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Généraliste à la retraite, elle pédale contre les déserts

Le Dr Danielle Paul-Duveaux est médecin généraliste, installée dans la région de Maubeuge (Nord Pas-de-Calais) depuis 37 ans. A la fin du mois, elle prendra sa retraite, comme l’ont fait trois autres confrères du canton cette année. Pas un seul, n’a trouvé de successeur. Le 1er octobre, elle reliera en vélo Maubeuge à Charleville-Mézières pour alerter sur les déserts médicaux.

 

“Je vais monter sur mon vélo et faire le tour des patelins. Je veux m’adresser aux gens, aux maires, aux cabinets médicaux. J’aimerais aussi trouver des hommes politiques…” A 63 ans, le Dr Danielle Paul-Duveaux n’a qu’un seul objectif: “secouer le cocotier” pour que de réelles mesures soient prises afin d’endiguer la désertification médicale. “Je suis prête à assumer. Je ne le fais pas pour moi, mais pour les jeunes. J’aurais dû me réveiller dix ans plus tôt mais j’étais dans ma routine de médecin généraliste et je ne réalisais pas l’ampleur du problème” confie la future retraitée.

 

“Pourquoi pas” un peu de coercition

C’est lorsque trois de ses confrères ont pris leur retraite cette année qu’elle a pris conscience du phénomène. “Les patients venaient me voir inquiets, incapables de retrouver un médecin traitant. Les collègues acceptaient de les voir en consultation de dépannage mais ne pouvaient plus prendre de nouveaux patients” raconte-t-elle, alarmée, avant d’ajouter : “Il manque cinq médecins à l’hôpital de Maubeuge et le délai pour avoir rendez-vous avec un ophtalmo est de 18 mois.”

Depuis quelques semaines, la généraliste a décidé de prendre les choses en main. “Je ne dis pas que rien n’est fait. Je sais qu’il y a des contrats d’engagement de service public (CESP) ou de praticien territorial de médecine générale mais je voudrais que les acteurs de la santé et les élus poussent un peu plus”, s’exclame la praticienne réclamant une hausse du numerus clausus et “pourquoi pas” un peu de coercition. “Cela peut-être une option. Il faudrait obliger les jeunes à rester dans la région où ils ont fait leurs études. Les douaniers ou les instituteurs sont bien obligés d’aller là où on les affecte… D’autant que l’hôpital est aussi un service public”.

 

Une centaine de kilomètres à vélo

Un état d’esprit qui ne semble pas être partagé par ses confrères de la région, et encore moins par les jeunes. “J’ai demandé à un interne en stage chez un confrère ce qu’il pensait de mon idée. Il a répondu qu’il n’avait pas fait 9 ans d’études pour qu’on l’oblige à s’installer”, relate la généraliste dépitée. Après avoir organisé un petit rassemblement à Maubeuge, Danielle Paul-Duveaux a pu constater le peu de retours positifs de sa démarche. Le maire est arrivé une heure en retard et les praticiens de la région n’ont pas fait le déplacement. “Ils auraient préféré une concertation” admet-elle. Seuls ses patients et la presse locale ont répondu à l’appel.

Mais sa décision est prise. Le premier jour de sa retraite ne sera pas dédié au repos mais marquera le début de son périple. Une centaine de kilomètres à travers les champs de betteraves et de maïs en pleine récolte. L’expédition devrait durer huit à neuf jours. La future retraitée a déjà prévu tous les détails pratiques et notamment son hébergement. “J’ai de la chance, mon mari me suivra en camping-car” annonce-t-elle. Plusieurs rassemblements de jeunes sont prévus sur son parcours, “preuve que les gens sont concernés” affirme la généraliste.

D’ici là, elle espère parvenir à réaliser son rêve… “Je voudrais que mon député pose la question de la désertification médicale à l’Assemblée Nationale” révèle Danielle Paul-Duveaux. Un rendez-vous avec l’élu est prévu la semaine prochaine annonce-t-elle énigmatique.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin