Xavier Bertrand était à peine arrivé aux affaires qu’éclatait au grand jour l’affaire du Mediator des laboratoires Servier. Sa réponse fut immédiate, avec la nomination d’une mission de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), chargée de faire la lumière sur ce « drame de santé publique » qui aurait coûté entre 500 et 2 000 morts, selon les périodes prises en référence par la Cnam ou l’Inserm.  
Le rapport a été remis le 15 janvier dernier. Il induit un certain nombre de pistes de réformes pour rebâtir un nouveau système de sécurité sanitaire et « redonner la confiance », selon les propos le Ministre de la Santé. A commencer par l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), durement accusée par l’Igas. Ces diverses pistes seront explorées avec tous les acteurs concernés d’ici l’automne prochain (un titre spécial du Plfss 2012 pourrait y être consacré). Ils pourront également s’appuyer sur les conclusions de la  mission d’information parlementaire, menée par le Dr. Gérard Bapt, député et cardiologue de formation, qui a déjà commencé ses auditions. Ses conclusions sont attendues pour le printemps.
D’ores et déjà, Xavier Bertrand a tracé les grandes voies de la réforme. A commencer par la lutte contre les conflits d’intérêts, renforcée et vérifiée y compris dans les cabinets ministériels en lien avec la santé. Sont par ailleurs annoncés :
–     Une véritable révolution à  l’Afssaps.  Son président actuel, Jean Marimbert, a fait savoir qu’il allait quitter son poste, son successeur devra revoir de fond en comble le fonctionnement de l’agence, à commencer par le nombre et la composition de ses nombreuses commissions. Le financement de l’agence – provenant aujourd’hui d’une  redevance de l’industrie pharmaceutique – sera assuré par l’Etat. Toutes les agences sanitaires feront également l’objet d’une mission d’inspection de l’Igas. Xavier Bertrand a également ordonné un raccourcissement des procédures, il veut notamment avoir un point, d’ici la fin de ce mois, sur les 76 médicaments actuellement sous surveillance pharmacologique. Ces conclusions seront rendues publiques, s’est-il engagé lors de ses vœux à la presse.
–    Un durcissement des conditions d’AMM. Les suspensions d’AMM devraient devenir plus faciles et rapides ; pour être autorisé, un nouveau médicament doit être « au minimum équivalent au médicament de référence dans sa classe thérapeutique », alors qu’aujourd’hui, il lui suffit d’avoir un bénéfice supérieur au placebo.
–    La pharmacovigilance doit être plus efficace et plus rapide, à toutes ses étapes de la chaîne de surveillance.
Interrogé sur cette affaire, Michel Combier, le président de l’Unof, souligne que les médecins de famille « sont à l’écoute et appliqueront les lois comme par le passé ». Il rappelle également qu’un médicament, quel qu’il soit, peut être porteur d’effets secondaires même s’il est prescrit dans un cadre de bon usage.