“On est au 21ème siècle, et pourtant, le Ministère de la santé ne sait toujours pas communiquer avec les médecins, avec les prescripteurs. La France n’est franchement pas performante”, lâche Michel Combier en guise de commentaire sur l’affaire des pilules de 3ème et et 4ème générations, qui n’auraient dû être prescrite qu’en deuxième intention. Et maintenant, de l’affaire Diane 35, prescrite hors AMM comme contraceptif.
De son côté, essuyant les effets de son premier scandale sanitaire, Marisol Touraine a multiplié les déclarations : “Nous devons tout mettre en œuvre pour améliorer la pharmacovigilance, a-t-elle déclaré dans une conférence de presse organisé dans l’urgence, dès la révélation des premières plaintes des victimes. “La pharmacovigilance doit être remise à plat”. A l’évidence, les travaux entamés par son prédécesseur Xavier Bertrand aux décours de l’affaire du Mediator, sont loin de satisfaire la Ministre qui a demandé une étude rétrospective des effets indésirables liés à ces pilules. Résultats, communiqués par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) s’appuyant sur des données de pharmacovigilance : 567 événements indésirables graves (embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde ou accident vasculaire cérébral) et 13 décès par accidents thromboemboliques depuis 1985. Pour la seule région de Bretagne, Le Figaro révélait à la suite de cette déclaration, l’existence de 47 cas d’effets indésirables graves et 2 décès chez des femmes entre 15 et 25 ans, un bilan réalisé par le CHU de Brest à partir des données d’activité des hôpitaux.
“Bien souvent, c’est par la presse que l’on apprend les décisions officielles, ce n’est vraiment pas performant”, reconnaît Michel Combier.
La direction générale de la santé envoie bien des messages urgents, en cas d’alerte sanitaire par exemple, mais les modalités de communication de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vis-à-vis du corps médical, par voie de textos, sont loin de représenter un idéal. “ Les choses pourraient cependant se perfectionner, par le biais du dossier médical personnel, et le démarrage effectif du DPC” prédit le président de l’UNOF-CSMF.
Aujourd’hui, tous les experts à commencer par le Pr. Maraninchi, le président de l’ANSM, s’accordent pour reconnaître que les risques sont sous-estimés, et que les effets indésirables sont sous-déclarés.
Cette surveillance repose sur 31 centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), au sein des hôpitaux. On y analyse les remontées d’incidents graves déclarés par les professionnels de santé et les industriels du médicament et, depuis l’été 2011, par les patients eux-mêmes.