Le Dr Yves Trimaille est arrivé un peu par hasard sur l’île de Bréhat en Bretagne où il est l’unique médecin généraliste. Disponible 7 jours sur 7 et 24h sur 24, il se déplace à vélo pour faire ses visites. Il vient de débuter une formation de correspondant Samu et de médecin pompier pour renforcer l’offre de soins d’urgence au niveau local.

 

“Cela fait pile un an que je suis sur l’île et je suis très content” se réjouit le Dr Yves Trimaille. Pourtant, le médecin généraliste est arrivé sur un coup de poker à Bréhat. “J’étais installé dans le Doubs mais j’avais envie de changer de secteur. J’ai vu une annonce. Je ne connaissais pas l’île mais j’ai répondu oui sans même venir visiter. Uniquement sur les critères d’annonce et d’environnement” explique celui qui a été séduit par l’exercice isolé en autonomie et par “le cadre”.

Depuis son arrivée, il constate le changement d’exercice. L’île de Bréhat, située dans le département des Côtes d’Armor est une commune de moins de 400 habitants, interdite aux engins motorisés. Le praticien se rend donc chez ses patients à vélo. “C’est plus simple et ça permet de faire de l’exercice” s’amuse-t-il. Dans le Doubs, il roulait près de 1000 kilomètres par semaine pour les visites.

 

300 000 touristes l’été

S’il avait pour habitude de faire des grosses journées de travail avant, désormais son emploi du temps varie en fonction des saisons. “Je soigne trois types de population. Les sédentaires qui sont environ 300, les vacanciers habituels qui sont entre 4000 et 6000 par an et les 300 000 touristes qui passent sur l’île de mi-juillet à fin aout”, explique le praticien qui est aussi en charge des 45 habitants de l’Ehpad local.

Eté comme hiver, il consulte de 10h à 12h et de 17h à 18h mais la fréquentation varie du simple au triple. “L’hiver, je fais au maximum 10 actes par jour. L’été, l’activité est multipliée par trois bien que j’arrive à me tenir à ces horaires. Je termine à 19h maximum.” constate-t-il. Il se rend également quotidiennement à la maison de retraite.

L’isolement de l’île a modifié complétement les conditions d’exercice du praticien. “Avant je me sentais dépossédé de tout, aujourd’hui mes actes sont beaucoup plus éclectiques. Je fais de la traumato de la microchirurgie, des pathologies classiques” s’enchante le praticien. Située à plus de 30 minutes d’un service d’urgence, le praticien est de garde tous les jours avec nuit profonde. “Les gens sont assez respectueux et je suis peu réveillé la nuit” remarque-t-il.

 

70 000 euros par an

Si cela peut s’apparenter à une contrainte forte, l’aspect financier des gardes est un atout non négligeable. “Je gagne environ 70 000 euros par an, uniquement pour mes gardes. Je travaille beaucoup moins que dans le Doubs mais mon salaire est plus ou moins équivalent ici. D’autant que j’ai très peu de frais” calcule-t-il avant d’ajouter : “Et j’ai beaucoup moins de pression ici.”

Le généraliste est également en charge de la pro-pharmacie. C’est lui qui se charge de fournir aux patients les médicaments en rapport avec leur prescription médicale. “Cela ne me rapporte rien. J’ai un employé qui s’occupe de cela avec moi” explique le Dr Trimaille.

Et pour ajouter une corde à son arc, le praticien vient de démarrer une formation pour devenir médecin correspondant du Samu. D’ici quelques semaines il débutera également une autre formation pour être médecin pompier. “L’île est isolée, joignable uniquement par bateau. L’hélicoptère ne se déplace que de jour. Il faut donc développer l’offre de soins d’urgence” explique le médecin.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin