Le Comité consultatif national d´éthique (Ccne), saisi en urgence par un sénateur le 3 octobre, après l´adoption dans la nuit d´un amendement autorisant le recours à des tests ADN pour les candidats au regroupement familial, refuse de « s´enfermer dans le jugement de tel ou tel article ou amendement d´une version d´un projet législatif » et se réserve la possibilité d´une « réflexion de fond ». Pour autant, il « craint que l´esprit de ce texte ne mette en cause la représentation par la société d´un certain nombre de principes fondamentaux ». Ainsi, souligne-t-il dans son avis n°100, « la filiation passe par un récit, une parole, pas par la science », comme en témoignent de nombreuses familles françaises recomposées ou ayant adopté. Le comité d´éthique, présidé par le Pr Didier Sicard, se dit également « préoccupé par la charge anormale de preuves qui pèsent sur le demandeur » et pointe le risque d´une généralisation « de telles identifications génétiques, qui pourraient se révéler à terme attentatoires aux libertés individuelles ». L´institution va plus loin : « Nos concitoyens comprendraient peut-être mieux l´exacte réalité de tels enjeux s´ils étaient confrontés à des exigences analogues lors de leur propre demande de visa ». La loi de bioéthique de 2004 interdit le recours aux tests ADN de filiation en dehors des domaines médical et judiciaire,