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Un anévrisme de l’aorte abdominale sous-rénale opéré sous hypnose

Une première au groupe hospitalier Saint-Joseph à Paris, la mise en place d’une endoprothèse aortique par voie percutanée sans anesthésie générale, et sans que le patient souffre ! L’intervention vient d’être réalisée grâce à l’hypnose qui a permis une sédation complète de l’opéré sans apport médicamenteux.

 

Avec les Drs Marc Galy, anesthésiste et Samy Anidjar (chirurgien) et l’ équipe de chirurgie vasculaire de l’hôpital Saint-Joseph à Paris, l’hypnose entre pour la première fois dans le cadre de la chirurgie lourde, aortique. Cette équipe pionnière vient de réaliser en effet la mise en place d’une endoprothèse aortique par voie percutanée pour anévrisme de l’aorte abdominale sous-rénale, sous hypnose. Cette dernière a permis une sédation complète sans apport médicamenteux (1). L’intervention a été réalisée chez un patient âgé de 82 ans et l’hospitalisation a duré 48 h. L’hypnose permet ainsi d’éviter notamment une rachianesthésie ou l’emploi de médicaments non dénués de risque chez les patients âgés. Elle accroit le confort de l’opéré et favorise le rétablissement rapide du patient. La proximité qu’elle donne au praticien renforce la relation thérapeutique et le contrat de confiance.

 

Faibles doses de morphinique

Cette première confirme que l’hypnose, ou hypno-sédation, apparaît aujourd’hui comme une technique d’anesthésie venant élargir le socle des techniques médicamenteuses et loco-régionales (2). La chirurgie sous hypnose de la thyroïde, de la hernie inguinale, de certains actes de chirurgie plastique, ou d’exploration comme la coloscopie est maintenant bien connue, depuis les travaux de l’équipe de Liège. Avec les travaux de l’équipe de chirurgie vasculaire de l’hôpital Saint Joseph, la chirurgie dite “lourde” peut bénéficier maintenant de l’apport des techniques hypnotiques. Ces études ont débuté dans la chirurgie des artères carotides (3) où, pour réaliser l’endarteriectomie (150 cas publiés par l’équipe de Saint-Joseph), l’hypnose est venu compléter le bloc anesthésique cervical, avec d’éventuelles faibles doses de morphinique rentrant dans le cadre de l’hypno-sédation.

 

Sédation complète du patient

Même dans la chirurgie lourde, la modification de l’état de conscience par l’hypnose permet une sédation complète du patient, une réduction des doses des médications anesthésiques associées, voir l’absence de leur utilisation. L’hypnose transforme le vécu d’une situation inconfortable (veille du patient pendant son intervention) en une situation confortable. Et elle peut être utilisée chez le patient âgé qui y sont également sensibles. Pour être employée avec succès, l’hypnose nécessite l’implication de l’ensemble de l’équipe médico-chirurgicale, chirurgien comme personnel soignant du bloc opératoire, source de l’amplification des liens dans un projet thérapeutique innovant.

Ces résultats montrent que les techniques hypnotiques ne doivent pas rester à l’écart de la chirurgie vasculaire dite “lourde”, même si ces interventions ont pu bénéficier ces dernières années des avancées technologiques (nouvelles prothèses endovasculaires) et de la simplification des traitements. Elles pourraient permettre d’élargir les indications chez les patients très âgés ou ayant des comorbidités.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Dr Philippe Massol