En 1857, le Dr James Barry, chirurgien militaire irlandais, arrive au Canada pour occuper le poste d’inspecteur général des hôpitaux militaires britanniques. C’est la première fois qu’un médecin occupe un rang aussi élevé dans l’armée. Médecin excellent et militaire modèle, la carrière du Dr Barry est exemplaire. Mais il cache un lourd secret, qui ne sera révélé qu’au moment de sa mort.
Après ses études de médecine à Edimbourg, le docteur Barry sert pendant 40 ans au sein de l’armée britannique. Il participe à la bataille de Waterloo, sert en Inde puis est envoyé à l’Ile Maurice, Saint-Hélène, Corfou… Avant d’être nommé inspecteur général des hôpitaux militaires au Canada.
Des idées très progressistes
Sur le terrain, le médecin défend ses idées, très progressistes pour l’époque. Il s’affiche en effet fervent défenseur des soins pour les noirs, les pauvres et les femmes. Il est à l’origine de nombreux changements dans le mode de vie des soldats britanniques : il met en place de grandes réformes sanitaires dans les camps militaires, y fait installer des salles de sport et une bibliothèque et impose aux soldats une alimentation équilibrée. C’est aussi grâce à lui que les militaires mariés ont pu disposer d’appartements séparés.
Le docteur Barry est un personnage énigmatique au physique androgyne. Il est petit et délicat, n’a pas de barbe, ni les favoris que tous les hommes affectionnent à l’époque. Ses camarades le disent froid, parfois irascible, surtout quand on se moque de sa voix aigüe. Mais ses patients, eux, louent sa sympathie. Sa démarche quant à elle est légèrement efféminée, mais sans doute est-ce dû aux épaisses semelles qu’il met dans ses souliers pour gagner quelques centimètres, ou bien au coton qu’il place dans ses vestes pour épaissir sa silhouette.
L’homme est également un brin excentrique. Végétarien, il ne boit jamais une goutte d’alcool. On raconte qu’il aime se promener toujours accompagné d’un petit chien blanc et d’un serviteur noir. Il aurait d’ailleurs dû précipitamment quitter l’Afrique du Sud après des accusations sur de prétendues relations intimes avec un des gouverneurs de la colonie.
Ses femmes de ménage découvrent l’incroyable secret
Après avoir passé deux hivers au Canada, James Barry attrape une bronchite chronique qui marque la fin de sa carrière militaire. Il est envoyé à Londres, pour prendre sa retraite. En 1865, à l’âge de 70 ans, il meurt d’une infection contractée suite à une grippe.
Ses deux femmes de ménages se chargent de prendre soin de la dépouille et découvrent l’incroyable secret. Le chirurgien est en réalité… une femme. James, Miranda, Barry a vécu plus de 40 années déguisée en homme. La supercherie débute en 1809, quand Margaret Ann Buckley, son vrai nom, tente d’intégrer l’école de médecine, alors réservée aux hommes. Déterminée à devenir chirurgien, la jeune femme décide de se travestir. L’armée, n’étant pas plus ouverte aux femmes que la médecine, elle resta déguisée tout au long de sa carrière. Sans que personne ne se rende compte de rien.
En plus d’avoir été un chirurgien au talent indéniable, le docteur Barry est aussi la première femme médecin d’Angleterre, et la première femme à passer toute sa carrière médicale dans les forces armées britannique. C’est aussi la première femme à avoir exercé au Canada. Les universités de médecine britanniques, elles, n’ouvriront leurs portes aux étudiantes qu’en 1878.
Source :
www.egora.fr
Auteur : A. B.
[D’après Sous l’œil d’Hippocrate, Petites histoires de la médecine de la préhistoire à nos jours, de Marc Magro, et Lemedecinduquebec.org]