14 dentistes roumains et 3 bulgares se sont installés dans le département des Deux-Sèvres en l’espace de trois ans. Une arrivée en masse qui semble satisfaire les dentistes déjà installés.

 

Après l’installation de nombreux médecins généralistes originaires d’Europe de l’Est et notamment de Roumanie, les chirurgiens-dentistes semblent également s’intéresser de près au système de santé hexagonal. En quelques années, ils sont des dizaines à s’être installés dans des départements vus comme peu attractifs pour les praticiens français. Côtes d’Armor, Vienne, ou encore Deux-Sèvres ont ainsi vu grimper leur population de chirurgiens-dentistes.

 

“1 300 chirurgiens-dentistes roumains désirent s’installer en France”

“Ces nouveaux dentistes permettent de pallier la chute de l’offre de soins. Ils soulagent ceux qui sont déjà installés. Il en faudrait encore une trentaine pour satisfaire tous les besoins” estime le Dr Jean Demaison, président du syndicat des chirurgiens-dentistes des Deux-Sèvres. Qu’il se rassure, les candidats roumains ne manquent pas. D’après Alexandra Badila, directrice générale de la société Santemed solutions, entreprise de placement de personnels spécialisés dans les domaines médicaux basée en Roumanie, “1 300 chirurgiens-dentistes roumains désirent s’installer en France”. Un marché florissant puisque la société enregistre “trois à cinq nouveaux clients par jour”.

Cela a été le cas du Dr Cristian Bonca-Martin, installé à Thouars, dans le département des Deux-Sèvres, depuis novembre 2012. “J’avais un cabinet en Roumanie, mais le système de santé français est beaucoup plus avantageux. La Roumanie est un pays pauvre avec un très faible pouvoir d’achat” explique-t-il. Comme la plupart de ses confrères, il a donc racheté un cabinet à un faible prix en répondant à une annonce sur internet. Il ne regrette pas sa décision et la patientèle est au rendez-vous.

“Les dentistes roumains sont bien plus impliqués lorsqu’ils investissent dans un cabinet. Tout payer pour favoriser leur installation est loin d’être une bonne idée. Une commune du département a créé un cabinet dentaire et a accueilli un praticien roumain sans aucune contrepartie. Bilan, il est venu travailler l’été, puis fort de son nouveau pouvoir d’achat, il est reparti en Roumanie. Trois mois plus tard, il n’avait plus de sous alors il est revenu” raconte le Dr Demaison.

 

“Certains confrères travaillent encore comme nous pouvions le faire il y a 50 ans”

Selon Alexandra Badila, “pour reprendre un cabinet dentaire, un chirurgien-dentiste roumain peut payer entre 15 000 et 100 000 euros, en fonction de différents paramètres comme le chiffre d’affaire, le type de patientèle, le potentiel du cabinet, ou la région où il se trouve ”. Dans les Deux-Sèvres, la somme oscille autour d’une dizaine de milliers d’euros.

Si le président du syndicat de dentistes se réjouit de l’arrivée de ces nouveaux praticiens, il reste dubitatif sur la viabilité de leur démarche. “Je ne suis pas pessimiste mais il faudra attendre pour voir. Certains vivront des périodes difficiles au début puis le temps fera son effet” prédit-il. Un temps qui sera également nécessaire pour que ces praticiens se mettent à notre niveau technique. “Certains confrères travaillent encore comme nous pouvions le faire il y a 50 ans. Je le vois sur les patients. Ils pratiquent moins d’anesthésie ou utilisent encore des pansements à l’arsenic” constate le Dr Demaison.

Pourtant pour exercer en France, les praticiens doivent franchir plusieurs étapes censées valider leurs capacités. “Les chirurgiens-dentistes roumains doivent d’abord obtenir auprès du Ministère de la Santé de Roumanie, l’obtention de l’attestation de conformité de leur diplôme, qui leur donne le droit d’exercer dans tous les pays de l’Union Européenne. Ensuite, il est impératif qu’ils connaissent la langue française au moins au niveau conversationnel ou qu’ils soient en train de prendre des cours intensifs. Un troisième critère de sélection concerne l’expérience dans la pratique dentaire d’au moins un an. De plus, il est très important que le chirurgien-dentiste qui désire s’installer en France soit motivé et déterminé, car sinon, compte tenu de toutes les étapes à parcourir pour l’installation, il abandonnera dès qu’il rencontrera les premières difficultés” énumère Alexandra Badila.

Bilan, une fois installés, l’intégration des praticiens se passe bien. Le Dr Cristian Bonca-Martin se réjouit d’avoir de très bonnes relations avec ses confrères. Même avis de la part du Dr Demaison. La plupart adhèrent d’ailleurs à son syndicat afin de pouvoir se faire aider en cas de problème de compréhension avec l’administration. “Ils sont là pour bosser eux, contrairement aux jeunes diplômés français qui ne veulent s’installer que sur la côte et faire le moins d’heure possible” tranche le syndicaliste.

 

Source :
http://www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin