La 7ème édition de l’Atlas démographique du conseil national de l’Ordre des médecins, éclaire sur l’apport des praticiens retraités actifs et des médecins à diplôme étranger qui permettent de pallier les affres du creux démographique en cours.

 

La France comptait 271 970 médecins inscrits au conseil de l’Ordre au 1er janvier dernier, dont 215 865 actifs (51,1 an d’âge moyen) et 56 105 retraités. Et malgré cela, en présentant mardi la 7ème édition de l’ Atlas de la démographie française, le président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) Michel Legmann a une nouvelle fois alerté sur les risques que la désertification médicale en cours faisait peser sur l’offre de soins. Pour la contrebalancer, le CNOM a souligné l’émergence de deux nouvelles “forces” : les médecins retraités actifs (qui sont maintenant plus nombreux que les remplaçants) et les titulaires d’un diplôme médical obtenu à l’étranger, dans l’union européenne ou hors de celle-ci. Jamais la montée en puissance de ces deux entités n’avait été aussi sensible, et promet de le devenir de plus en plus à l’avenir.

 

Plus de retraités actifs que de remplaçants

Les médecins retraités actifs, par exemple. Au nombre de 10 952, pour 64 % d’entre eux en libéral, d’un âge moyen de 68 ans, ils dépassent numériquement 1er janvier dernier, la cohorte des remplaçants (10 138) ! Malgré les entraves mises à leur expansion (pour les libéraux, cotisations à la CARMF sans obtenir de points) les retraités actifs devraient atteindre le chiffre de 29 389 en 2018, selon les projections du CNOM. Amour du métier ou d’une patientèle que l’on ne veut pas lâcher sans successeur, insuffisance de la pension retraite. Qui sait ? Ils formeront le bataillon nécessaire pour pallier la décrue démographique entamée, puisqu’en un an, le nombre de médecins inscrits en activité (271 970) a légèrement diminué (- 0,12 %) alors que le nombre de retraités augmentait de 8 % sur la même période.

Le nombre de médecins inscrits, estime le CNOM, devrait continuer de croître d’ici 2018, mais “ce sont les retraités qui augmentent les effectifs”, signale-t-il. Des retraités actifs que le Pdt Legmann regarde avec les yeux de Chimène, en ce qu’ils pourraient former une armée de soutien, de haute qualité. Leur nombre a augmenté de 8 % en 2012, ils seront 23 389 en 2018, soit 40 % de l’effectif des médecins retraités. Une expansion qualifiée de “considérable” par Michel Legmann, qui veut encore alléger leurs charges sociales, car il les imagine maitres de stages, par exemple, en praticien très efficients car leurs consultations sont “longues et leurs prescriptions, courtes”.

 

“Aberration du numerus clausus

Deuxième force d’intervention : les praticiens à diplôme étrangers, européens et extraeuropéens. Ils sont “de plus en plus nombreux”, signale le CNOM. Au nombre de 17 835, ils représentent 9 % des médecins en activité régulière inscrits au tableau. Leur proportion ne cesse d’augmenter, puisqu’au 1er janvier 2013, les médecins titulaires d’un diplôme obtenu hors de France représentaient 24,1 % des effectifs des médecins nouvellement inscrits ; leur nombre a augmenté de 43 % entre 2008 et 2013. D’ici à 2018, leurs effectifs devraient continuer à augmenter de 34 %.

Ce bilan a permis au Pdt Legmann, de critiquer une nouvelle fois les “aberrations du numerus clausus”, dont la suppression est de plus en plus souvent réclamée.

“La seule utilité du numerus clausus, c’est de permettre aux universités de savoir qu’elles fonctionnent à la limite de leurs moyens. C’est un système d’injustice admise puisque ceux qui ont les moyens vont se former hors de France” s’est-il une nouvelle fois emporté, après avoir raconté que la mission qu’il a menée en Roumanie, lieu de formation de Français ayant échoué deux fois à passer en 2ème année, s’est terminée en “eau de boudin (sic). Les injustices perdurent et s’accroissent au milieu d’une mer de dérogations, de tous côté”. Les médecins étrangers proviennent pour 46,8 % de l’union européenne, et principalement du Maghreb pour la moitié restante.

Par ailleurs, l’Atlas a une nouvelle mis en exergue, la féminisation de la profession (43 % des médecins sont des femmes en 2013), et la “bonne surprise” concernant la relative bonne tenue du choix de la médecine libérale : 46,6 % y exercent en 2013 contre 47,6 % en 2007.

Les jeunes, par ailleurs, ne sont que 12 % environ à choisir ce mode d’exercice lors de leur première inscription, mais cinq ans plus tard, leur proportion monte à 35 %. Pour la médecine générale, 23 % choisissent la médecine libérale en première inscription, un taux qui saute à 45,5 % cinq ans plus tard. Des jeunes qui aiment encore l’installation en solo (le cas de 27,7 % des nouveaux inscrits). Mais promeuvent l’installation en groupe monodisciplinaire (50 %) alors qu’ 1 % seulement sont partisans de groupes pluridisciplinaires…

 

Chute des effectifs en médecine générale

La médecine générale, précisément, qui est la première grande spécialité à marquer le coup de la décrue démographique, ses effectifs ayant chuté de 5,5 % entre 2007 et 2013, alors que les autres spécialités augmentaient les leurs de 5,8 %.

Plusieurs régions sont d’ores et déjà menacées par les affres de la désertification, à commencer par l’Ile de France (- 4,8 % sur la période), suivie la Champagne-Ardennes (-3,4 %) et la région Centre (-2,9 %).

Insensiblement, l’attrait de certaines régions se modifie. Ainsi, PACA et l’Ile de France n’attirent plus autant qu’avant, mais les Pays-de-Loire décrochent la timbale (+ 5,2 %), suivie par l’Alsace (+ 4,5 %) et Rhône-Alpes (4,2 %).

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne