Depuis neuf mois, le docteur Gécé est remplaçante dans un cabinet en pleine campagne. D’origine parisienne, blogueuse, elle est ravie de son désert, des relations qu’elle noue avec ses patients, et s’amuse des petites contrariétés qui peuvent se présenter.

 

“Je suis tombée amoureuse du travail à faire ici. J’ai tout de suite eu l’impression d’avoir un rôle à jouer”, confie le docteur Gécé. Médecin généraliste non thésée, elle est remplaçante régulière dans un cabinet en plein désert. “C’est un petit village de 1 500 habitants, sous le soleil du sud-ouest”, précise-elle, enthousiaste. “L’hôpital le plus proche est à 45 minutes, les premiers spécialistes à 25 minutes en voiture”, le décor est planté.

 

“Les gens viennent parfois pour me parler, juste se confier…”

D’origine parisienne, elle aurait pu terminer ses études et faire son internat à la capitale, mais elle a choisit d’aller voir ailleurs. “J’ai pensé que c’était justement une opportunité pour bouger”. Direction, donc, le village de son directeur de stage d’internat. Après trois ans de remplacements de congés, elle assure depuis le mois de novembre des remplacements réguliers à hauteur d’un jour et demi par semaine. “Le reste du temps, je suis censée bosser ma thèse”, explique le docteur Gécé. Et dès lundi prochain, du fait des vacances de “Docteur Remplacé”, elle enchaînera quatre semaines à temps plein.

“Je travaille régulièrement ici depuis neuf mois, et même si c’est très peu à l’échelle d’une vie de médecin, je commence à suivre les gens. J’ai vu grandir des bébés, j’ai suivi des malades… Et j’adore ça. Maintenant, je suis presque leur médecin de famille.”

“Ici, le médecin généraliste a toute sa place”, poursuit-elle.”Je vois des gens de tous âges, des enfants, des malades, et aussi des pas malades. Les gens sont gentils, ils me remercient, même quand je ne fais pas grand-chose ! Ils viennent parfois pour me parler, juste se confier… Je ne suis pas sûre qu’ils aient beaucoup à qui parler ici.”

Autant de petites choses qui donnent au médecin généraliste une place à part entière dans la vie de ses patients, pour le plus grand bonheur du docteur Gécé. “Même si je n’ai jamais travaillé en cabinet en ville, j’ai l’impression qu’à Paris par exemple, on a pas vraiment ce rôle là.”

“Et puis un truc génial à la campagne, c’est que les gens vous amènent à manger ! Des crêpes à la chandeleur, des champignons, du vin…”, commente-t-elle dans un sourire.

 

Certains ne veulent voir que le docteur remplacé

Alors bien sûr, elle ne fait pas le bonheur de tout le monde. “Certains ne veulent voir que le Docteur Remplacé, qu’ils connaissent et qui les connaît. Parce qu’avec moi, les antibiotiques ne sont pas automatiques, parce que je recommande du miel pour un rhume… Je dis que je m’en fiche, que ça fait des consultations plus sympas avec ceux qui veulent bien me voir, mais en vérité, ça me vexe !”, lâche la jeune femme en riant.

A l’inverse, au fil des mois, elle a su gagner la confiance d’autres patients. “Je fais aussi de la gynéco, et je tiens beaucoup au bien-être des patientes. Alors les femmes se sont passé le mot même dans les villages aux alentours et viennent me voir au lieu de faire une demi-heure de trajet. Certains patients demandent à me voir, moi, reconnaît-elle. C’est ma petite fierté.”

Seul bémol à cette vie qui lui plaît tant, dans ce petit village où elle exerce, désert oblige, sans croiser de confrères : quelques moments de solitude. Mais docteur Gécé a rapidement trouvé la solution avec le réseau social Twitter. “Ca me permet d’être en lien avec d’autres médecins, de ne pas être toute seule. Etant donné que je ne vois jamais mon Remplacé, c’est super important pour moi”, tient-elle à indiquer.

Grâce à son blog et sa présence sur Twitter, elle partage ses expériences, anecdotes et découvertes avec d’autres praticiens qui sont parfois dans la même situation qu’elle. Récemment, elle a même lancé sur le réseau social le “#Michelin d’or”, qui recense les indications les plus farfelues pour les visites à domicile. Du “C’est facile, c’est juste après les vignes”, au cœur d’une région viticole, au “Prenez la route du village et à un moment, tournez à gauche », en passant par “La maison avant le bourg, avec les volets en bois. J’espère qu’il n’y en a qu’une”, la récolte a bien commencé.

“C’est parti d’une blague, commente docteur Gécé. Mais ce sont des situations que l’on rencontre très souvent en visite ! Et qui vous font perdre pas mal de temps… Mon mari m’a offert un GPS et je le remercie à chaque fois que je fais une visite à domicile !”

 

Les avantages du libéral sans les inconvénients

Mais si la vie de médecin généraliste en pleine campagne l’a séduite, elle est consciente que son statut de remplaçante lui permet de bénéficier des avantages sans avoir à souffrir des inconvénients. “J’ai un peu une vision Bisounours… C’est vrai que je n’ai pas à me soucier des préoccupations financières. Moi, si je ne fais que quatre consultations dans la journée, ce n’est pas grave. Rien à voir avec un médecin installé en libéral…”, concède-t-elle.

Dans quelques mois, docteur Gécé quittera son petit village pour suivre son mari à Paris. Mais déjà, elle prévoit de remplacer son désert par un autre. “Je pense chercher un remplacement dans un coin sans trop de médecins, type docteur Milie, dans le 93 par exemple. Je veux aider les gens qui n’ont pas un accès facile aux soins, je veux avoir mon rôle à jouer.”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Fanny Napolier