L’heure est à la révolte au centre hospitalier public du sud de l’Oise. Le Dr Loïc Pen, chef des urgences a été mis à pied. La direction n’aurait pas apprécié ses revendications syndicales portant notamment sur le décompte en heures du temps de travail. Mais cette sanction fait des vagues. Une manifestation de soutien réunissant des soignants de plusieurs services est prévue le 30 avril prochain dans le hall de l’hôpital.
La situation était critique depuis plusieurs mois au centre hospitalier du sud de l’Oise. Elle vient de se tendre un peu plus. Le Dr Loïc Pen vient d’être mis à pied par la direction. “C’est un mouvement d’humeur de la directrice qui n’a pas apprécié que le Dr Pen soit un syndicaliste”, analyse le Dr Christophe Prudhomme, urgentiste et représentant CGT. En effet, depuis quelques semaines, la direction souhaitait revenir sur les accords de 2002 portant notamment sur le décompte en heures et non en demi-journées du temps de travail. Devant ce problème organisationnel, le Dr Loïc Pen, chef de service et président de la commission d’organisation de la permanence des soins avait du arrêter le tableau de service au 10 avril dernier. Au-delà de cette date, les obligations de service ayant été remplies pour tout le monde, il fallait (selon la législation européenne), faire appel à des volontaires acceptant de travailler au-delà de 48 heures par semaine. Et personne ne s’est désigné car le consensus entre le personnel médical et l’établissement “était rompu”, relate le Dr Prudhomme.
“La suspension, c’est une drôle de conception du dialogue social”
C’est justement pour le sanctionner de ne pas avoir rempli le tableau de service que le Dr Pen a été mis à pied. “La situation était connue depuis novembre. J’ai envoyé des lettres en recommandé à la direction, à l’ARS et au préfet pour les alerter de ce problème de continuité des soins. Je n’ai eu aucune réponse”, se défend l’ancien chef de service avant d’ajouter ironique, “la suspension, c’est une drôle de conception du dialogue social”. De son côté, Dolores Trueba de la Pinta, directrice de l’hôpital a indiqué n’avoir “aucun commentaire à faire” sur cette sanction.
Devant la situation d’urgence, un accord a finalement été trouvé le 9 avril, tard dans la soirée. La direction a cédé. Prix à payer : la mise à pied du chef de service des urgences. “C’est inacceptable, c’est typiquement un cas de discrimination syndicale”, s’insurge le Dr Prudhommes. D’autant que le Dr Pen a été informé de cette sanction par lettre postale reçue le 11 avril…
Une sanction qui choque le Dr Gérard Meyer, chef de pôle, pris en tenaille dans cette mise à pied. “J’ai reçu une lettre de la directrice me spécifiant qu’avec l’accord du Dr Meyer, ce dernier était nommé à ma place. Or il s’avère qu’il ne lui avait jamais donné son accord, alors que c’est la règle”, indique le Dr Pen. Le Dr Meyer vient par ailleurs de notifier son désaccord par écrit à la direction.
Une manifestion prévue
Soutenu par son chef de pôle et par tout le service des urgences, le Dr Pen a repris ses fonctions en tant que simple médecin urgentiste. “Nous avons fait un vote à bulletin secret dans le service pour savoir qui pourrait reprendre ma place, j’ai été élu par 19 voix sur 23”, indique le Dr Pen. En attendant un changement de situation, l’urgentiste a été nommé par le Dr Meyer responsable du planning. “Si j’arrête, personne ne reprend. Cette situation est ubuesque”, s’indigne-t-il.
Hier, une soixantaine de soignants de divers services de l’hôpital se sont réunis pour décider de la marche à suivre. La tenue d’une manifestation le 30 avril prochain dans le hall de l’hôpital a été décrétée. “Nous nous mobilisons pour que les sanctions contre ceux qui résistent à l’autorité cessent. Je ne suis pas le seul dans ce cas là au sein de l’hôpital”, souligne le Dr Pen. Les soignants profiteront également de cette journée d’action pour se mobiliser contre les conditions d’accueil qui ne font que se dégrader à l’hôpital.
Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi