Un an après sa radiation de l’Ordre des médecins, le Dr Marie-Noëlle Rives a décidé d’arrêter de regarder en arrière. Elle vient d’essuyer un refus du Conseil d’Etat de réexaminer son dossier. C’était l’un de ses derniers recours. L’ancienne généraliste se lance donc corps et âme dans sa nouvelle vie de thérapeute. Une carrière peu rentable mais libérée de toutes pressions.


“Je viens d’avoir la réponse à ma demande de recours devant le Conseil d’Etat. Après plus de huit mois d’attente, ils m’ont adressé une lettre dans un charabia juridique m’indiquant qu’ils n’ont pas voulu réexaminer mon dossier. Tout cela sans aucune justification. Dans ces cas là, ce n’est pas la peine de dire aux gens qu’ils peuvent faire appel. J’ai déboursé 6 000 euros de frais d’avocat pour cette démarche”, s’indigne Marie-Noëlle Rives.


“Je ne regarde plus en arrière”

Radiée de l’Ordre des médecins pour avoir aidé des patientes à se procurer du Sibutral en Espagne (anorexigène dont l’autorisation de mise sur le marché en Europe a été retirée en 2010), l’ancienne généraliste d’Auch en a assez. Elle a donc décidé de changer son fusil d’épaule. “Je ne regarde plus en arrière. Je préfère mettre toute mon énergie dans ma nouvelle activité. Ca ne se passe pas trop mal”, explique-t-elle.

La médecine naturelle est désormais le nouveau crédo du Dr Rives. Phytothérapie, aromathérapie, endermologie… L’ancienne praticienne vient même d’ajouter une nouvelle corde à son arc avec la psycho-bio-acupressure (PBA), une nouvelle thérapie énergétique. “Je m’oriente beaucoup vers la PBA, je suis d’ailleurs en formation. C’est une méthode novatrice et très intéressante qui débloque les énergies. Il s’agit de stimuler, via une pression du pouce, cinq points du corps trois fois de suite. C’est très efficace. Je l’ai testé sur moi mais aussi sur les patients”, s’enchante Marie-Noëlle Rives.


Campagnes de promotion

Le problème est plutôt d’ordre financier. Avec en moyenne quatre patients par jours, l’ancienne médecin généraliste gagne à peine 1 200 euros par mois. Quand ce n’est pas moins… “A cause des fêtes, le mois de décembre a été affreux. Je n’ai pas voulu calculer ce que j’ai gagné pour ne pas me déprimer. Cela donne le vertige”, soupire-t-elle. L’ancienne généraliste facture ses consultations 20 euros, pour environ une heure passée avec le patient. “Difficile de faire payer plus aux patients pour des actes qui ne sont pas pris en charge”, souligne-t-elle. Alors, Marie-Noëlle Rives teste des campagnes de promotion. “Pour faire découvrir la BPA, j’offre la première séance. Si cela plait aux patients, ils reviendront ou en parleront autour d’eux”, espère l’ex-généraliste.

Si Marie-Noëlle Rives ne veut plus regarder en arrière, ce n’est pas le cas de ses anciens patients mobilisés pour son retour. Trois d’entre eux ont créé l’association de soutien Caducée d’Hermès. Après l’échec du Conseil d’Etat, ils ont prévu d’envoyer une lettre à la Ministre de la Santé Marisol Touraine. Ils estiment que la radiation est une sanction qui touche autant le médecin que ses patients.“Je traitais certains patients depuis 30 ans à l’homéopathie. Certains ont du arrêter leur traitement”, se désole le Dr Rives.


Pénurie de médecins

Et à Auch, la situation n’est pas prête de s’améliorer avec cinq généralistes qui partent à la retraite. “Il commence à y avoir une pénurie de médecins et mes anciens confrères ne veulent plus prendre de nouveaux patients”, regrette la thérapeute, avant d’ajouter que “d’autres choisissent des médecins traitants par défaut mais n’en sont pas vraiment contents”.

Dans deux ans, Marie-Noëlle Rives pourra se représenter devant le conseil de l’Ordre pour demander sa réinscription. Une démarche possible au minimum trois ans après la date de radiation. “Il ne reste que deux ans à tirer ! En une année cette expérience m’aura apporté beaucoup de choses positives. Cela ne me fait pas peur”, sourit la thérapeute. Si sa réinscription était rendu possible, le Dr Rives ne travaillerait en médecine générale qu’à temps partiel, de manière à continuer à pratiquer les thérapies naturelles. Elle s’interroge d’ailleurs encore sur sa volonté de re-pratiquer la médecine générale.

“Si je réussi à avoir huit consultations de médecine naturelle par jour, je ne suis pas certaine de refaire une demande auprès du Conseil de l’Ordre. Si je le fais, ce sera surtout pour mes patients. Aujourd’hui, je n’ai peut être pas un train de vie d’enfer mais j’ai une qualité de vie très appréciable”, relève Marie-Noëlle Rives. L’ancienne généraliste savoure son bonheur de ne plus vivre “sous l’œil scrutateur” de la sécurité sociale et du conseil de l’Ordre. “Pendant 30 ans, j’ai été fliquée par la sécu. Je sais que si on me ré-autorise à exercer, tout cela sera multiplié par deux. Aujourd’hui j’ai une paix royale.”

 

Source :
www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi