Un “plan santé” de lutte contre les déserts médicaux a été adopté, jeudi 20 juin, par la Collectivité européenne d’Alsace (CEA). Une décision inédite pour cette région longtemps épargnée par la pénurie de professionnels de santé.

 

Lorsque les soignants ne sont plus assez nombreux, pourquoi ne pas se tourner vers des soignants virtuels ? C’est le pari que s’est lancé Finn Stevenson, kinésithérapeute britannique. Le Royaume-Uni est aujourd’hui confronté à une augmentation du nombre de patients souffrant des troubles musculosquelettiques : ils seraient 20 millions de personnes, “soit près d’un tiers de la population”, peut-on lire sur le site du National Health Service (NHS). Cela représente “30 % des consultations chez le généraliste en Angleterre”.

 

 

Un rendez-vous dans la journée

Finn Stevenson a alors fondé Flok Health, avec l’ambition de permettre aux patients d’avoir un rendez-vous dans la journée, et de lutter contre le manque de soignants.

Une fois le rendez-vous pris, les kinés virtuels évaluent les symptômes du patient grâce à un appel vidéo et prescrivent ensuite des exercices. Le patient est suivi chaque semaine, pour que les avatars puissent surveiller les symptômes et ajuster les traitements. “Chaque patient bénéficie d’une expérience et d’un parcours de soin constamment individualisé en fonction de ses commentaires, de ses symptômes et de ses progrès, explique le fondateur au Guardian. C’est comme avoir un appel vidéo avec un kinésithérapeute, mais de notre côté de l’appareil ce sont des serveurs.”

 

Des résultats prometteurs

Pour juger l’efficacité de ces kinés 2.0, plusieurs études ont été menées. 1 000 personnels du NHS souffrant de maux de dos ont été pris en charge. Plus de la moitié (57 %) ont indiqué que l’expérience avec l’IA était meilleure qu’avec un physiothérapeute humain. Des tests ont également été réalisés par les organismes impliqués* dans le projet pilote. 92 % ont reçu une séance le jour-même de la prise de leur rendez-vous et 5 % ont été orientés vers un autre service. Plus de quatre participants sur cinq ont également affirmé que leurs symptômes s’étaient améliorés pendant le traitement via la plateforme.

 

 

La Care Quality Commission (CQC), un organisme rattaché au ministère de la Santé britannique qui réglemente les prestataires de soin de santé, a officiellement approuvé la plateforme. D’autres organismes, comme la Chartered Society of Physiotherapy (CSP), le syndicat de la profession, se montrent en revanche plus sceptiques face à cette nouvelle application. Pour Euan McComiskie, membre de ce syndicat, “l’IA ne peut pas encore reproduire le jugement clinique et les compétences d’un kinésithérapeute. Il est encore tôt pour savoir si l’IA peut éventuellement faciliter la prise de décision clinique et des recherches supplémentaires sont nécessaires.”

La première clinique virtuelle spécialisée en kinésithérapie, gérée par le NHS, doit ouvrir ses portes cette année et peut-être même dès cet été. Aucune date précise n’a cependant été dévoilée.

 

* Les organismes impliqués sont le NHS Lothian, NHS Borders, des hôpitaux de l’université de Cambridge, et Royal papworth hospital NHS fondation trush.

 

[Avec The Guardian]

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Mathilde Gendron

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