Les centres de Médecins du Monde ne désemplissent pas. En 2009, l’ONG a reçu en consultations plus de 25 800 patients dans ses centres de soins, soit  17 % de plus qu’en 2007. Selon Médecins du Monde, l’augmentation du nombre de patients s’explique par la complexification des démarches administratives (« demandes de pièces abusives, durcissement des pratiques, renforcement des contrôles »…) qui restreignent l’accès aux soins et découragent les personnes qui y ont droit. Il est « urgent de prendre conscience que les mesures sécuritaires prises à l’encontre des plus vulnérables ont un impact sur leur état de santé », souligne MdM, qui évoque  une « politique de criminalisation de la pauvreté ».  

Dans son rapport annuel publié à l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère, l’observatoire de l’accès aux soins de la mission France constate un doublement des retards aux soins entre 2007 et 2009 de 11 à 22 %, qui entraîne dans de nombreux cas une aggravation de l’état de santé. Autre donnée observée par l’ONG: l’augmentation de 30 % du nombre d’enfants et d’adolescents, qui sont de plus en plus nombreux à être issus des familles de demandeurs d’asiles.
Alors que 84 % des personnes reçues n’ont aucune couverture maladie, Médecins du Monde plaide pour l’inclusion de l’Aide médicale d’Etat (AME) dans  la CMU, afin de créer un seul système de couverture maladie pour toutes les personnes résidant en France et vivant sous le seuil de pauvreté.
Le Dr Olivier Bernard, président de l’ONG, s’est inquiété ce matin lors de la présentation de ce rapport, de divers projets portés par le gouvernement : « Le projet de loi sur l’immigration actuellement en cours de discussion à l’Assemblée nationale et le projet de loi de finances viendront aggraver cette situation s’ils sont votés en l’état (limitations de droits au séjour pour des raisons médicales, restrictions de l’AME). Sans AME, les patients ne pourront faire soigner des pathologies simples qui peuvent dégénérer en complications graves et coûteuses. Une contradiction totale en termes de politique de santé publique », estime-t-il. Une rencontre était prévue cet après-midi avec Roselyne Bachelot.