C’est l’impasse.  Les cinq syndicats représentatifs qui se sont retrouvés hier à la caisse nationale  d’assurance maladie (Cnam) pour entamer la troisième séance de négociations conventionnelles n’ont pu de nouveau terminer la séance. Après la session écourtée du 14 avril dernier,  où la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf) et le Syndicat des médecins libéraux (SML) ont quitté les lieux pour protester contre la présence d’internes et jeunes médecins invités dans les délégations de MG-France et du Bloc, les différentes parties n’ont pu de nouveau, trouver un modus vivendi acceptable par tous.

Le problème s’est encore cristallisé sur la présence de représentants de syndicats, « associations non représentatives » de non libéraux, « invités par des syndicats minoritaires », selon les termes du SML et de la Csmf. Après deux heures de discussions plénières marquées par les incidents et les interruptions de séances, une rencontre à huis clos entre le directeur général et les présidents des cinq centrales syndicales n’a pas permis de crever l’abcès. La séance a été suspendue. Constatant l’impossibilité de poursuivre les négociations selon les modalités initialement fixées tant en ce qui concerne l’ordre du jour que le calendrier (les négociations devaient aboutir à la fin juin…),  Frédéric Van Roekeghem, le directeur de la Cnam, a donné 8 à 15 jours aux différentes délégations pour qu’elles se mettent d’accord sur un nouveau mode de fonctionnement.  Ce qui, de l’avis général, relève du pari impossible.

« La Csmf et le SML représentent près de 60 % des suffrages aux dernières élections professionnelles. Nous avons bataillé dur pour gagner ce combat. Par ailleurs, les textes réglementaires sont formels : les négociations conventionnelles doivent être  menées par les syndicats représentatifs et eux seuls », explique-t-on au SML, qui vient de signer un communiqué commun avec la Csmf. « Les syndicats minoritaires : MG France, SMF et le Bloc mènent un jeu politique. Ils veulent clairement perturber les négociations, ils ont la volonté de ne pas aboutir », ajoute-t-on.

L’amusant, si l’on ose dire, c’est que le camp d’en face fait presque la même analyse. « La Csmf et le SML mènent clairement un jeu politique. C’est la Csmf qui a mis en place Xavier Bertrand, elle considère qu’elle est maintenant la seule, avec le SML, à pouvoir signer une convention », s’agace le Dr Jean-Paul Hamon, le nouveau président de la FMF qui a demandé à être reçu par la direction générale, pour lui exposer son programme. « L’exclusion des jeunes n’est qu’un prétexte pour exclure les autres syndicats de ces négociation », ajoute-t-il.

 

Une analyse reprise par MG France. Le syndicat de Claude Leicher accuse les deux syndicats d’avoir « cherché et, pense-t-il, trouvé le mauvais prétexte pour tenter de bloquer les négociations : la présence légale, légitime de jeunes et futurs médecins au sein de deux autres délégations. Quelles propositions prétendent-ils imposer à la profession et à la population pour qu’ils refusent de les rendre publiques ? », s’interroge-t-il. Pour Jean-Paul Hamon, le constat de la gestion conventionnelle par la Csmf et le SML est clair : « En 2005, au moment de la signature conventionnelle par les deux syndicats majoritaires, 14 médecins diplômés sur 100 s’installaient en libéral. En 2011, la convention a rendu le métier tellement attractif qu’ils ne sont plus que 9 à choisir ce mode d’exercice. Visiblement, ces deux syndicats sont plus doués pour les campagnes électorales que pour attirer les médecins vers le libéralisme… »

La Csmf et le SML auraient, pour leur part, proposé au directeur une rencontre tripartite. « Nous sommes d’accord pour une série de rencontres bilatérales, éventuellement à plusieurs, explique-t-on au SML. Mais pas question de reprendre les négociations conventionnelles tant les délégations seront ainsi constituées ».

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne