La Basse-Normandie est une fois de plus à l’honneur. Après une visite à Caen de Xavier Bertrand en février 2006 (inauguration des locaux réunissant l’Agence régionale de l’hospitalisation Basse-Normandie et les Directions régionale et départementale des affaires sanitaires et sociales), un déplacement à Bayeux en juin 2008 de Roselyne Bachelot sur le thème de la permanence des soins, c’est le pays d’Auge qui a été choisi par l’Elysée pour le déplacement de Nicolas Sarkozy mercredi prochain sur le sujet de la médecine de proximité. Le chef de l’Etat visitera le tout nouveau « pôle de santé libéral et ambulatoire » d’Orbec, à 20 km au sud de Lisieux, avant de présider une table-ronde sur la médecine de proximité, au cours de laquelle, seront abordées, selon l’Elysée, « les conditions d’exercice des métiers de la santé, les difficultés posées par la démographie médicale en zone rurale et l’exigence d’accès aux soins ».
Nicolas Sarkozy est surtout attendu mercredi sur un sujet complexe, aux fortes implications financières : celui de la réforme des modes de rémunération des médecins. « Il faut qu’on donne envie aux jeunes médecins de s’installer, grâce à une rénovation de l’organisation professionnelle et une revalorisation de l’exercice coordonné dans une structure pluri professionnelle », confirme le Dr Antoine Leveneur, le président sortant (FMF-Union généraliste) de l’Union régionale des médecins libéraux (Urml) de Basse-Normandie. Il est globalement favorable aux préconisations d’Elisabeth Hubert, qui propose outre la mise en place de 4 ou 5 paliers dans le paiement à l’acte, l’introduction d’une part de forfaits pour le temps de coordination et pour le financement des structures qui serait octroyé aux MSP (maisons de santé pluridisciplinaires) et PSP (pôles de santé pluridisciplinaires). Quant au choix de la région, préférée au dernier moment à la Mayenne, s’il avoue être un peu surpris – « aucun de nous n’est encarté », s’amuse l’ancien leader des coordinations- Antoine Leveneur souligne que la Basse-Normandie est pilote en matière d’organisation des soins. Elle est notamment passée de 47 à 7 secteurs de garde pour la permanence des soins et a mis en avant le concept de « pôle de santé » préféré à celui de maison de santé. « Si l’on veut vraiment faire quelque-chose pour répondre aux problèmes de démographie médicale, ce n’est pas avec deux ou trois professionnels mais avec l’ensemble des professionnels d’un bassin de vie », assure-t-il , « touché » que le Président de la République ait validé ce terme. Le projet de pôle de santé est ainsi défini en fonction d’un bassin de population, répond à des critères de projet de soins et implique la notion de collaboration entre différents professionnels de santé.
En l’occurrence, le pôle de santé d’Orbec, situé aux confins de l’Eure et du Calvados et inauguré en septembre dernier, réunit sur un bassin de vie de 9 000 habitants une quinzaine de professionnels de santé de premier recours (4 médecins, 6 infirmières, 2 kinésithérapeutes, une nutritionniste…etc). Lieu de formation, il accueille des étudiants de la faculté de médecine de Caen, externes et internes. Il offre aussi aux habitants des consultations de spécialistes de Lisieux, telles qu’un chirurgien.
Pour sa première installation, le Dr Pascale Abbate, 32 ans, chef de clinique universitaire en médecine générale, a choisi le pôle de santé. « Nous souffrons beaucoup de la désertification médicale en milieu rural, nous espérons que la visite du Président de la République permettra de faire comprendre à la population l’importance de notre structure et la situation critique démographique à laquelle nous sommes confrontés », dit-elle.
Vendredi, alors que venait de lui être remis le rapport d’Elisabeth Hubert sur l’avenir de l’offre de santé de proximité, Nicolas Sarkozy a annoncé la mise en place de la simplification des conditions d’exercice, de la modernisation des systèmes d’information mais également l’appui à l’exercice regroupé des professionnels, la valorisation de la formation initiale de médecine générale et l’aide à l’installation dans les zones-sous denses. Le chef de l’État sera accompagné du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, Xavier Bertrand, de la sécrétaire d’Etat chargée de la Santé, Nora Berra et d’Elisabeth Hubert, chargée Nicolas Sarkozy de la mission de concertation sur la médecine de proximité.
Il y a deux ans, le 27 juin 2008, Roselyne Bachelot avait assisté à la signature de la charte partenariale régionale sur l’offre de soins ambulatoire et sur le déploiement des pôles de santé en Basse-Normandie. Aboutissement d’un travail réunissant les élus du conseil régional et des conseils généraux, les médecins libéraux, l’UFR de médecine, les représentants des professions paramédicales, les représentants des usagers, les organismes d’assurance maladie et les représentants du ministère de la Santé, cette charte formalisait l’engagement des partenaires de mettre en place une nouvelle organisation territoriale de la médecine libérale, fondée sur le volontariat des professionnels et l’existence d’un projet de santé. Cette organisation, dont le pôle de santé d’Orbec est une vitrine, devait prend en compte la permanence des soins, la réponse aux crises sanitaires et les différents volets de la prévention, de l’éducation thérapeutique à la promotion de la santé.