Le dossier médical personnel a perdu un temps préjudiciable à cause d´une vision idéologique, centralisatrice et technocratique des choses. On ne peut que faire cet amer constat à la suite du séminaire organisé vendredi dernier par l´association des étudiants en économie de la santé de Paris Dauphine (association Dessein) en partenariat avec Panorama du médecin sur le thème des nouvelles technologies de l´information et de la communication en santé. Les récentes déclarations de Roselyne Bachelot sur le sujet laissent espérer un changement salutaire de cap, la ministre de la Santé s´appuyant sur le rapport de Michel Gagneux, inspecteur général des Affaires sociales. Invité à ce séminaire, ce dernier, ainsi que la majeure partie des intervenants, a montré qu´un nouveau souffle était possible. A condition de revoir les concepts et la philosophie du projet. « Il faut, dit-il en substance, focaliser l´effort sur un dossier professionnel partagé, utile à l´amélioration de la qualité des soins », qui reste certes le dossier du patient, mais doit s´articuler avec le « dossier métier » du professionnel. « Ne faisons pas de la définition exhaustive de son contenu un préalable et laissons l´usage qui en sera fait guider son architecture » a-t-il encore ajouté. Ce qui va définir ce « dossier professionnel partagé », ce seront les informations que le médecin et les autres professionnels de santé « auront estimées nécessaires à une meilleure continuité des soins ». Michel Gagneux se méfie même de l´expression « dossier socle »- qui porte la marque du conseil national de l´Ordre des médecins – car elle peut laisser penser que son contenu est « prédéfini », alors que, articulé avec le dossier des professionnels, il sera constamment enrichi par ces derniers. Rien n´empêche qu´il soit assorti de services périphériques, ou que le patient soit associé à sa prise en charge. Le nouveau dossier cumulera un espace de partage d´information entre professionnels de santé, un dossier auquel le patient aura accès, et une circulation d´informations autorisées par le patient.