S’il n’atteint pas le record de Mozart, qui s’est vu attribuer pas moins de 140 causes pour sa mort, Ludwig Van Beethoven a fait l’objet de nombreuses publications, concernant sa santé. On connait bien entendu ses problèmes de surdité. Mais il y aurait aussi eu la syphilis, la tuberculose, la maladie de Paget… En réalité le musicien souffrait surtout de problèmes d’alcool.

 

En décembre 1826, Beethoven revient de voyage avec une infection respiratoire. Son médecin, le docteur Wabruch, le prend en charge. Le musicien se remet doucement. Quelques jours plus tard, on effectue une ponction d’ascite et on lui retire plus de 10 litres de liquide, mais la procédure entraîne une infection cutanée.

Beethoven passera les quatre mois suivants alité. Son frère fait remarquer qu’il ne s’alimente que d’œufs durs et consomme du vin. Le 24 mars 1827, Beethoven reçoit les derniers sacrements et tombe dans le coma dans l’après-midi. Le 26 mars, à 56 ans, il décède. A sa demande, son corps est autopsié le 27 mars.

 

Autopsie ratée

C’est le médecin, Johann Wagner, qui s’en charge. Il découpe le crâne bien maladroitement en enlevant les osselets des oreilles, probablement pour étudier la perte d’audition du compositeur, ce qu’on ne découvre que lors d’une exhumation en 1863. Le corps a alors été placé dans un nouveau caveau, mais sans certains fragments d’os qui ont réapparu dans les affaires personnelles d’un anthropologue en 1945. En 1990 et en 2005, des chercheurs les identifient par une analyse d’ADN en les comparants avec une mèche de cheveux de Beethoven.

Les recherches sur ces fragments, mais aussi les écrits retrouvés du compositeur, de ses médecins, et les résultats de son autopsie ont permis aux chercheurs de dresser un portrait médical assez précis.

Les problèmes de surdité de Beethoven sont apparus alors qu’il avait à peine 30 ans. Sa perte d’audition a été progressive et s’est déroulée sur une période de plusieurs années. En 1801, dans une lettre à un ami, il évoque cette situation si tragique ; il n’entendait plus les sons aigus de la voix et des instruments. Ses problèmes auditifs étaient tels qu’à l’âge de 44 ans toute conversation était devenue impossible. L’autopsie écartera une origine auto-immune de cette surdité, tout comme une syphilis ou une otospongiose.

Par contre des niveaux de plomb élevés ont été découverts sur les restes du compositeur. Ils suggèrent une exposition répétée sur une longue période de temps, plutôt qu’une exposition plus brève survenue avant le décès de Beethoven. La progressivité de la perte auditive et les troubles digestifs du musicien sont compatibles avec une possible intoxication saturnique. Mais comment le musicien a-t-il pu s’intoxiquer à ce point ?

 

Du plomb dans le vin

En 2007, un médecin autrichien évoque les cataplasmes imbibés de plomb, prescrits par son médecin lors des ponctions d’ascite. Mais pour une autre équipe, celle de Michael Stevens, de l’Université de l’Utah, “Bien que le plomb puisse provenir de nombreuses sources externes, dont la vaisselle, des flasques de vin, du cristal au plomb, et l’eau des stations thermales, nous pensons que, dans le cas de Beethoven, la source la plus probable est le vin. Il est bien connu qu’à cette époque du plomb était ajouté illégalement aux vins bon marché pour améliorer leur saveur. Beethoven appréciait particulièrement les vins frelatés de Hongrie”, écrit-il dans The Laryngoscope.

Car s’il y a une chose sur laquelle s’accordent les chercheurs au sujet de la santé de Beethoven, c’est bien sa dépendance à l’alcool. Elle aurait commencé très jeune, à 17 ans, après la mort de sa mère. Selon un article du Monde, l’autopsie de l’artiste révèle à quel point ses organes étaient rongés par l’alcool. “La cavité abdominale est remplie de quatre quarts d’un liquide rougeâtre, nuageux. La taille du foie est réduite de moitié. Il est compact et d’une consistance parcheminée, de couleur bleu-vert, et sa surface est couverte de nodules de la taille d’un haricot”, peut-on lire dans le rapport d’autopsie. La rate et le pancréas ont doublé de volume, les reins sont fortement atteints.

 

L’alcool comme remède

D’après François Martin Mai, qui signe en 2006 un article dans le Journal of the Royal College of Physicians of Edinburgh, c’est bien une défaillance du foie sur cirrhose alcoolique, compliquée d’une péritonite, qui a emporté Beethoven. L’alcool sera d’ailleurs son principal remède lorsque, quelques jours avant sa mort, il souffre le martyre. “Comment pourrai-je assez vous remercier pour ce champagne excellent ; comme il m’a restauré et comme il va me restaurer encore !” écrit-il alors au baron Johan Pasqualati. Ce seront ses dernières paroles.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[D’après des articles publiés sur Lemonde.fr, Lefigaro.fr et Medecine-des-arts.com]