Pour ce premier bilan du ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique), les médecins éligibles*, soit 75 444 médecins, percevront chacun 3 746 euros de rémunération moyenne. Les omnipraticiens (médecins généralistes plus MEP), toucheront 4 752 euros en moyenne et les 46 000 médecins généralistes hors MEP, 5 365 euros en moyenne. 80 % des médecins omnipraticiens étaient éligibles au ROSP. C’est dire qu’au total, les objectifs assignés ont été réalisés à 50 %.

 


La toute nouvelle ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique) vient de fêter sa première année d’exercice conventionnel, après avoir délaissé le sobriquet de P4P (paiement à la performance), issu de la convention 2011, qui ne plaisait plus à l’assurance maladie qui y voyait un aspect chasseur de prime. Et cette première bougie est fort sympathique, se félicite la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), car les résultats en termes de santé publique sont-là, et pour les médecins généralistes, la rémunération afférente est aussi au rendez-vous.

 

280 millions d’euros sur la table

Heureuse, la CNAM ? “Nous sommes plutôt satisfaits de la manière dont le dispositif évolue. Les médecins atteignent leurs objectifs à 50 %. Il y a même 10 % d’entre eux qui sont au délà de 65 % d’atteinte des objectifs, ce qui se traduit par une rémunération moyenne complémentaire de 9 000 euros par an”, développe le Pr. Hubert Allemand, le médecin conseil national de la CNAM. Les objectifs fixés ont été “bien calibrés”, ajoute-t-il. La situation française est différente de celle vécue par les GP (general practitioners) anglais qui ont pu par le passé, bénéficier d’un effet d’aubaine en percevant de leur P4P, une rémunération complémentaire pour des objectifs qu’ils étaient tout près d’atteindre, voire qu’ils atteignaient déjà …

Pour réussir cette réforme, la CNAM avait mis 280 millions d’euros au total sur la table, ce qui correspond à une augmentation de 3 % des honoraires. “Le point important, c’est que cette rémunération est ciblée sur les médecins qui se sont engagés à améliorer leur pratique et à devenir plus efficients dans leurs prescriptions, poursuit le Pr. Allemand. Elle est ciblée sur les praticiens qui font des efforts ou qui avaient déjà une pratique de qualité. De plus, ce dispositif améliore la santé de la patientèle, il est donc vertueux”. Elle ne peut être comparée à une augmentation générale de 1 euros sur le C par exemple. “Avec le ROSP, c’est l’ensemble des médecins qui évolue, ajoute le médecin conseil national, c’est toute la courbe de distribution des pratiques qui s’améliore. Ces premiers résultats démontrent une véritable dynamique”.

 

Deux tiers des médecins utilisent un logiciel d’aide à la prescription

Les signataires de la convention médicale sont donc joyeux, et ils l’ont immédiatement fait savoir par communiqué. La CNAM est également très satisfaite des transformations en profondeur que la mise en place de cette rémunération sur objectifs a induit sur l’organisation du cabinet. Ainsi, 73 % des praticiens ont déclaré avoir un logiciel métier, ce qui leur permet de remplir un dossier médical informatisé. Les deux-tiers d’entre eux utilisent des logiciels d’aide à la prescription, “ce qui a un impact très important sur l’ensemble de la qualité des soins. Il y a maintenant 26 logiciels d’aide à la prescription certifiés par la Haute autorité de santé”, confirme le Pr. Allemand. 67 % des déclarations d’arrêts de travail et de déclarations de médecin traitant sont effectuées en ligne, soit un triplement en un an. “Nous étions en retard par rapport à d’autres pays et on vient de franchir un cap. Le socle informatique du médecin généraliste est amélioré, il est mieux équipé”, se félicite-t-il, en soulignant également que 87 % des médecins ont déclaré leurs horaires d’ouverture.

La CNAM estime que la rémunération sur objectif de santé publique est en train de répondre positivement aux objectifs qui lui avaient été alloués : améliorer la qualité des soins en réduisant l’écart de la pratique avec les recommandations, réduire les disparités régionales et enfin, “améliorer la rémunération des médecins en privilégiant ceux qui font le plus d’efforts”.

MG France a réagi à ce premier bilan, en considérant qu’au-delà de cette bonne première copie, de nombreux progrès étaient encore à faire en tenant compte notamment, des remarques du Collège de la médecine générale, l’UNOFCSMF s’est également frotté les mains, en espérant qu’une amélioration prochaine du dispositif, permette au médecin de famille de se doter d’un véritable secrétariat. En revanche la FMF s’est énervée. Son président Jean-Paul Hamon rappelle que la suppression du médecin référent en 2006, a retiré 30 000 euros de revenus à 7 000 généralistes. Il souligne que l’aménagement du cabinet, indispensable pour toucher le ROSP peut coûter jusqu’à 2 400 €. Enfin, plus préoccupant, le président du syndicat ne comprend pas que des divergences de rémunération, pouvant aller “du simple au double”, puissent être observées dans un même cabinet utilisant le même logiciel. Ce qui laisse augurer, dit-il “quelques conflits”.

Du côté de la CNAM, on affirme que ces premiers résultats pousseront les médecins spécialistes à demander une adaptation du dispositif à leur spécialité. Les cardiologues sont déjà dans le mécanisme, les gastro-entérologues vont y entrer, et d’autres encore vont suivre.

 

Bonnes notes et peut mieux faire. Bons résultats pour le suivi des pathologies chroniques, informe la CNAM. Le bénéfice est notable pour le suivi des diabétiques. Le dosage de l’hémoglobine glyquée passe de 40 % en 2009 à 49% fin 2012, la couverture des facteurs de risque cardio-vasculaires par les statines saute de 53 % en 2009 à 60 % fin 2012.

Les résultats sont plus mitigés en matière de prévention. Amélioration notable sur la part des patients de plus de + de 65 ans traités par benzodiazépines à demi-vie longue, et sous vasodilatateurs. La tendance est bonne pour la prescription d’antibiotiques pour les patients de 16 à 64 ans sans ALD. En revanche les résultats ne décollent pas pour le dépistage du cancer du sein ou du col de l’utérus. Et la CNAM est également satisfaite du poste optimisation des prescriptions/efficience, même si “un chemin important reste à parcourir” pour les statines par exemple – le taux d’atteinte du répertoire étant actuellement de 54 % pour un objectif de 70 %, – mais aussi pour les antibiotiques et les antidépresseurs.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne