Le nouveau président n’est pas le chouchou des internautes d’Egora.fr. Nicolas Sarkozy a été placé en tête par 1 417 internautes avec 54 % de suffrages contre le président élu. Début d’une bouderie ? Voici en tout cas, le programme que François Hollande s’est engagé à conduire pour la Santé. Il sera sacralisé par un nouveau pacte social conclu avec les professions de santé.

 

 

S’il ne bénéficiera sans doute pas d’un état de grâce, tant le poids des réalités va le maintenir collé au sol, le gouvernement de François Hollande – un président fils de médecin ORL et père d’une future consœur – ne devrait pas s’attaquer au dossier de la santé et de la protection sociale durant ses premiers cent jours. Ne serais-ce que pour laisser le temps à la Cour des comptes de dresser un audit sur les finances publiques, attendu pour la fin juin. Et pour d’autre part, laisser s’installer la nouvelle assemblée nationale élue en juin. Les premières ébauches de la loi de financement de la sécurité sociale 2013 votée à l’automne s’écriront à ce moment-là. François Hollande a promis un Ondam (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) fixé à 3 %, contre 2,5 % cette année. Mais il n’a pas dit qui, de la ville de l’hôpital, ou du secteur médico-social, pourrait profiter du desserrement de ce taux.

On connaît dans les grandes lignes, la feuille de route du nouveau gouvernement, qui commencera à présenter ses premières mesures lors de la session extraordinaire du Parlement prévue jusqu’au 2 août prochain. Notamment au programme de cette cession : un projet de loi de programmation pluriannuelle des finances publiques, une loi de finances rectificative et la suppression de la TVA sociale (loi de financement de la sécurité sociale rectificative).

 

Dépendance des personnes âgées

François Hollande a également présenté comme une priorité de son quinquennat la mise en place d’une réforme de la prise en charge de la dépendance des personnes âgées. Mais aucune date n’est fixée pour ce débat fondamental, repoussé par Nicolas Sarkozy du fait de la crise. .S’agissant du secteur de la santé a proprement dit, plusieurs chantiers ont été présentés comme prioritaires durant la campagne, à commencer par celui de l’accès aux soins. La gauche n’aime pas le secteur à honoraires libres, et entend le réguler. Par une limitation négociée des nouvelles installations dans les zones sur-dotées en médecins du secteur 2, et en encadrant, par spécialités et par régions, le montant des dépassements autorisés. Le secteur optionnel ne faisant pas partie des options retenues par le parti socialiste pour régler l’insoluble problème du secteur 2, il risque donc d’être bel et bien enterré. Des évolutions sont néanmoins à prévoir en matière de rémunération. Au-delà du  paiement à l’acte, la part de la rémunération forfaitaire devrait s’accroître pour prendre en compte la prévention, la valorisation de la qualité, ainsi que la proximité. Le paiement à la performance (P4P), renommé, pourrait inclure de nouveaux indicateurs et en supprimer d’autres.

Le président, qui veut  mieux organiser la médecine de proximité en changeant le modèle universitaire actuel trop centré sur le système hospitalier, s’est laissé convaincre par les opposants à la coercition à l’installation qu’elle serait contreproductive et délétère pour la médecine libérale. L’installation devrait donc demeurer libre. Le programme socialiste préconise une approche territorialisée de la santé, à partir de laquelle la coordination du parcours de santé et de soins du patient se mettra en place, avec l’aide du tiers-payant pour les soins de proximité. Il préconise la poursuite de la politique de maîtrise des dépenses de santé, et, pour prévenir le déremboursement constant des soins de santé, dessine une politique en trois orientations : "mieux prévenir, mieux guérir et mieux garantir".

 

30 minutes

Maisons de santé, pluricatégorialité, regroupements de professionnels de santé seront encouragés pour attirer les jeunes médecins vers la médecine de premier recours. Les agences régionales de santé (ARS), jugées inefficaces, seront redessinées. “Aucun territoire de santé ne doit être à plus de 30 minutes d’un centre permettant une prise en charge de l’urgence” s’est ainsi engagé François Hollande durant la campagne, ouvrant la voie à la mise en place de maisons de gardes partout sur le territoire.  

Le nouveau président veut rétablir le service public hospitalier (terminologie qui a disparu de la loi Hôpital, patients, santé et territoires), en mettant fin au principe de convergence tarifaire entre le public et le privé, et en mettant en place un nouveau pacte social négocié à l’hôpital, qui doit être mieux coordonné avec le secteur médico-social et la médecine de ville.  Réorganisation également dans chaque territoire, du système de soins autour de la personne en perte d’autonomie, dans l’attente d’une loi présentée comme une priorité.

Durant la campagne électorale, le PS par la voix du député Gérard Bapt, avait demandé un moratoire sur la mise en place du DMP, actuellement en voie de généralisation après expérimentations.

En matière de médicaments, Marisol Touraine, la spécialiste des questions de santé et protection sociale au parti socialiste, avait déclaré à Egora.fr : "Nous disons qu’il faudra faire baisser le coût des médicaments dans notre système, en pesant sur leur prix et en pesant sur leur consommation globale. Nos voisins européens y sont parvenus en mettant en place des mesures beaucoup plus drastiques que ce qui a été fait. Nous disons qu’il faut rétablir un système d’accès aux soins fondé sur la pleine solidarité, et lutter contre les dérives des coûts”. L’élue d’Indre et Loire ajoutait : “Il faut que davantage de médicaments génériques soient prescrits et en même temps, il faut faire pression sur leur coût. Il faut par ailleurs que les Français consomment moins de médicaments. Il faudra mettre en place des campagnes d’information en y associant les professionnels de santé, les médecins et pharmaciens. Il nous faudra initier une politique vigoureuse en la matière.”

 

Prévention, santé publique et société

Le président veut par ailleurs, donner une très forte impulsion à la prévention et à la santé publique. Le plan Alzheimer et le plan Cancer seront reconduits. Dans le cadre du plan de création de 60 000 postes sur cinq ans, une partie "significative" sera affectée à la prévention et à la médecine scolaire. "La guerre sera déclarée à l’obésité", a confié à Egora.fr, le député de Paris et spécialiste des questions de santé, Jean-Marie Le Guen en annonçant la mise en place rapide d’une conférence sur l’alimentation, réunissant tous les acteurs concernés. Encore prévus : une loi sur la santé mentale et un plan santé dans les milieux de l’incarcération.

Par ailleurs, le programme évoque le renforcement du droit des patients, la révision des lois de bioéthiques afin de permettre notamment  la recherche sur les cellules souches embryonnaires. "Les chercheurs le réclament" a déclaré le candidat en se référant au retard de la France en matière de recherche et au départ de doctorants pour l’étranger. Le PS s’était prononcé avant l’élection pour une adhésion optionnelle à l’Ordre des infirmiers, miné par les dissensions depuis sa création.

Enfin, deux beaux débats de société sont annoncés : le  mariage des homosexuels et  le droit à mourir dans la dignité.

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne