Pour sauver Henri II du trépas, ses chirurgiens ont tout tenté, jusqu’à décapiter quatre prisonniers du Châtelet pour reproduire sa blessure à la tête et l’étudier. En vain. Le 10 juillet 1559, après dix jours d’atroces souffrances, le fils de François Ier, époux de Catherine de Médicis, abandonne le royaume des vivants pour celui des morts.

 

Le 28 juin 1559, Henri II célèbre un double mariage : celui de sa fille avec Philippe II, roi d’Espagne, et celui de sa sœur avec le duc de Savoie. Pour fêter l’événement, il organise un tournoi devant son palais des Tournelles, rue Saint-Antoine.

Las d’être assis sur son trône depuis deux jours, le souverain de 40 ans et colosse d’un mètre quatre-vingt exige de participer au tournoi. Il enfile alors une lourde armure, enfourche son destrier, empoigne sa lance, salue la foule et sa belle maîtresse cougar de vingt ans son aînée, Diane de Poitiers, négligeant au passage la reine Catherine de Médicis.

Après plusieurs victoires, il invite le jeune capitaine de sa garde écossaise, Gabriel de Montgomery, à l’affronter. Les deux cavaliers s’élancent ; le choc est terrible. La lance de Montgomery se brise sur la cuirasse du roi. Un éclat s’introduit sous la visière de son casque et se plante au-dessus de l’œil droit. Sous la violence du coup, le corps du roi vacille et glisse à terre, sous les cris de désespoir de la foule.

Lorsqu’on lui enlève son casque, un flot de sang s’écoule sur le sol. Par miracle, Henri II n’est pas mort. Il a perdu connaissance. Pour le ranimer, ses sujets l’aspergent généreusement d’eau et de vinaigre. Selon certains témoins, le roi reprend ses esprits quelques minutes et pardonne à son adversaire.

Une fois qu’il est allongé, ses médecins et chirurgiens commencent par laisser les barbiers retirer les principales échardes fichées dans la partie gauche de son visage. Le souverain se tordant de douleur, ils s’interrompent avant d’en avoir terminé. Jean Chapelain, le premier médecin du roi, ordonne alors la saignée, le blessé ayant pourtant déjà perdu beaucoup de sang. Puis, pour combattre sa fièvre, les apothicaires lui font absorber un puissant émétique composé de rhubarbe et de momie (mélange de bitume et de poix), le malheureux réagissant en se vidant par les deux extrémités.

Ambroise Paré, chirurgien ordinaire du roi, est appelé au chevet du blessé. Il laisse une description de la blessure du roi dans son journal, dont la véracité n’est pas authentifiée : “… un esclat du contrecoup luy donna au-dessus du sourcil dextre et lui dilacéra le cuir musculeux du front près l’os, transversalement jusques au petit coin de l’oeil senestre, et avec ce plusieurs petits fragmens ou esquilles de l’esclat demeurèrent en la substance dudit oeil sans faire aucune fracture aux os. Donc, à cause de telle commotion ou esbranlement du cerveau, il décéda l’onzième jour qu’il fut frappé.”

Avant de sonder la plaie avec leurs instruments, les chirurgiens veulent d’abord connaître sa forme et sa direction. Ils décident alors d’organiser une reconstitution, avec de vraies têtes fraîchement coupées. Quatre détenus de la prison du Châtelet sont décapités. Des éclats de bois sont fichés de force dans les quatre têtes qui sont, ensuite, sciées en deux.

Peine perdue. Le quatrième jour après la blessure, la température du blessé connaît un répit. Henri II reprend connaissance. Trouve-t-il le temps de dire adieu à sa maîtresse, Diane ? Nulle ne le sait. Le roi retombe vite dans le coma. À partir du 5 juillet, Henri II se met à délirer. Le 10 juillet, vers 15 heures, Henri II l’impétueux meurt après un dernier spasme.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : M. D.

 

[Avec Morts mystérieuses de l’Histoire, Dr Cabanès]