Quelques jours avant l’ouverture du congrès de la Société européenne de cardiologie (Copenhague, 3-7 septembre 2005), les résultats d’un sondage européen (Study of Heart failure Awareness and Perception in Europe, SHAPE) publiés dans le European Heart Journal révélaient que cette pathologie pourtant courante restait largement ignorée du public.
Ainsi, plus de la moitié des sondés pense que l’insuffisance cardiaque a une incidence plus faible que les cancers tandis que deux tiers croient que la survie avec une insuffisance cardiaque est plus grande qu’avec une infection à VIH ou un cancer, ce qui est faux, 40% seulement des patients hospitalisés une première fois pour insuffisance cardiaque étant encore en vie un an plus tard. Enfin, un tiers des sondés estimait que l’insuffisance cardiaque faisait partie du vieillissement normal !%%
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Le congrès européen de cardiologie a été l’occasion de mettre en avant cette pathologie fréquente, qui représente de 2 à 2,5% des coûts de santé en Europe, l’essentiel de cette charge étant représentée par les coûts liés aux hospitalisations. Ce sont notamment les nouvelles directives européennes de prise en charge de l’insuffisance cardiaque aiguë qui ont fait l’actualité
(www.escardio.org).
Le tableau d’insuffisance cardiaque aiguë, qui peut survenir de novo ou au décours d’une insuffisance cardiaque chronique, nécessite une prise en charge hospitalière immédiate, en unité de soins intensifs de cardiologie où un bilan complet sera réalisé (dont une échocardiographie en urgence) et les premières mesures thérapeutiques instaurées, comprenant notamment :%%
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· Une oxygénation au masque ou par PPC (pression positive continue) avec un objectif de saturation en oxygène compris entre 94 et 96%,
· Une vasodilatation par dérivés nitrés,
· Un traitement diurétique, le furosémide restant la référence,
· La morphine pour améliorer l’hémodynamique tout en apportant un soulagement physique et psychique,
· Un remplissage veineux si les conditions sont tributaires de la pré-charge,
· En cas de syndrome coronarien aigu, une angiographie coronarienne doit être proposée, envisageant un geste chirurgical dans le même temps (angioplastie ou pontage),
· Un traitement médical spécifique sera proposé si les mesures précédentes ne suffisent pas, notamment un agent inotrope en cas de décompensation cardiaque ou de choc cardiogénique, de l’aminophylline ou un bronchodilatateur en cas de difficultés respiratoires, au besoin une hémodialyse.%%
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Ce traitement de la phase aiguë repose sur les objectifs suivants : corriger l’hypoxie, augmenter le volume d’éjection, améliorer la perfusion rénale et accroître l’excrétion de sodium ainsi que la quantité d’urines.
Passé cette phase aiguë, le traitement repose notamment sur les bêta-bloquants et les IEC. Enfin, une activité physique modérée (marche à pied), sera proposée à chaque fois que l’état général le permettra.