La Fédération hospitalière de France (FHF) mène croisade depuis plusieurs mois contre les actes prétendument inutiles (lire aussi Les hôpitaux passent en jugement leurs actes inutiles Egora, 15 décembre 2010), à l’hôpital, en clinique ou en ambulatoire. Le Président de cette institution, le Dr Jean Leonetti, cardiologue et député UMP des Alpes-Maritimes, a justifié une telle traque en estimant qu’elle pourrait faire économiser 10 % des dépenses de santé, soit bien plus qu’il n’en faudrait pour combler le déficit de l’assurance maladie ! Si l’intention est louable, le raisonnement paraît un peu court à certains, notamment aux médecins libéraux qui mettent en avant la relative opacité entourant les dépenses engagées par l’hôpital mais imputées sur la médecine de ville, ces prescriptions augmentant à un rythme de 7% l’an. Par la voix de l’U.ME.SPE./C.S.M.F., premier syndicat des médecins spécialistes libéraux, le secteur ambulatoire rappelle également que dans la plupart des structures hospitalières publiques, les patients ont des difficultés à se faire communiquer les éléments de leur dossier médical, ce qui, outre qu’il s’agit d’un non respect de la Loi de 2002 (loi Kouchner), provoque la répétition inutile d’examens para-cliniques dans le cadre du suivi des patients.

S’il est sans doute des examens dont le nombre pourrait être réduit, l’exemple le plus fréquemment cité étant celui des radiographies du crâne demandées notamment chez l’enfant après un traumatisme et malgré un examen clinique strictement normal, tous les actes régulièrement pointés du doigt car faisant notamment l’objet de fortes disparités régionales et/ou entre secteurs public et privé (chirurgie de la cataracte, appendicectomies, césariennes,…) ne font pas l’objet du même traitement. Dernière réaction en date citée par Le Figaro, celle du Dr Jean Marty, secrétaire général du Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France, le Syngof, qui reproche à la FHF certains amalgames, notamment au sujet des césariennes ; on sait en effet que la FHF dénonce régulièrement leur taux significativement plus élevé dans le privé par rapport au public. Le Dr Marty invoque la « conduite défensive » des obstétriciens libéraux face au risque de condamnation pour accouchement par voie basse alors qu’une souffrance fœtale aurait justifié une césarienne. Mais dans le même temps, on ne peut nier l’existence de césariennes de complaisance, faites à la demande de femmes craignant l’accouchement par voie basse. Assujettir la prise en charge aux bonnes pratiques opposables aux médecins est une piste théoriquement logique mais difficilement applicable à l’ensemble des situations, entre des actes que certains jugeront inutiles quand d’autres les apprécieront comme répondant aux exigences de sécurité, tant pour le patient que pour le médecin. Le débat est loin d’être clos, qu’en pensez-vous ?