Plutôt rude, l’entrée en fonction de la mission Legmann, du nom du président du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) chargé par le président de la  République de diriger en trois mois une mission de réflexion sur la refondation de la médecine libérale.


Entrée fracassante en effet, liée aux déclarations également fracassantes de Christian Saout, le président du Ciss (Collectif interassociatif sur la santé) sur France Info, à la mi-février, laissant lourdement entendre que les médecins libéraux avaient utilisé l’argent des aides à l’informatisation « pour acheter un sac à mains à leurs femmes et des Playmobils à leurs enfants ».  L’affaire n’aurait été qu’une « saouterie » de plus si le président de la Conférence nationale de santé  n’était aussi le représentant des patients dans la mission Legmann, installée par l’Elysée. Vue sous cet angle, l’affaire changeait de dimension et le tollé a été unanime contre le dernier tir de ce sniper professionnel, désormais promu expert en médecine libérale. Pour sa part, la Csmf a immédiatement annoncé son intention de porter plainte contre Christian Saout et de boycotter la mission Legmann. Ceci dans l’attente, explique le syndicat, d’une décision adéquate du président de l’Ordre.
Ce dernier est sorti de son mutisme après plusieurs jours de silence radio, en affirmant par voie de communiqué de presse, sa désapprobation la plus totale des propos du président du Ciss mais en reconnaissant toutefois que ce dernier avait fait amende honorable. Le fait est que Christian Saout s’était lancé dans une sorte de mea culpa très alambiqué, en mettant ce« dérapage » sur le compte d’un humour mal approprié. Dont acte ? Hélas non. L’affaire semble au contraire s’enliser depuis une interview du président du Cnom au Quotidien du Médecin, où ce dernier expliquait que la balle était désormais dans le camp des associations de patients, à qui il appartenait de désigner un autre représentant que Christian Saout, pour siéger à la même place. Pas du tout, a répondu en substance le Ciss, qui s’est chargé de rappeler que ladite mission avait été installée par le président de la République, seul maître de sa composition. Michel Legmann n’étant que « le président désigné ». Fermez le ban.


Voilà qui fait vraiment désordre et permet de bien mal augurer de la suite…. Evoquant les derniers rebondissements de l’affaire, la Csmf jeunes médecins prend note du fait que Christian Saout « refuse de laisser sa place à un autre représentant des patients, bravant ainsi l’autorité de Monsieur Legmann ». Mais alors qu’il était permis d’attendre des « propositions fortes et innovantes » de nature à ramener les jeunes générations vers l’exercice libéral, la Csmf jeunes médecins s’interroge : « Comment croire en cette mission en regard de ces événements ? Casting raté, président non respecté, médecins libéraux insultés, refus de participation des principaux syndicats médicaux… la médecine libérale mérite beaucoup mieux que cela », regrette le jeune syndicat.