De la grenade comme contraceptif oral, des préservatifs faits de lin, des spermicides à base de bouse de crocodile… Plusieurs siècles avant l’arrivée de notre pilule, les Egyptiens de l’antiquité avaient déjà à leur disposition de nombreux outils pour contrôler les naissances. Et ils ont même inventé le tout premier test de grossesse naturel qui, en plus, permettait de dévoiler le sexe du bébé !

 

Soucieux d’en savoir plus sur les pratiques intimes des Egyptiens, un groupe de chercheurs, menés par Lana Williams, chercheuse à l’Université de Floride, sont allés fouiller du côté d’un cimetière de l’oasis de Dakhla, à plus de 700 km au sud-ouest du Caire. Ils ont sorti du sol, près de 800 sépultures. Ils ont estimé l’âge des individus au moment de leur mort. Ils ont également pu déduire le mois du décès. Et au cours des fouilles, les chercheurs ont identifié 124 bébés, dont le décès serait intervenu entre 18 et 45 semaines après leur conception.

 

L’été, saison des amours

Les résultats des recherches, publiés dans la revue Live Science, ont révélé que la très grande majorité des naissances avaient lieu en mars – avril. Ce qui signifie que les enfants sont majoritairement conçus en juillet – août, ce qui est une spécificité des Égyptiens, étant donné qu’ailleurs, les grosses chaleurs ont plutôt tendance à atténuer la libido et même le nombre de spermatozoïdes.

Parmi les pistes explorées pour expliquer ce phénomène: la croyance de fertilité imputée au Nil. Les habitants de l’oasis de Dakhla pensaient que la crue subite du Nil qui avait lieu tous les étés était la clé de la fertilité de leurs terres. Toujours est-il que la découverte d’une “saison des amours” chez les Egyptiens, prouve, selon la chercheuse, qu’ils avaient bien recours à la contraception le reste de l’année.

En réalité, seules quelques Egyptiennes utilisaient les moyens contraceptifs. Il s’agissait des prostituées ou des filles non-mariées qui voulaient éviter un scandale. Les contraceptifs étaient aussi préconisés pour des raisons médicales, quand l’état de santé ou psychique d’une femme rendrait une grossesse trop dangereuse.

Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, les femmes avaient l’embarras du choix pour maitriser leur corps.

 

Préservatifs à partir de membranes intestinales de moutons

Le plus courant était certainement le préservatif. On en trouve les premières traces entre 1350 et 1200. Le préservatif était alors composé de lin coloré, trempé dans l’huile d’olive. On sait qu’ils étaient utilisés sur les momies par les embaumeurs, mais nous ne savons pas si c’était pour des raisons sacrées ou sexuelles… On a aussi connaissance de préservatifs fabriqués à partir de membranes intestinales de moutons, ils étaient surtout utilisés contre les maladies infectieuses.

Des graines de grenades, réduites en poudre, faisaient également partie de l’attirail contraceptif des Egyptiennes. Car les médecins de l’époque, à qui on doit de nombreuses découvertes utiles à la médecine moderne, semblaient avoir compris que les œstrogènes, permettaient d’empêcher le développement du fœtus. Et justement, le fruit du grenadier contient un œstrogène naturel.

Cependant, la plupart des contraceptifs étaient visiblement utilisés en application locale. On retrouve plusieurs textes anciens, des papyrus, qui prouvent à quel point la connaissance des Egyptiens en pharmacopée était élaborée. Un papyrus évoque un mélange d’“épines d’acacia finement broyées, mélangées à des dattes et du miel et étendues sur un tampon de fibre introduit profondément dans le vagin.” La fermentation des épines d’acacia permet de dégager un acide lactique, qui est aujourd’hui un des composants de certains spermicides modernes.

 

Si l’orge poussait, cela signifiait que l’enfant serait un garçon

Un autre texte, vieux de 3 800 ans, détaille une autre recette à base de bouse de crocodiles ou d’éléphants fermentées, mélangées à des dattes ou du miel. Une mixture qui permettrait de tuer les spermatozoïdes. Efficace ? “Une solution à base de bouse de crocodile dans le corps de la femme peut probablement dissuader l‘homme et de fait, être en soi un moyen de contraception”, explique la chercheuse Lana Williams. Elle note toutefois qu’il y a certainement, dans la bouse de crocodile, des propriétés contraceptives. “C’est très intéressant d’observer les ingrédients de plus près. L’acidité contenue dans la bouse de crocodile et les propriétés antibactériennes du miel, peuvent en effet agir comme un spermicide.”

Il y a une autre innovation que l’on doit aux Egyptiennes : le test de grossesse. Dans Le fabuleux héritage de l’Egypte, l’égyptologue Christiane Desroches-Noblecourt raconte que les femmes humectaient chaque jour un échantillon d’orge et d’amidonnier avec leur urine. Si l’orge poussait, cela signifiait que l’enfant serait un garçon. Et si l’amidonnier poussait, ce serait une fille. Si aucun des deux ne poussait, cela voulait dire que la femme n’était pas enceinte. L’efficacité de ce test a été confirmée par la science moderne. L’urine des femmes qui ne sont pas enceintes empêche en effet l’orge de pousser…

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

[D’après un article de Slate.fr et Leplus.nouvelobs.com]