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Prescriptions : des robots plus efficaces que les médecins

Une étude américaine publiée dans la revue Artificial Intelligence in Medicine a testé le remplacement des médecins par des machines. Selon les scientifiques, le robot serait 35% plus efficace qu’un médecin classique et deux fois plus économique. Ils ont voulu démontrer que le modèle d’une médecine basée sur le cas-par-cas et sur l’expérience n’est pas forcément le meilleur atout pour la prise en charge des traitements complexes.


Casey Bennett et Kris Hauser, les deux chercheurs à l’origine de cette étude, ont utilisé une intelligence artificielle basée sur l’apprentissage automatique (permettant à une machine d’évoluer grâce à l’apprentissage). Plus poussée qu’un système expert, cette machine a été configurée pour imaginer de nombreux traitements alternatifs pour un patient et pour modifier le traitement si une nouvelle information se surajoute.


Intelligence artificielle

Pour arriver à leurs fins, les deux chercheurs ont utilisé des données cliniques et démographiques de 6700 patients souffrant de graves dépressions nerveuses. 65 à 70% d’entre eux étaient aussi atteints de troubles chroniques. Les scientifiques ont alors sélectionné aléatoirement 500 patients parmi ceux-ci et ont comparé les performances actuelles des médecins à celles de leur logiciel de diagnostic.

Bilan : le coût de la prise en charge est bien plus faible avec le logiciel qu’avec un médecin en chair et en os : 189 dollars en moyenne contre 497 dollars pour la méthode classique mais surtout l’intelligence artificielle est, selon les scientifiques, 30% à 35% plus efficace en termes de résultats pour le patient… Une étude “amusante” mais qui ne convainc par le Dr Pierre de Haas, médecin généraliste, président de la Fédération des maisons et pôles de santé et membre du comité de sages nommé par le Premier ministre, pour veiller à la mise en place de la médecine de parcours, sur laquelle est basé le plan stratégique de santé du gouvernement.


Transgresser les règles

Le Dr. de Haas ne remet pas en question l’intérêt des protocoles intégrés dans les systèmes expert mais considère que la fonction même du médecin est de pouvoir “transgresser les règles. C’est à ce moment là que se concrétise notre plus-value”, estime-t-il. “Les systèmes experts ont un énorme intérêt d’aide à la prescription mais ils ne sont pas suffisants. Cela représente un tiers de ma décision. L’expérience de la situation et la connaissance du patient jouent un rôle fondamental. Je crois beaucoup en l’importance du la relation humaine. L’aspect communicationnel participe à la guérison”, ajoute le Dr de Haas.

Un avis partagé par le Dr Michel Papa, secrétaire général adjoint du Syndicat national des médecins généralistes enseignants (SNEMG). Il considère que ces systèmes basés sur l’intelligence artificielle “peuvent être une aide à la décision”. Cependant, il estime que “leurs performances sont limitées au bio médical, ce qui est loin d’être la seule compétence demandée à un médecin généraliste”.


Maximiser le potentiel

De son côté, le Dr Jean-Pierre Aubert, généraliste parisien et fondateur du site d’aide à la prescription d’antibiotiques en soins primaires Antibioclic se dit intéressé mais frustré par cette étude qui n’en dit pas assez. “Que veulent-ils dire par efficacité ? Je ne suis pas certain que poser un diagnostic soit la seule preuve d’efficacité d’un médecin généraliste”“, réagit-il. “Ce qui parait certain, c’est que le diagnostic d’un homme assisté par une machine est très supérieur. La question de supprimer l’humain n’a pas de sens. Opposer les machines aux hommes est une idée absurde”, commente-t-il. La question de supprimer les médecins ne se pose évidement pas. “Les systèmes experts auront une place énorme dans la santé de demain. Elle sera fondée sur un système d’information intelligent”, prédit le Dr de Haas avant de tempérer  : “mais tout cela devra être maîtrisé par les professionnels de santé”.

Une vision en somme assez similaire à celle Casey Bennett et Kris Hauser. Ces dernier concluent leur étude en précisant quela meilleure solution consiste surtout à faire travailler main dans la main l’expertise des médecins et les nouvelles technologies. “Même avec le développement de nouvelles techniques d’intelligence artificielles qui pourraient approcher voire dépasser les performances humaines en termes de prise de décision, nous pensons que la voie la plus efficace consiste à combiner l’intelligence artificielle et les hommes. Laissons les humains faire ce qu’ils savent faire et laissons les machines faire ce qu’elles savent faire. A la fin, nous pourrions maximiser le potentiel des deux.”

 

Source :
www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi