La Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE) demande la mise à disposition dès cette année d’un nouveau test de dépistage qui permettrait de sauver des milliers de vie. Un retard de près d’un an a déjà été pris par les pouvoirs publics.

 

Chaque année, 42 000 nouveaux cas de cancer colorectal sont diagnostiqués. Bien que la guérison soit possible plus d’une fois sur deux, ce cancer représente actuellement en France la deuxième cause de mortalité par cancer. La plupart des cancers colorectaux se développent essentiellement à partir de 50 ans, chez des personnes n’ayant pas de facteur de risque identifié, à partir de lésions précancéreuses bénignes, les polypes. À leur stade asymptomatique, les gros polypes et les cancers sont habituellement responsables d’un saignement inapparent. “Il est bien établi que la recherche de ce saignement occulte dans les matières fécales, grâce au test Hemoccult réalisé tous les deux ans, permet d’obtenir une diminution de la mortalité par cancer colorectal d’environ un tiers chez les participants au dépistage”, rappelle le SNFGE. Ce test a l’intérêt d’être simple, acceptable, sans danger, peu coûteux et d’efficacité démontrée.

 

Eviter des décès

La HAS a recommandé en 2008 le passage du test Hemoccult aux tests immunologiques car ces nouveaux tests de détection de sang dans les selles sont plus efficaces. C’était d’ailleurs l’une des priorités du plan cancer II qui vient de s’achever. Principal avantage, les tests immunologiques détectent l’hémoglobine humaine de façon plus précise ; ils détectent 8 cancers sur 10 au lieu de 4 cancers sur 10 pour le test Hemoccult. Ils détectent 4 fois plus de lésions précancéreuses. Grâce à leur capacité à détecter des lésions colorectales encore non cancéreuses (adénomes avancés), les gastroentérologues estiment qu’il sera possible non seulement d’éviter des décès dus au cancer mais même de diminuer le nombre de cancers. Autre avantage, “la lecture des tests immunologiques est automatisée, ce qui enlève le risque de mauvaise lecture par erreur humaine qui était la caractéristique du test Hemoccult”. Et le test ne coûte pas plus cher dans sa réalisation que le test Hemoccult. De plus, il nécessite un seul prélèvement de selles, contrairement au test Hemoccult où deux prélèvements sur trois selles consécutives (soit 6 prélèvements) sont nécessaires.

 

Alerter l’opinion publique

L’INCa avait publié en 2011 un rapport précisant les conditions du passage aux tests immunologiques. La secrétaire d’état à la santé en 2011, Nora Berra, avait défini la date du passage aux tests immunologiques, mars 2013. La SNGE a décidé d’alerter l’opinion publique car “un retard de près d’un an a déjà été pris par rapport à l’engagement de la secrétaire d’état à la santé. Et mettre en place ce nouveau test nécessitera encore environ un an car il faut faire un appel d’offre, acheter les tests puis organiser sur le terrain la lecture et la distribution du test”. Le SNGE, “demande que l’appel d’offre pour l’achat du test immunologique soit lancé avant la fin du mois de janvier 2014. Elle demande aussi la publication d’un calendrier précis du passage au test immunologique et la mise en place d’un groupe technique encadrant le développement du nouveau dépistage associant les représentants des acteurs de ce dépistage. Il ne faut plus aucun délai dans le processus administratif, qui doit être transparent, si l’on ne veut pas perdre encore de nombreux mois. C’est la vie des personnes mieux dépistées qui serait mise en jeu”.

 

Source :
http://www.egora.fr
Auteur : Evelyne Delicourt