TRIBUNE LIBRE
Paru dans la rubrique “A vous la parole”
«LE GENERALISTE» n°2289 du 07 Mai 2004

Plus le temps passe, et plus j’ai de mal à supporter les propos tenus par les urgentistes hospitaliers sur l’organisation de la permanence de soins ambulatoire.

Si les diktats qu’ils verraient bien imposés aux médecins généralistes avaient un effet boomerang sur leur propre activité, cela voudrait dire qu’en tant que représentant du principal syndicat d’omnipraticiens, je réclame pour les médecins urgentistes hospitaliers, afin qu’ils puissent répondre aux demandes, la fin des RTT et du repos compensateur, une régulation téléphonique préalable à la venue des patients aux urgences, et un financement de leur structure d’accueil sur leurs revenus. Ainsi, je me mettrais au même niveau de revendications pour autrui que semblent adorer les trublions médiatiques.

Ne voulant céder à cette douce tentation polémique, il me paraît plus urgent de leur faire comprendre qu’il est temps qu’ils se taisent sur l’organisation du système libéral. Ils ne font qu’attiser le légitime mécontentement des médecins généralistes et, en parlant de ce qu’ils ne connaissent pas, obèrent par avance les futures solutions apportées au système.

Si le rôle qu’ils veulent jouer est celui de l’empêcheur de tourner en rond, il faut qu’ils aient conscience de leur responsabilité sur l’inorganisation future du système. Ils veulent du toujours plus pour l’hôpital, c’est leur droit. Le faire en essayant de se servir des confrères libéraux comme régulateurs du secteur hospitalier est la meilleure manière de faire échouer tout ce qui est en train de se mettre en place.

Nous ne sommes pas là pour accueillir ce que des super-médecins autoproclamés jugent indigne de leur fonction. Les omnipraticiens ont des journées de travail harassantes avec un accroissement de la demande de soins. Faut-il finir de les achever en les faisant travailler 24 heures sur 24 heures, 365 jours par an ? Résolument et définitivement non !

Ils organiseront leur système de permanence de soins sur la base du volontariat, en fonction des données démographiques locales. Ils se feront aider autant que de besoin par les collectivités locales, si elles désirent poursuivre ce service à la population. Ils exigeront une régulation préalable des appels par des médecins libéraux, seuls aptes à gérer la problématique ambulatoire. Ils ne travailleront pas dans les plages horaires où leur présence est inutile ou inadaptée.

En attendant la mise en place de ce système rationnel, ils n’ont aucune leçon à donner à personne, mais surtout aucune à recevoir.

Dr Michel COMBIER, Président de l’UNOF-CSMF