qui pousse sous la terre doit venir du diable

Louis XVI a notamment offert à Parmentier un terrain, sur la plaine des Sablons à Neuilly. Le terrain sert habituellement aux manœuvres militaires, il est caillouteux et absolument pas propice à faire pousser quoi que ce soit. C’est pourtant sur ce terrain que le chercheur a décidé de lancer des tests pour faire pousser sa fameuse pomme de terre. En fait, il voulait prouver que celle-ci était capable de pousser n’importe où. Il n’a d’ailleurs utilisé aucun engrais preuve, que la pomme de terre ne coûtait rien.

A cette époque, cela fait déjà près de 250 ans que la patate d’Amérique latine est arrivée en Europe. Pourtant, elle ne séduit pas les Français. Les paysans sont dubitatifs devant cette plante qui pousse sous la terre, et doit probablement venir du diable. Une idée largement promue par l’Eglise qui ne perçoit aucune taxe sur la culture des pommes de terre. Pourtant, l’aliment est déjà répandu en Irlande, en Autriche, en Allemagne ou en Suisse. En France, elle reste destinée aux cochons.

 

Une ruse ingénieuse pour parvenir à ses fins

C’est en Allemagne, alors qu’il est prisonnier au cours de la guerre de Sept ans, que Parmentier découvre la pomme de terre. A son retour en France, il n’aura de cesse de défendre ses vertus en France. Son premier succès, il l’obtient, en 1772, quand la Faculté de médecine de Paris déclare, enfin, la pomme de terre sans danger, ce qui fait lever l’interdiction du Parlement de Paris qui frappait sa consommation depuis 1748.

Au milieu des années 70, alors qu’il est apothicaire de l’hôtel royal, il lance un premier champ de pomme de terre sur un terrain loué à des religieuses aux Invalides. Il fait déguster des recettes à tous les scientifiques de passage à Paris. Benjamin Franklin ou Lavoisier aurait été invités à sa table… Mais ses efforts ne prennent pas auprès des Français.

Il lui faudra l’aide du roi, et une ruse assez ingénieuse pour parvenir à ses fins. Pour prouver que ses patates sont bien des aliments de premier choix, on raconte qu’il aurait fait garder son terrain de Neuilly par les soldats du roi. La garde, en revanche, n’est pas présente pendant la nuit. Ce qui incite les curieux à venir dérober ce drôle de légume tant apprécié du roi. Et, c’est ainsi que, petit à petit, la pomme de terre s’est fait une belle place dans les assiettes des Français.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[Avec Lepoint.fr et Bicentenaire-parmentier.fr]