Ouverte depuis avril dernier, la première maison de santé universitaire a été inaugurée jeudi dernier. Elle compte pour le moment six généralistes, trois infirmières et un secrétariat. Romain Gomet y est interne depuis le début du mois de mai. Un stage rêvé pour ce carabin en première année d’internat. Il nous dévoile les coulisses de cette première maison de santé universitaire.

 

 

Comment avez-vous été amené à collaborer avec cette première maison de santé universitaire ?

J’ai assisté à une thèse qui avait été faite sur cette maison de santé universitaire. Je savais donc que le projet était en cours alors que je ne sais pas si c’était le cas pour mes co-internes. Lors de la thèse, la présentation m’avait beaucoup plu. C’était assez différent des stages classiques chez le praticien. Le côté pluridisciplinaire, l’ébullition universitaire m’ont vraiment attiré. J’ai donc postulé pour ce stage qui n’est pas tout prêt de la faculté de Créteil où je suis inscrit (près d’une heure de trajet).

 

Avez-vous déjà commencé à travailler dans la maison de santé universitaire ?

Oui, la maison de santé a fêté son inauguration le 20 septembre mais elle est ouverte depuis fin avril. Moi j’ai commencé mon stage début mai donc j’y travaille quasiment depuis ses débuts.

 

Comment se déroule une semaine type ?

Le déroulement de la semaine n’est pas différent des stages classiques. Avec ma collègue interne qui travaille aussi sur la MSU de Coulommiers, nous nous partageons la semaine. Nous y sommes chacun trois journées. Moi le lundi, mardi, mercredi et ma collègue le mercredi, jeudi, vendredi. Pendant deux jours et demi nous avons des consultations “classiques” de médecine générale avec un praticien qui nous aide. La demi-journée restante se passe au pôle accueil. Il s’agit d’un lieu, un peu à part, où sont installé deux boxes  assez similaires à ceux des urgences. On y fait des consultations courtes, sélectionnées par le secrétariat pour ce que l’on pourrait appeler de la bobologie et pour les pathologies qui ne nous paraissent pas grave. L’objectif est de désengorger les urgences et de donner des rendez-vous beaucoup plus simplement aux patients puisqu’il s’agit de consultations courtes.

 

Que pensez-vous du concept des MSU ?

Le concept est génial. Ce qui fait peur, à moi le premier, en tant que futur généraliste lorsque l’on travaille dans les campagnes, c’est l’idée d’être isolé, overbooké et ne plus avoir de vie à côté. L’intérêt de collaborer avec plusieurs praticien est très rassurant. Cela permet de travailler dans une ambiance d’équipe. Le côté universitaire rajoute à cela l’effervescence de la recherche. A terme il y aura des externes, des internes et aussi des chefs de clinique. Cela donne un côté à la pointe et cela permet de revaloriser la médecine générale en tant que spécialité à part entière. Les recherches en médecine générale sont nombreuses mais elles ne sont pas valorisées comme en spécialité. Cela permet aussi aux praticiens des MSU d’être à la pointe des recommandations. C’est aussi rassurant pour les patients.

 

Les médecins blogueurs préconisent d’ouvrir 1 000 MSU  pour venir à bout des déserts médicaux pensez-vous que c’est la solution ?

Je pense que ça peut effectivement être une solution. C’est  beaucoup plus attractif pour les jeunes qui viennent s’installer. Je conseille fortement ce stage aux futurs internes. C’est vrai que c’est  souvent loin de notre domicile, mais moi je fais le trajet et je ne regrette pas. Le stage est excellent est très formateur. La formule est géniale.

 

Est-ce que travailler en MSU pourrait vous motivez à vous installer plus tard en zone sous-dotée ?

Je pense que oui. Je ne sais pas encore où la vie me mènera. La certitude, c’est que peu importe où je serai, travailler en MSU m’intéresserait beaucoup plus qu’en cabinet isolé.

 

Est-ce qu’il y a encore des choses à améliorer au sein de la MSU ?

Il y a encore des choses à mettre au point. L’ouverture est récente, il faut le temps que le système s’installe. Par rapport aux objectifs fixés à terme, elle n’est pas encore à 100% mais elle est déjà largement au niveau d’un cabinet classique, voire plus performante. Les améliorations doivent notamment avoir lieu sur le plan de la recherche.

 

Comment réagissent les patients ?

Ils sont contents d’avoir des médecins disponibles tous les jours. On reçoit pas mal de patients de cabinets isolés qui n’arrivent pas à avoir de rendez-vous avec leur médecin traitant ou encore beaucoup de patients qui n’arrivent pas à trouver de généraliste. L’avantage de la maison de santé c’est que les dossiers sont partagés entre les six praticiens. Chaque médecin est plus ou moins informé des dossiers des patients. En plus le pôle accueil peut accueillir la plupart des gens qui ont des petites pathologies sans qu’ils n’aient besoin d’aller s’engorger dans les urgences. Ils sont vraiment heureux.

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi