Alors que les premières téléconsultations de médecin par internet ou téléphone auront lieu début 2011, comme l’a précisé aujourd’hui la ministre de la Santé dans le Parisien, le monde médical est loin d’être unanime face à cette réforme, validée par un décret publié jeudi dernier.

Sans remettre en cause la légitimité de ce nouveau mode d’exercice, la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf) déplore un problème de fond : « en effet, si le décret reconnait l’acte de télémédecine comme un acte médical à part entière, les modalités de rémunération de cet acte relèvent du pouvoir discrétionnaire des seules ARS (Agences régionales de santé), et sont ainsi sorties du champ conventionnel. Ainsi, il y aura une télémédecine à plusieurs vitesses. Cette situation est totalement inacceptable. Il revient, en effet, à la seule Commission de hiérarchisation des actes professionnels (CHAP), et à elle seule, de déterminer la valeur des actes médicaux sur des bases connues et définies », explique-t-elle.
 Le co-président d’Union généraliste, Jean-Paul Hamon, est beaucoup plus critique : « La télémédecine est à la médecine ce que le standard automatique est au standard, tacle-t-il. Il n’y a pas eu l’ombre de concertation avec les syndicats, c’est un délire technocratique. La priorité serait déjà d’installer le haut débit dans certaines zones du territoire, et même si la télémédecine peut rendre des services dans des zones isolées, où un médecin peut consulter à distance un autre spécialiste, en aucun cas, il est envisageable de consulter des patients par mail. C’est parfaitement ridicule et je vois bien que l’objectif est de faire un maximum de médecine sans les médecins ». Il en est convaincu : « On ne soignera pas les gens par internet ou alors on s’expose à de graves dangers. Et ce n’est pas cela qui vous résoudre les problèmes de démographie médicale ».
Secrétaire général de MG-France, Vincent Rébeillé-Borgella, tient à préciser les choses : « Ce n’est pas une consultation à distance, qui est prévue, mais un acte ponctuel, car c’est l’examen clinique qui devra continuer de primer. La télémédecine est une partie de consultation à distance mais pas une consultation à distance ». Et en tant que généraliste, sera-t-il prêt à passer ce cap ? « La télémédecine de toute façon  va se développer, nous serons obligés d’utiliser ces outils mais ce qui est important est l’usage que nous en ferons », pense-t-il.
Le Cnom a quant à lui fait part de sa satisfaction, alors, « cette nouvelle modalité d’exercice de la médecine, dans le respect de la  déontologie médicale, devra renforcer l’équité dans l’accès aux soins ». Pour l’Ordre des médecins, « cela devra également contribuer à faciliter l’exercice des médecins libéraux et hospitaliers et des autres professionnels de santé, dans le cadre juridique de leurs compétences avec un financement assuré ».
Tout comme une consultation en cabinet, la téléconsultation sera facturée 22 euros (23 euros au 1er janvier 2011). Les Agences régionales de santé (ARS) autoriseront les projets en tenant compte des besoins de la population, et cela en concertation avec les professionnels de santé, les élus et l’assurance maladie, a indiqué Roselyne Bachelot, soulignant qu’il s’agissait d’une solution ( parmi d’autres) pour résoudre le problème de la démographie médicale. Les médecins feront des ordonnances qui pourront être envoyées au patient ou à son pharmacien par mail ou par voie postale.
La téléconsultation qui a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient, la télé expertise, qui doit permettre à un professionnel médical de solliciter à distance l’avis d’un ou plusieurs professionnels médicaux, la télésurveillance médicale qui va permettre à un professionnel médical d’interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d’un patient et, le cas échéant, de prendre des décisions relatives à la prise en charge de ce patient et la téléassistance médicale qui doit permettre à un professionnel médical d’assister à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation de l’acte sont les activités de télémédecine recensées.