Nouveaux modes de rémunérations forfaitaires, création d’un statut juridique spécifique pour les pôles de santé, simplification administrative, mise en place de stage obligatoire en cabinet libéral dans toutes les facultés de médecine : le Président de la République s’est engagé pour une réforme de la « médecine de proximité » en 2011. Ce matin dans le Calvados (Basse-Normandie), Nicolas Sarkozy a repris point par point plusieurs des préconisations d’Elisabeth Hubert (voir article associé), en manifestant son souhait de « faire vite ». Les premières décisions seront prises avant la fin de l’année, l’essentiel des réformes devant être engagé courant 2011, a-t-il assuré.

Lors d’une table-ronde d’1 heure 15, qui réunissait dans le centre culturel d’Orbec cinq professionnels de santé devant près de 500 personnes, le chef de l’Etat a rendu un hommage appuyé à « l’indispensable médecine libérale » et s’est emparé des mesures clés du rapport Hubert, qui lui a été remis vendredi dernier. S’il a réaffirmé l’aspect incontournable du paiement à l’acte, soulignant qu’il était hors de question de salarier tous les médecins, Nicolas Sarkozy a ouvert la voie aux expérimentations des nouveaux modes de rémunération. Le dispositif présenté correspond globalement aux propositions d’Elisabeth Hubert, en y ôtant les dispositions plus polémiques.  Il comporterait trois étages : une base de paiement à l’acte, une part de rémunération forfaitaire pour certaines activités (coordination, prévention) et un forfait pour la rémunération des structures et des réponses aux objectifs de santé publique. Nicolas Sarkozy a souligné la nécessaire revalorisation de certains actes de médecine générale, évoquant certaines consultations longues et difficiles, mais sans parler de consultations cotées à demi-tarif. La présidente de la Fédération de l’hospitalisation à domicile (Fnehad) préconisait pour sa part des consultations s’étalant d’un demi-C (11 euros) à 60 ou 70 euros. Sur ce point mais également sur l’ensemble des mesures, une concertation sera menée en début d’année par le ministre de la Santé et du Travail, Xavier Bertrand. Nicolas Sarkozy,  par ailleurs, a fait sienne la proposition d’instituer une « mission de service public  » afin que des jeunes diplômés puissent venir exercer dans des territoires déjà désertifiés en médecins, avec une rémunération « spécifique et incitative ». Il n’a en revanche pas évoqué la possibilité d’y faire venir des remplaçants ou des médecins retraités volontaires.

Au chapitre « organisation des soins », les annonces présidentielles ont essentiellement porté sur le nouveau statut juridique et fiscal à mettre en place pour les pôles et maisons de santé pluridisciplinaires.  Le  sénateur (UMP) Jean-Pierre Fourcade s’est vu confier la mission de porter une proposition de loi sur ce thème dès le début 2011. Un guichet unique sera créé avant le 1er juillet 2011 pour tous les professionnels de santé qui souhaitent lancer un projet de pôle de santé en concertation avec les élus, afin de réduire les délais. Autant d’annonces qui satisfont le Dr Antoine Leveneur, président de l’Union régionale des médecins libéraux (Urml) – vraisemblablement réélu demain à la tête de l’Urps- qui compte sur la Basse-Normandie trois  pôles de santé opérationnels dans des zones sous-dotées et une quinzaine en construction. « Nicolas Sarkozy a mis en avant le boulot fait par l’Urml, en invitant les autres régions à suivre cet exemple, même s’il n’est pas duplicable partout. Globalement, je suis satisfait de l’attention affichée, des intentions et nous nous donnons le 1er trimestre 2011 pour voir comment évoluent ces annonces », réagit-il.

La première partie du rapport de l’ancienne ministre de la Santé était consacrée à l’urgence de la réforme des études médicales. Le président Sarkozy veut également rendre obligatoire les stages en cabinet libéral, pour les externes comme pour les internes, et a dit son souhait de voir recruter des enseignants en médecine générale. Il a mis l’accent sur la nécessité d’intensifier les coopérations entre professionnels de santé – en choisissant le terme de « transferts de compétences-  avec la mise en place de systèmes informatiques inter professionnels notamment.  Enfin, une instance permanente de simplification administrative sera créée dès les premiers mois de 2011.

« Le Président a eu l’air très intéressé par la défense de la médecine de proximité, il était véritablement à l’écoute », témoigne le Dr Anni Pithon, qui a orchestré la visite de son pôle de santé. L’ambition affichée par Elisabeth Hubert, qui était de faire de son rapport « une feuille de route pour les dix années à venir »,  semble en tout cas trouver un écho immédiat.