Dans Paris Match, la cheffe du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) jette un pavé dans la mare, qualifiant son ancien confrère de “prédateur sexuel”. En 2008, le comportement problématique de l’urgentiste lui aurait d’ailleurs valu d’être “exfiltré” de son service à la demande de la ministre de l’époque, Roselyne Bachelot. Des accusations qu’il réfute, invoquant l’humour carabin.

 

“Il y a quelques mois, j’ai recroisé un urgentiste dont on sait qu’il est un prédateur sexuel. Il m’a lâché : ‘De toute façon, avec #MeToo, on ne peut plus rien faire’. Cela veut tout dire”, lançait la Pre Karine Lacombe, alors en pleine promotion de son ouvrage Les Femmes sauveront l’hôpital (Ed. Stock), en octobre dernier dans les colonnes de Ouest-France. Six mois plus tard, l’infectiologue lève le voile dans Paris Match : le “prédateur” en question ne serait autre que le médiatique Patrick Pelloux, urgentiste au Samu de Paris, qu’elle a cotoyé durant l’été caniculaire de 2003, aux urgences de Saint-Antoine. Un service “où plusieurs d’entre nous, jeunes cheffes de clinique, internes, même aguerries, nous nous rendions avec réticence, seule notre préoccupation de faire face à cette crise sanitaire nous permettant de supporter le regard concupiscent et les mains baladeuses d’un des médecins seniors à la réputation de Don Juan bien établie”, raconte Karine Lacombe dans ce livre, confiant à Paris Match que si elle n’a pas voulu citer Patrick Pelloux initialement, c’était pour montrer que le “système” était “très viril, très sexué” et la question du harcèlement sexuel, universelle.

 

 

Karine Lacombe décrit dans ce livre le “comportement empreint de domination sexuelle” de son confrère urgentiste. Un jour, illustre-t-elle, Patrick Pelloux aurait frotté son bas-ventre contre une interne, de dos, la saisissant par le cou, en lui lançant : “Te mets pas comme ça, c’est trop tentant, putain ce qu’il fait chaud.” Elle-même aurait subi les tentatives de séduction de son ainé, avant d’être victime d’un “ostracisme patent” et de “plusieurs épisodes d’humiliation” après l’avoir éconduit. “Les ingrédients du harcèlement sexuel et moral se trouvaient réunis ici”, lance-t-elle.

Paris Match révèle également que le départ de Patrick Pelloux de Saint-Antoine, à l’été 2008, aurait été motivé par des “accusations répétées de violences verbales et sexuelles” à son encontre. La ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot, aurait demandé au Pr Pierre Carli, patron du Samu de Paris, “d’y exfiltrer Pelloux”, confie son entourage au magazine. “Et il a été mis dans une soupente, à l’isolement, pour que ces comportements avec les femmes cessent”, poursuit cette source.

Contacté par nos confrères journalistes, l’urgentiste se dit “sur le cul”. “N’importe quoi, je n’ai jamais agressé personne, jamais”, dément-il, soulevant l’idée d’intenter un procès pour diffamation à son accusatrice. “On était trop grivois comme on l’était alors, voilà, se défend-t-il. Ce que nous disions et nous faisions est infaisable aujourd’hui, c’est sûr. Mais on rigolait bien !”

Sollicité pour une réaction par Egora, Patrick Pelloux n’a pas donné suite à l’heure où nous écrivons ces lignes.

 

#MeToo hôpital : Valletoux annonce une réunion au ministère

“Le sexisme et les violences sexuelles n’ont pas leur place à l’hôpital… Aucun écart ne doit être toléré”, a déclaré sur le réseau social X le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux, en réaction aux témoignages affluant ces derniers jours. Le ministre a annoncé la tenue d’une réunion des associations, employeurs et représentants des professionnels de santé sur le sujet, probablement à la fin du mois, afin “d’amplifier les actions déjà menées et travailler sur une réponse globale et ferme”.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Aveline Marques

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